mercredi 10 juin 2020

Hors-saison - James Sturm

Automne 2016. Hillary Clinton a remporté la primaire démocrate et pour Mark, la défaite de son poulain Bernie Sanders a signé le début d’un effondrement personnel. Tout juste séparé de son épouse Lisa, il doit conjuguer la garde alternée, les travaux domestiques et une précarité professionnelle ne lui permettant pas de se projeter vers un avenir radieux. Bientôt Trump va déjouer tous les sondages et couper l’Amérique en deux comme l’a été son propre couple quelques mois plus tôt. Pour Mark, le marasme politique dans lequel la nation va s’enfoncer ira de pair avec son naufrage intime…

Un récit en clair-obscur aux accents autobiographiques. Sans accabler son ex-compagne Mark constate que les bonnes intentions d’un divorce sans heurt ont vite fait de voler en éclat quand cette dernière monte ses enfants contre lui. Les reproches s’accumulent, les séances en couple chez la psy n’arrangent rien et le fossé se creuse entre deux êtres devenus des étrangers l’un pour l’autre. Rien de bien nouveau sous le soleil avec une telle thématique me direz-vous mais l’album tire son épingle du jeu grâce à son ambiance et son traitement graphique.

Tout en nuances de gris, les dessins au style anthropomorphe rendent compte avec une étonnante justesse de la tristesse de cet automne où Mark voit son monde s’écrouler. De Thanksgiving à Noël, les semaines passent et le blues s’installe, les problèmes s’accumulent et la morosité prend le pas sur tout le reste.  Une histoire pleine de langueur et de mélancolie, certes loin d’être originale et pas follement réjouissante mais au final j’ai été happé par la narration aussi simple que fluide et le portrait touchant d’un homme, d’un mari, d’un père et d’un citoyen perdant un à un les repères qui lui permettaient jusqu'alors d’affronter la dure réalité du quotidien avec un minimum de sérénité.

Hors-saison de James Sturm (traduit de l’anglais par Margot Negroni). Delcourt, 2020. 216 pages. 24,95 euros.




Toutes les BD de la semaine sont à retrouver chez Moka













13 commentaires:

  1. J'aime l'idée du parallèle du naufrage politique/intime.

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  2. Enfin te revoilà ! J'avais hâte de te relire sur des BD.
    Je passe sur celle-ci mais je sais que tu nous réserveras d'autres surprises !

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  3. tristounette cette lecture, bon tu sais, beaucoup ne sont jamais remis de l'élection de T .. mais oui c'est bon de te revoir ici !

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  4. ça a l'air d'être efficace en effet!

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  5. comme on aimerait un peu de gaieté en ce moment, si je comprends bien ce n'est pas dans cette BD !

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  6. Pas certaine d'accrocher mais je me réjouis de ton retour à la BD :-)

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  7. ça a l'air mélancolique mais pourquoi pas!

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  8. Hmm c'est vrai que ce ne sont pas des thématiques de toute gaieté, et pas trop ce que je lirais en ce moment du coup mais je me prépare avec plaisir à tes prochaines découvertes BD !

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  9. Je la note, j'aime beaucoup la couverture et le format.

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  10. Tu me donnes envie de découvrir cet homme et comment l'album se termine pour lui.

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  11. Malgré une thématique très American Life, ça pourrait me plaire.

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  12. Oh que c'est tentant ça... bon, je suis assez loin de la politique américaine, mais l'idée me tente.

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  13. Je pourrais faire une belle découverte en feuilletant ces pages.

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