mardi 18 février 2020

PLS - Joanne Richoux

« Il se passe un truc sale quand on grandit. Un voile de poussière qui ternit et complique les choses. »

Ce roman, il faut y aller d’une traite. Le lire comme on enlève un pansement depuis trop longtemps collé à la peau, en tirant d’un coup sec pour mettre la blessure à vif et lui permettre de cicatriser. Ce roman, il vaut mieux prendre une grande inspiration, un bon bol d’air avant de plonger dans son atmosphère étouffante. On y passe une soirée d’Halloween avec Sacha et sa sœur jumelle Angie. Ils sont chez eux, sans leurs parents, et la fête bat son plein. Une fête pleine d’excès pendant laquelle Sacha va traîner son spleen de pièce en pièce, s’enfonçant un peu plus dans ses ténèbres intérieures à chaque heure passée. Sa dérive l’amènera au bord du naufrage, jusqu’à l’annonce de l’aube et la venue d’une lumière porteuse d’espoir.

Un voyage au bout de la nuit dans l’esprit embrumé de Sacha. Un voyage au cœur de ses angoisses, de son mal-être. Le texte à la première personne sonne incroyablement juste. Sacha et son huis clos intime, son regard sur les autres, ses interrogations, ses rapprochements, ses envies, son désir, ses fêlures. Les corps se frôlent, les pulsions peinent à être contenues. Tout y passe, la haine, l’attirance, la répulsion, la quête de sens. C’est beau et triste comme une chanson d’Elliott Smith, ça dit avec des mots crus et sans retenue la solitude, la douleur de l’absence, la nécessité de s’abîmer pour oublier.

Sans en faire des tonnes, sans un mot de trop, Joanne Richoux signe un texte où se mêlent l’urgence, le désespoir, la culpabilité et l’indispensable besoin d’amour. Absolument bouleversant.

PLS de Joanne Richoux. Actes sud junior, 2020. 96 pages. 13,00 euros. A partir de 15 ans.




Pour la peine, je vous laisse avec Elliott Smith






Une pépite jeunesse évidemment partagée avec Noukette
















18 commentaires:

  1. Et bien, vous êtes tous les deux très très convaincants. Je lis peu de jeunesse mais celui-ci semble loin d'un traitement un peu simpliste du sujet.

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  2. j'aimerais que l'on m'explique si cela fait du bien aux ados de lire des romans aussi noirs ?

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    1. Je ne pense pas que la question soit là, on lit pas que pour se faire du bien il me semble.

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  3. Oh le truc qui tue et qui m'achève : beau et triste comme une chanson d’Elliott Smith. Comment veux-tu que ça ne me parle pas, ça ?

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  4. Hmm pas du tout l'impression que je m'y retrouverais ou que j'y trouverais mon compte mais si c'est à partir de 15 ans, je pense que ça pourrait plaire à une jeune fille de mon entourage.

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  5. A la fois ça fascine et ça fait peur ...

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  6. Tu parles d'un uppercut...! Sacrée découverte que le plume de Joanne Richoux, je crois que je ne m'avance pas trop en disant qu'on le relira forcément ensemble pour nos pépites !

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