mardi 19 octobre 2021

Poing levé - Yaël Hassan

En plein confinement, le prof de français de Junior demande à sa classe de rédiger la biographie d’une personnalité qui a tenté de changer le monde. Alors que la mort de Georges Floyd vient de choquer la terre entière et que les manifestations antiracistes se multiplient aux États-Unis, le collégien d’origine antillaise décide de raconter la vie de Tommie Smith, athlète devenu célèbre pour avoir protesté contre les discriminations en levant un poing ganté sur le podium du 200 mètres des Jeux olympiques d'été de 1968 à Mexico.

Au début, j’avoue, je n’ai pas trop compris où Yaël Hassan voulait m’emmener. Un roman sur les discriminations raciales ? Sur les violences policières ? Sur un parallèle entre l’Amérique des années 60 et la France d’aujourd’hui ? Je me suis demandé à quel moment Junior allait être confronté au racisme. Directement je veux dire. J’ai attendu le drame, ce moment de tension, cet événement révoltant où le collégien allait affronter lui-même l’insupportable. Et en fait pas du tout. C’est bien plus subtil, c’est bien plus fin. 

Junior est la colonne vertébrale d’un récit aux multiples entrées. Qui parle de discrimination bien sûr, mais pas que. De communautarisme aussi, du vivre ensemble, des préjugés, des relations entre collégiens, des différences de point de vue parents/enfants et même d’amour. C’est à travers le jeune garçon que sont abordées ces thématiques, directement ou indirectement. Yaël Hassan fait preuve de pédagogie sans lourdeur, elle montre avec beaucoup de finesse que les choses ne sont jamais toutes blanches ou toutes noires (sans mauvais jeu de mot). Le propos est instructif sans être rasoir car au-delà des nombreux sujets évoqués, on reste touché par ces portraits d’ados croqués avec tant de justesse, des ados loin des clichés qui s’interrogent finalement avec beaucoup de subtilité sur le monde qui les entoure.

Un roman parfaitement dans l’air du temps, instructif et plaisant, dont les personnages attachants en diable raviront à coup sûr les jeunes lecteurs qui auront la chance de les rencontrer.

Poing levé de Yaël Hassan. Le Muscadier, 2021. 168 pages. 13,50 euros. A partir de 12 ans


Une nouvelle pépite jeunesse partagée avec Noukette









10 commentaires:

  1. j'aime bien lire ces chroniques de roman que je ne lirai pas car je ne suis plus ado depuis trop longtemps

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    1. Pas besoin d'être ado pour les lire, j'en suis la preuve^^

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  2. Ouh ça fait un moment que je n'ai pas fait un tour par le rayon jeunesse, je me ressens larguée...

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  3. Yaël Hassan là ou on ne l'attend pas !

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    1. C'est une autrice qui ne cessera jamais de me surprendre.

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  4. Si ce livre pouvait amener un changement d'attitude, de mentalité...

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    1. C'est peut-être trop demander mais le message qu'il véhicule a besoin d'être entendu.

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