Delerm © Albin Michel 2011 |
En passant la soixantaine, Philippe Delerm a ressenti le besoin de jeter un œil dans le rétro. Un retour vers l’enfance pour traquer le pourquoi de son écriture en délaissant le plus possible le comment. Une plongée introspective dans les souvenirs d’un petit garçon paresseux, fils d’instituteurs, élève médiocre, nul en maths et en sciences. Sa rencontre avec les livres sera capitale : Colette, Crin-Blanc, la collection « Rouge et Or »… Suivront, bien plus tard, son basculement dans l’enseignement après des études littéraires, la rencontre de sa femme Martine, le difficile chemin vers la publication de son premier texte, les ventes médiocres jusqu’à l’explosion de « La première gorgée de bière ».
Delerm se livre en toute franchise, sans retenue ni fausse modestie. Proust, la peinture, le cinéma ou encore la chanson française sont autant de passions qui ont balisé son parcours. Son refus de divorcer d’avec ses jeunes années est à la base de son succès : « C’est en passant par le désir de retrouver mon regard de dix ans que j’ai eu tout à coup accès à ce qui serait mon genre : le texte court, rédigé avec le pronom « on » et évoquant des éclats isolés, qui pouvaient être de petites madeleines, ou des épiphanies, la volonté de réenchanter le quotidien. »
Delerm agace souvent. Ses détracteurs sont nombreux. Personnellement, j’aime beaucoup sa petite musique. Son écriture, d’un « minimalisme solaire », a quelque chose d’impressionniste. Sa recherche un peu naïve des petits bonheurs me touche et me parle.
Un joli recueil, certes très personnel, mais dont nombre de réflexions sur la richesse de l’enfance gardent une portée universelle.
Écrire est une enfance, de Philippe Delerm, Albin Michel, 2011. 190 pages. 15 euros.