Mamy est patraque. Un petit coup de déprime. Mais quand elle s’écroule dans la cuisine victime d’un malaise, son fils l’envoie à la clinique pour faire un check up complet. Dans la salle d’attente, pendant que Mamy subit des examens, Jojo tombe sur un concours dans un magazine. Le premier prix est une croisière en méditerranée. Ni une ni deux, il remplit le bulletin de participation et l’expédie par la poste. Le verdict tombe quelques jours plus tard, Mamy, Jojo et Gros Louis sont les grands vainqueurs du concours ! Les voila donc partis pour un voyage de quatre jours avec des escales en corse et en Italie. Mamy n’est toujours pas dans son assiette, Gros Louis doit faire face à un terrible mal de mer et Jojo est frappé de plein fouet par une étrange maladie qui lui fait papillonner l’estomac à chaque fois qu’il croise une ravissante petite peste prénommée Mado. Cette croisière pour le moins mouvementée se terminera évidemment bien pour tout le monde malgré une terrible tempête finale.
J’ai encore du mal à croire que cette 18ème aventure de Jojo est la toute dernière. Depuis son apparition dans le magazine Spirou en 1983 (j’avais 8 ans), le petit bonhomme à la casquette ne m’a jamais quitté. Tous les albums trônent avec fierté dans ma bibliothèque. Et lorsque j’ai appris le décès de son papa, André Geerts, le 27 juillet dernier, ça m’a vraiment fait un choc. Une partie de mon enfance de lecteur qui s’est écroulée, tout simplement. Jojo, c’est la tendresse et la poésie. Des personnages attachants au possible : Mamy bien sûr, Gros Louis, le meilleur copain, sans oublier papa. La série dégage une atmosphère particulière : on a l’impression de sentir les odeurs d’encre et de craie lorsqu’André Geerts dessine une salle de classe. Ses décors ruraux sont aussi exceptionnels. La campagne où vit Jojo m’a fait rêver et m’a donné envie d’y être, moi l’indécrottable citadin. Parmi tous les albums, Un été du Tonnerre est mon préféré. Jojo y passe des grandes vacances à la ferme, et il se dégage de cette escapade estivale un charme incomparable.
Le trait d’André Geerts rappelle parfois celui de Sempé (Le petit Nicolas). Les détails fourmillent, les couleurs sont douces, le découpage simple et efficace. On n’est pas ici dans la démonstration technique. Le but n’est pas d’en mettre plein les yeux au lecteur. Chaque histoire a juste sa propre petite musique, inimitable.
Moins vulgaire que Titeuf, moins gnangnan que Boule et Bill, plus fin que Cédric, Jojo occupe une place à part dans le panorama de la BD jeunesse. En ce qui me concerne, ce gamin malicieux restera à jamais dans mon panthéon personnel. Merci pour tous ces bons moments de lecture, Monsieur Geerts.
Jojo T18 : Mamy Blues, d’André Geerts et Sergio Salma, Éditions Dupuis, 2010. 56 pages. 9,95 euros.
L’info en plus : Sergio Salma et André Geerts ont créé une autre série pour les jeunes lecteurs au début des années 90. Mademoiselle Louise raconte le quotidien d’une petite fille dont le papa multimilliardaire lui offre toujours plus de cadeaux. Mais, c’est bien connu, l’argent ne fait pas le bonheur et la petite rêve seulement d’une existence normale où son papa serait là tous les jours et où elle pourrait jouer avec les autres enfants de son âge. Une très jolie série qui compte en tout quatre volumes, toujours chez Dupuis.
Lu dans le cadre du Challenge Pal sèche |
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