Le schtroumpf costaud est le seul du village à pratiquer des activités sportives. Le fait de n’avoir aucun adversaire lui enlève toute motivation. Comme il l’avoue lui-même : « à schtroumpfer sans péril, on schtroumpfe sans gloire ». Le grand schtroumpf lui propose d’organiser des jeux pour créer une émulation au sein de la communauté. Cette perspective n’enchante pas grand monde. Il faut la promesse d’un baiser de la schtroumpfette au vainqueur pour que les candidatures se multiplient. Et c’est après un entraînement pas toujours très sérieux que les jeux sont enfin ouverts. Le schtroumpf chétif, de loin le moins sportif des participants, multiplie les succès. Faut-il y voir un lien avec l’étrange mixture confectionnée par le grand schtroumpf qu’il porte sur le nez ? (qui a dit dopage ?)
Pour beaucoup de fans des schtroumpfs, ce 11ème épisode marque un tournant. Avec cet album, la qualité baisse de plusieurs crans. Comme si la série basculait de façon définitive dans la médiocrité, son créateur étant plus attiré par les produits dérivés et les revenus publicitaires que par la création artistique. Je ne partage pas totalement cette analyse. Pour moi, c’est avec Le bébé schtroumpf (l’album suivant) que le niveau a franchement baissé. C’est un fait, Les schtroumpfs olympiques ne brille pas par la folle originalité de son scénario. Tout y est très gentillet et cousu de fil blanc. Et contrairement aux chefs-d’œuvre de la série (Le schtroupfissime, Schtroumpf vert et vert schtroumpf), le propos n’a aucune épaisseur et ne contient pas plusieurs niveaux de lecture. Mais tout de même, l’humour est toujours présent (les runing gags autour de l’arbitre schtroumpf à lunettes sont franchement drôles) et la narration d’une grande fluidité. Niveau dessin, Peyo fait du Peyo et c’est du haut niveau : mimiques des schtroumpfs, dynamisme des scènes où se déroulent les épreuves sportives, précision des décors… l’ensemble reste très fignolé.
Je garde un excellent souvenir de cet album. J’avais 8 ou 9 ans quand je l’ai lu la première fois et aujourd’hui encore je me rappelle par cœur de certains passages. Cela montre à quel point les schtroumpfs ont « imprégné » ma mémoire de jeune lecteur. Je veux bien que les adultes considèrent avec un certain mépris Les schtroumpfs olympiques, mais il ne faut pas oublier que cet album à remporté le prix Essentiel Jeunesse à Angoulême en 1984, un prix décerné par les enfants eux-mêmes. Une BD jeunesse récompensée par le public auquel elle s’adresse, n’est-ce pas là un solide gage de qualité ?
Les Schtroumpfs T11 : Les schtroumpfs olympiques, de Peyo, Dupuis, 1979. 48 pages. 10.45 euros.
Le Roaarrr challenge de Mo' (Fauve) Alfred Enfant 1984 |