vendredi 4 avril 2014

Un yankee à Gamboma - Marius Nguié

Au milieu des années 90, la République du Congo est ravagée par à une guerre civile entre sudistes et nordistes. A Gamboma, une petite ville du nord, les partisans du président Lissouba règnent en maître. Benjamin est l’un deux. Ce trentenaire, qui a commis de nombreuses exactions, se fait appeler "Sous-off" par la population et sème la terreur partout où il passe. Il fascine aussi. Beaucoup. Notamment Nicolas, le narrateur, un gamin de 14 ans bien sous tous rapports. Bon élève, bon camarade et bon fils d'une mère qu'il admire, Nicolas déambule avec Benjamin dans les rues de Gamboa et apprend à ce dernier les codes et les usages d'une ville jadis paisible en proie à la violence et à l'arbitraire.  

Une chronique douce amère, sans doute très autobiographique, dont la légèreté peut paraître surprenante eu égard au sujet. Le quotidien d’une population en proie à la guerre civile n’a à la base rien de réjouissant. Mais le traitement à hauteur d’ado apporte une certaine fraîcheur et la multiplication des personnages secondaires dynamise l’ensemble. Personnellement je retrouve dans ce texte le coté savoureux et un peu nonchalant propre à nombre de romans africains ou à la littérature caribéenne. La filiation avec Alain Mabanckou, Raphaël Confiant ou Dany Laferrière est également perceptible dans l’inventivité linguistique dont font preuve les Gabomais.

Malgré quelques passages dérangeants et des scènes difficiles, surtout celles concernant le traitement réservé aux femmes, je ne peux m’empêcher de trouver ce premier roman plein de vitalité. Maintenant je comprends aussi qu’il puisse être déroutant pour plus d’un lecteur. Question d’habitude sans doute. Mais si vous voulez découvrir un jeune auteur congolais prometteur et une littérature quelque peu singulière, c'est le livre idéal.

Un ouvrage ramené du salon du livre avec Noukette. C'est donc en toute logique que je partage avec elle cette nouvelle lecture commune. 


Un yankee à Gamboma de Marius Nguié. Alma, 2014. 84 pages. 12 euros.



36 commentaires:

  1. Votre article tombe à pic, je suis en train de chercher des livres africains à découvrir et je vais sans doute me laisser tenter par celui-ci, surtout si c'est à priori déroutant (mieux vaut des romans qui bousculent que des livres qui confortent!). Merci pour la découverte!

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    1. Je ne dirais pas forcément que ce roman bouscule le lecteur. Mais il peut le dérouter, c'est indéniable.

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  2. Au moins c'est une destination moins connue!

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    1. Surtout quand on sait que le Congo-Brazzaville où se déroule l'intrigue n'est pas la république du Congo.

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  3. pourquoi pas... Question HS et technique : pourquoi je ne reçois pas de mail stipulant que tu réponds à un de mes commentaires?

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    1. Pour répondre à ta question : cette fonction n'existe pas dans blogger. C'est un vrai manque, tu ne peux pas être notifiée de mes réponses.

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    2. ah ben zut alors! Et moi qui croyais d'abord que tu n'étais qu'un malpoli qui ne répondait jamais ... :-)

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    3. Rhoooo ben non, je suis tout sauf malpoli moi madame ;)

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  4. Une découverte que j'ai envie de faire !

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  5. J'étais moins à l'aise oui dans ce type de lecture... Je ne suis pas mécontente que tu m'aies embarquée dans ce genre de découverte pourtant, si tu as d'autres idées, je suis partante ! ;-)

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    1. Pour d'autres idées de lectures un peu décalées et sortant des sentiers battus, j'ai tout un stock ;)

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  6. Le traitement a l'air intéressant mais le thème me fait peur... pas pour moi :-)

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    1. Il y a des scènes difficiles mais ça reste relativement soft. L'intérêt du texte, c'est la description du quotidien.

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  7. Ca change des romans vus partout, mais je ne suis pas très tentée...

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    1. Personne n'en a encore parlé parce qu'il vient tout juste de sortir ;)

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  8. Merci pour l'info, il se trouve que cette année, j'ai travaillé sur cette période, je ne connaissais que des pièces de théâtre de Julien Mabiala Bissila (jouées, mais non publiées encore) qui en traitaient. Je suis donc fort tentée ! l'Europe a tendance à "oublier" le continent qu'elle a colonisé .... C'est un euphémisme .... Même en littérature.

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    1. Il y a d'ailleurs un petit rappel géopolitique en fin d'ouvrage qui permet de parfaitement restituer le texte dans le contexte de l'époque.

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  9. Intéressant de découvrir un livre dont on ne parle nulle part ailleurs...

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    1. Celui-là, il est vrai que personne n'en a parlé pour l'instant.

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  10. Une voix à part de la littérature, au travers de ce que tu dis.

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    1. Une voix qui débute mais qui est d'emblée singulière.

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  11. Littérature quelque peu singulière, ça me parle, en plus ce serait l'occasion de replonger un peu dans la littérature africaine. Noté.

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  12. je croyais avoir laissé un commentaire , je disais avoir lu d'excellent auteurs africains et avec tellement d'humour, mais l'ex congo est vraiment un pays qui est inquiétant
    Luocine

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    1. Je ne sais pas ce qu'il en aujourd'hui mais à l'époque la situation était particulièrement complexe et inquiétante.

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  13. Je connais très peu la littérature africaine... du coup, je note.

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    1. Ce serait une entrée en matière en douceur avec un texte court.

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  14. Un sujet qui peut intéresser les ados, il est vrai.

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    1. Les grands ados alors parce que c'est quand même un peu dur comme sujet.

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  15. Je finis un polar mongol où les femmes ont pris cher, je vais attendre un peu avant de me plonger dans une ambiance où elles ne sont pas trop épargnées...tu ne m'en voudras pas hein, je soigne mon girl power....

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    1. Je comprends tout à fait. Et je dois reconnaître que les femmes n'ont pas forcément le beau rôle dans ce roman.

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  16. C'est toujours intéressant les regards et lectures différentes !

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    1. Oui là, le ton et le point de vue sont décalés.

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  17. C'est le livre dont tu m'avais parlé je crois. Il a tout pour m'intéresser ( sauf peut-être sa longueur ... ^^). J'espère le trouver à la bibliothèque, il serait parfait pour mon challenge.

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    1. Oui c'est celui dont je t'avais parlé. Peut-être un peu court pour toi mais je pense que tu pourrais quand même l'apprécier.

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