mardi 22 avril 2014

On nous a coupé les ailes - Fred Bernard et Émile Bravo

Il était une fois un gamin de 8 ans qui, au tournant du 20ème siècle, passait de merveilleux étés avec ses frères et son cousin Firmin à faire les quatre cents coups dans une parfaite insouciance. Un gamin prénommé René, rêveur patenté, fasciné par l’apparition des premiers avions. Un gamin persuadé que quand il serait grand, il volerait lui aussi et pourrait caresser les nuages. Un gamin heureux, conscient de la magie de l’enfance et confiant en l’avenir.

Il était une fois ce même gamin, en octobre 1914, écrivant à sa mère : « J’ignore ce que l’on sert à nos officiers, Maman, mais mon ventre crie souvent famine ici. […] Voila maintenant des semaines que l’armée allemande est bloquée à 40 kilomètres de Paris, mais il s’en est fallu de peu pour qu’elle nous déborde… Alors elle se venge et nous pilonne au canon, nous déchiquette à la mitraillette. Nous on creuse, on s’enterre et on s’enfonce dans la Marne. A perte de vue, de la boue et des cadavres, des chevaux gonflés par la putréfaction, […] des villages rasés et des arbres noirs ébranchés. »

Le gamin devenu un jeune adulte découvre l’horreur du front. Il apprend la mort du cousin Firmin et de son frère Eugène, il s’évade en repensant aux instants joyeux partagés avec eux par le passé et en regardant les avions tournoyer dans le ciel, toujours plus rapides et plus flamboyants…

J’avais peur que le propos insiste trop sur l’histoire de l’aéronautique. Il y a certes quelques termes techniques et la présentation d’incontournables pionniers de la conquête de l’air mais le cœur de l’album ne se focalise pas sur ce sujet. A travers l’histoire de René, les auteurs parlent avec finesse de ses hommes auxquels la guerre a coupé les ailes. L’alternance entre l’enfer des tranchées et le paradis de l’enfance montre à quel point ce monstrueux conflit a brisé des millions de vies et autant de rêves d’avenir.

Un texte sobre et touchant, des illustrations parfaites d’Émile Bravo, cet album est un petit bijou absolument tout public, à lire dès dix ans selon moi.

On nous a coupé les ailes de Fred Bernard et Emile Bravo. Albin Michel, 2014. 56 pages. 11,50 euros. A partir de 9 ans.

Une nouvelle pépite jeunesse que j'ai le plaisir de partager avec Noukette, comme chaque mardi.

L'avis d'Ys





Ma troisième participation
au challenge de Stephie 





12 commentaires:

  1. Un sujet très présent cette année (bien sûr!) mais qui me tente bien par cet album.
    Je note.

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    1. Forcément, les publications sur le sujet vont se multiplier. Mais celle-ci est vraiment de très grande qualité.

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  2. tiens, moi qui vais bosser sur le Grande Guerre avec mes zélèves par les BD et albums, cette référence pourrait bien me plaire et plus encore! merci!

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  3. Une bien jolie trouvaille, c'est en plus un album intelligent et très touchant !

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    1. Oui, je suis ravi que l'on ait pu lire cet album ensemble !

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  4. Le graphisme a l'air très agréable. Si je le vois, je me laisserai peut-être tenter...

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    1. Le graphisme, c'est Émile Bravo, un très grand monsieur !

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  5. Qui peut parfaitement convenir à mes élèves ...

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  6. Touchant, c'est le mot qui me vient à la lecture de ton billet.

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    1. C'est touchant, instructif, et particulièrement bien réalisé.

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