Rien ne va plus chez les nordistes. Harassés par les charges incessantes de leurs cavaliers, les chevaux sont au bord de l’épuisement et le renouvellement des troupes est plus que nécessaire. Problèmes, les montures sont devenues une denrée rare. Seuls les indiens du sud du Texas en possèdent encore en nombre suffisant. Blutch et Chesterfield sont donc chargés d’aller en territoire comanche pour récupérer un important troupeau. Mais pour cela, ils doivent traverser une région aux mains des confédérés. Déguisés en colons, ils se lancent une fois de plus dans une périlleuse mission.
Pour leur 55ème album, rien ne change chez les tuniques bleues. Le duo composé de Blutch, le tire au flanc antimilitariste, et du teigneux sergent Chesterfield n’arrête jamais de s’astiquoter. Les sudistes sont toujours d’affreux crétins violents et bornés tandis qu’à Fort Bow, la fragile Miss Appletown apporte une dose de charme dans ce monde de brutes. A nouveau, un personnage ayant réellement existé est inséré dans l’histoire. Après le docteur Mary Edward Walker dans l’épisode précédent, c’est le terrible colonel sudiste James Bourland, surnommé le « bourreau du Texas » qui est cette fois-ci sous le feu des projecteurs. Cette propension à mélanger des faits historiques avérés avec de la pure fiction est aussi une des caractéristiques redondantes de la série (comme dans Lucky Luke d’ailleurs).
Difficile de renouveler une formule qui marche, surtout quand le sujet, déjà décliné une cinquantaine de fois, commence à s’épuiser sérieusement. Au scénario, Cauvin en fait trop. Fort Bow, les confédérés, les indiens, la découverte d’un frère jumeau pour Blutch… les événements s’enchaînent trop vite et l’ensemble souffre d’un manque d’épaisseur. Prisonniers du carcan des 44 planches typiques de la BD franco-belge à papa, les auteurs doivent parer au plus pressé pour pouvoir caser les nombreuses péripéties en si peu de pages. Résultat, tout cela se lit trop vite et laisse en bouche un arrière goût d’inachevé. Heureusement, aux pinceaux, Lambil fait toujours merveille. Son trait semi réaliste se reconnaît au premier coup d’œil. Le découpage est fluide et même quand le nombre de personnages est important les différentes scènes restent très lisibles.
Depuis sans doute trop longtemps, les tuniques bleues ronronnent. Le cercle de fans fidèles restent très important et permet à la série de demeurer au firmament du catalogue Dupuis, mais difficile d’imaginer que de nouveaux lecteurs pourront être séduits par ce 55ème albums si peu original.
Les Tuniques bleues T55 : indien, mon frère de Lambil et Cauvin, Éditions Dupuis, 2011. 48 pages. 10.45 euros.