Swarthout © Gallmeister 2012 |
Du grand western, comme on en fait plus. Glendon Swarthout met en scène le crépuscule d’une légende. Il décrit avec précision la déchéance physique entraînée par la maladie mais aussi la fin d’un monde, la disparition du Far West au profit de l’Amérique moderne. Ainsi, le shérif s’adressant à Books : « ça doit faire longtemps que vous n’avez pas regardé un calendrier. On est en 1901. Les jours anciens sont morts et enterrés et vous ne le savez même pas. Vous pensez que cette ville est juste un endroit comme les autres où faire régner une terreur de tous les enfers. Un enfer, c’en est un. Bien sûr qu’on a encore des saloons, des filles et des tables de jeu, mais on a aussi l’eau courante, le gaz, l’électricité et une salle d’opéra, on aura un tramway électrique d’ici l’année prochaine et on parle même de paver les rues. […] Où est votre place dans cette marche du progrès ? Nulle part. Votre place est au musée. Pour être plus précis, Books, vous appartenez à une autre époque, complètement révolue. »
Il n’y a pas grand monde à sauver dans cette galerie de personnages attirés uniquement par l’appât du gain et le profit personnel qu’ils tireront de la mort du tueur. Opportunistes, égoïstes, sournois et couards, ils visitent le malade sous des faux airs de compassion mais Books n’est pas dupe. Lui même sait qu’il n’a rien d’un bon samaritain et qu’il dégage une antipathie cultivée depuis nombre d’année et dont il ne pourra jamais se départir. Seule sa logeuse apparaît comme la bonté même. Un mot sur le dernier chapitre, duel final époustouflant et crépusculaire où les descriptions quasi chirurgicales glacent le sang du lecteur et l’emportent dans un tourbillon de bruit et de fureur. Du grand art !
Le tireur a été porté à l’écran par Don Siegel en 1976, avec John Wayne dans son dernier grand rôle. Qui pouvait mieux que lui incarner J.B Books ?
Le tireur, de Glendon Swarthout. Éditions Gallmeister, 2012. 200 pages. 9,50 euros.
L’ouvrage ne sortira que le 2 novembre. Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour la découverte !
Décidément, je dois découvrir cette maison d'éditions !
RépondreSupprimerEn effet, tu peux te lancer, surtout que leur catalogue est varié et de grande qualité.
SupprimerJ'aimerais mieux voir le film. J'ai du mal avec la lecture des westerns! Pourtant ce que tu dis de celui-ci me séduit plutôt bien!
RépondreSupprimerLe film me tente beaucoup aussi mais il n'est peut-être pas évident à trouver.
SupprimerJe ne l'avais pas vu celui-là... merci, je note avec un grand N.
RépondreSupprimerJ'espère que je pourrais vite lire ton avis.
SupprimerOuaip, cow boy, je l'avais aperçu dans les sorties Gallmeister... Bientôt , un p'tit tour au saloon (euh, en librairie) et il sera mien!
RépondreSupprimerAttention à toi si tu passes au saloon, c'est là que se déroule la scène finale ;)
SupprimerYep, du western couillu qui devrait me plaire ! Je suis dans une phase gallmeister en plus ^^ J'ai fini Little bird, il y a peu, Je lis Une vie inachevée en ce moment et j'ai Le tireur et B comme bière qui m'attendent sur la table :D Non, je ne suis pas monomaniaque lol !
RépondreSupprimerDe mon coté, je n'ai plus qu'un Gallmeister dans ma PAL, Incident à Twenty miles de Trevanian. Je pense m'y mettre bientôt.
SupprimerUne réédition, alors.
RépondreSupprimerOui, il est paru une première à la fin des années 70 mais la traduction a été entièrement refaite.
SupprimerJ'espace les westerns de Gallmeister, sinon, je vais finir dans le tonneau de bière au fond du saloon et pas belle à voir ... Après "Little bird", et hop, derrière la cravate, "La dernière séance" et hop encore un petit coup de "Lonesome Dove", suis en pleine cavalcade dans le Montana et il y a les indiens qui se pointent ( "Lonesome Dove" II). Donc, au point où j'en suis, je note celui-là...
RépondreSupprimerLa dernière séance me fait très envie, je sens que je vais crauqer d'ici peu. Et pour 2013, Gallmeister prévoit de rééditer l'autre chef d'oeuvre de Swarthout, Le chariot des damnés. Sûr que je vais y repiquer !
SupprimerIl est plus que temps que j'aille faire moi aussi un tour dans ces contrées... (mais je ne suis pas complètement inculte, j'ai lu Le sillage de l'oubli, de Bruce Machart, et bien sûr Sukkwan Island, de David Vann)
RépondreSupprimerExcellent le sillage de l'oublli ! Sinon chez cet éditeur, je peux te conseiller les titres d'Edward Abbey, notamment le cultissime Gang de la clef à molette. Juste indispensable !
SupprimerTa dernière réponse : of course, grand chef (rappel : je suis la malade qui a lu presque tout le catalogue Gallmeister)(et je posède deux t shirt gallmeister, avec la patoune de l'ours dessus...)(même pas honte)(mais j'achète mes totems en librairie)
RépondreSupprimerJe n'en suis pas à ton niveau, j'ai dû lire en tout une douzaine de leurs titres. Toujours pas lu Sukkwan Island par contre. C'est marrant mais il me tente moyennement, sans doute parce qu'on en a trop parlé...
SupprimerOup,finalement, je me le suis passée derrière la cravate, celui-là aussi, pas moyen de résister à un bon western ( qui a pensé à un autre breuvage ?). Je relis ta note, que j'avais survolée en fait, pour ne pas trop en savoir et je ne rejoins évidemment sur "Crépuscule" et "grand art", la dernière scène est cinématographique à souhait, pas sûre que le film fasse mieux.
RépondreSupprimerPas vu le film mais je pense que tu as raison, les mots sont sans aucun doute plus forts que l'image.
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