vendredi 19 mai 2023
Paris-Berry - Frédéric Berthet
mercredi 17 mai 2023
Gone With the Wind T1 - Pierre Alary
Grande fut ma surprise de découvrir que l’amour de Scarlett,
au départ du moins, n’était pas ce brave Rhett mais un certain Ashley Wilkes.
Et que malheureusement pour elle, Ashley était sur le point de se marier avec
une autre. Le cœur brisé et après avoir épousé par dépit un homme dont elle ne
fait aucun cas, Scarlett voit son quotidien bouleversé par le début la guerre.
Le conflit fera d’elle une jeune veuve et la poussera à s’exiler loin de la
plantation familiale, direction Atlanta. Et Rehtt dans tout ça me
direz-vous ? Eh bien le moins que l’on puisse dire c’est que le gaillard
est loin d’attirer la sympathie. Pour Scarlett il n’a même rien pour la
séduire. En tout cas jusqu’au moment où il lui sauvera la vie dans des
conditions dramatiques.
Alary © Rue de Sèvres 2023 |
J’ai aimé aussi les caractères marqués des personnages, Scarlett en femme forte capable de prendre les rennes quand tout s’écroule et Rhett en salopard à la fois cupide, cynique, lucide et amoral. Bien sûr, la vision idéalisée du mode de vie des états du Sud qui tourne au final à la défense de propriétaires terriens en lutte pour préserver leurs privilèges d'esclavagistes reste dérangeante, mais il ne faut pas oublier de la remettre dans le contexte et l'époque de la rédaction du roman.
Un dernier mot sur l’ouvrage en lui-même, magnifique objet-livre grand format au dos toilé. Vraiment aucune fausse note, espérons que la suite sera à la hauteur mais franchement, j'ai peu de doutes.
Gone With the Wind T1 de Pierre Alary (d'après l'œuvre de
Margaret Mitchell). Rue de Sèvres, 2023. 150 pages. 25,00 euros.
vendredi 12 mai 2023
Pyongyang 1071 - Jacky Schwartzmann
Dès le départ, l’idée n’était pas de faire une performance mais plutôt de profiter de cet événement sportif pour découvrir un des pays les plus fermés du monde. Bien sûr, pas question de prendre la préparation physique à la légère. Une demande de disponibilité auprès de son employeur et quelques mois d’entraînement intensif lui permirent d’acquérir un niveau suffisant pour finir les 42 kilomètres et quelques dans un temps acceptable, du moins pour un coureur amateur bientôt quinca. Mais au-delà du marathon, son intérêt pour le long périple à venir tenait surtout d’une volonté de découvrir la Corée du Nord de l’intérieur, de s’immerger dans cette dictature semblant à première vue impénétrable.
Le résultat ? Du Schwartzmann dans le texte, ironique, mordant, lucide, sans langue de bois, toujours autant adepte de l’autodérision. Respectueux d’un peuple difficile à cerner qu’il se refuse de juger, il « subit » un voyage organisé encadré de bout en bout par le régime et constate à quel point la population locale, assommée par la propagande, reste enfermée depuis des décennies dans une vision du monde qui n’a pas évolué depuis les pires moments de la guerre froide.
Gagné par l’ennui au fil de visites toutes moins passionnantes les unes que les autres, trimballé parmi les coréens avec l’impression de les regarder de loin sans vraiment les rencontrer, le marathonien du dimanche en arrive à ce triste constat : « Ce pays accepte de nous recevoir, mais il ne nous accueille pas. Ils veulent qu’on les voie, mais pas qu’on les regarde ». Au final, l’expérience restera marquante, même si Schwartzmann avoue dans une dernière confidence : « Je suis venu en Corée du Nord pour rencontrer un peuple, j’ai fait un safari. »
Pyongyang 1071 de Jacky Schwartzmann. Éditions Paulsen, 2023. 165 pages. 8,50 euros.
mardi 9 mai 2023
Bride Stories T14 - Kaoru Mori
Résultat, un tome regorgeant d’action où les chevaux occupent une place centrale. Kaoru Mori l’avoue d’ailleurs dans la postface, c’est son envie de dessiner « plein de fiers destriers » qui l’a poussée à développer longuement cet épisode de course équestre dans la steppe. Un événement lui permettant également d’introduire de nouveaux personnages féminins marquants qui devraient occuper une place importante dans les chapitres à venir.
Kaoru Mori © Ki-oon 2023 |
Bride Stories T14 de Kaoru Mori. Ki-oon, 2023. 210 pages. 7,95 euros.
vendredi 5 mai 2023
En famille à Tokyo : le guide de voyage - Julie Blanchin Fujita
L’organisation de l’ouvrage est classique, avec une longue introduction détaillant les possibilités de logement, les types de restaurants, les déplacements, les erreurs à éviter et, de manière générale, tout ce qui est bon à savoir pour profiter au maximum de son séjour. Les chapitres suivants passent en revue les différents quartiers et listent leurs centres d’intérêt respectifs, avec autant de précision que de concision, et surtout sans jamais perdre de vue la dimension familiale promise dans le titre.
Franchement, cette attention portée à un séjour « en famille » est le gros point fort de ce guide. Il y a dans la démarche de Julie Blanchin Fujita une volonté permanente de rassurer face au gigantisme de cette mégalopole et de tranquilliser des parents inquiets d’affronter un tel espace urbain avec leur progéniture (même les enfants en bas-âge sont pris en compte avec des infos sur où acheter du lait, où changer bébé et comment, au moment de la réservation de l’hébergement, tout prévoir pour que le séjour se passe au mieux). Du pratique, de l’anecdotique, du culturel, des petits bonus bienvenus, un mini-dico, un lexique des expressions indispensables à connaître, une carte détachable des transports du grand Tokyo, rien ne manque dans ce guide dont la lecture s’avère aussi instructive que plaisante. Au final, entre la qualité des infos partagées et l’enthousiasme sincère que Julie Blanchin Fujita diffuse au fil des pages, on referme l’ouvrage avec une furieuse envie de sauter dans un avion avec sa tribu pour rallier au plus vite la capitale du pays du soleil levant !En famille à Tokyo : le guide de voyage de Julie Blanchin Fujita. Kana, 2023. 240 pages. 14,90 euros.
mercredi 3 mai 2023
L’adoption cycle 2, tome 2 : Les repentirs - Zidrou et Arno Monin
Au final ce second cycle dégouline de bons sentiments mais, malgré ses gros sabots, il s’en dégage des ondes positives qui réchauffent les cœurs. Toujours bon à prendre par les temps qui courent !
L’adoption cycle 2, tome 2 : Les repentirs de Zidrou et Arno Monin. Bamboo, 2023. 72 pages. 16,90 euros.
mercredi 26 avril 2023
The Witcher Le Sorceleur T5 : Le baptême du feu - Andrzej Sapkowski
En dehors du cheminement de la troupe de Geralt et des
manigances des magiciennes, les (rares) incursions dans la bande de Ciri ne
font pas davantage progresser les choses et on en vient à se demander à quel
moment les événements vont s’accélérer, pour elle et ses comparses. Bref,
l’ensemble donne une impression de surplace loin d’être emballante. L’univers
dans lequel évolue ce beau monde continue d’être déployé avec précision et
gagne en épaisseur mais tout se fait avec bien trop de lenteur. Ce Baptême du
feu n’est certes pas un tome pour rien dans la saga du Sorceleur mais c’est à
l’évidence un tome qui n’apporte pas grand-chose et qui aurait gagné à jouer
davantage la carte de la concision. Dommage.
Le Sorceleur T5 : Le baptême du feu d’Andrzej
Sapkowski. Bragelonne, 2012. 480 pages. 7,60 euros.
jeudi 20 avril 2023
L’adoption cycle 2, tome 1 : Wajdi - Zidrou et Arno Monin
J’ai beaucoup aimé la façon dont Wajdi est représenté. Son introspection, ses silences, ses réactions inattendues et déconcertantes, tout tend à le rendre aussi attachant que crédible. Le portrait de la famille d’accueil est à l’inverse trop caricatural. Des bourgeois qui ont envie de se rendre « utiles », qui semblent surtout vouloir renvoyer l’image d’humanistes philanthropes, ravis de recueillir des compliments sur leur démarche mais finalement bien peu ravis d’accueillir un nouvel arrivant dans leur foyer. Tout ça parce que Wajdi n’est pas un enfant « comme les autres », un enfant sans problème, un enfant qui va forcément être conscient et reconnaissant de leur bonté. Aucune volonté de le comprendre, aucune volonté de lui venir en aide, la condamnation de ses actes au fil de l’album ne cesse d’aller crescendo, jusqu’au point de rupture.
C’est dommage parce ça manque de finesse. Le trait est forcé, il ne laisse pas de place à un regard plus mesuré, plus compréhensif, alors que n’importe quel adulte serait à même de se rendre compte que l’adaptation du petit garçon va être longue, difficile et douloureuse. Sans doute est-ce là un ressort scénaristique qui servira dans le second tome pour remettre les sentiments de chacun « dans le bon sens ». Mais la ficelle est grosse et gâche quelque peu le plaisir de suivre l’intrigue.Niveau dessin c’est toujours un bonheur de retrouver la patte tout en douceur d’Arno Monin, son jeu sur les couleurs et la lumière, l’expressivité de ses personnages. Son trait se reconnaît du premier coup d’œil et c’est une qualité devenue trop rare pour ne pas être soulignée.
Une lecture en demi-teinte mais le bilan définitif concernant ce diptyque ne pourra être fait qu’après la découverte du second tome. Ça tombe bien, il m’attend sagement au pied de mon lit !
L’adoption cycle 2, tome 1 : Wajdi de Zidrou et Arno Monin. Bamboo, 2021. 72 pages. 16,90 euros.
mardi 31 janvier 2023
Octave - Arnaud Cathrine
« Ma jeunesse ne fait pas envie, mais je n’en aurai pas d’autres. »
Vince et Marylin ont eu le cœur brisé par le même garçon. Octave les a quittés sans la moindre explication. Et s’il ne fait plus partie de leur vie, il continue de les obséder. Vince et Marylin voudraient passer à autre chose, oublier ce premier amour qui les a dévastés. Pas simple quand, en ces temps de COVID, les confinements successifs vous offrent l’occasion de ruminer et que l’objet de vos désirs fait une soudaine réapparition dans votre quotidien.
Vince, Marilyn, Octave. Chacun leur tour ils prennent la parole pour dire la complexité des sentiments, des relations aux autres et à eux-mêmes, pour dire le mal-être, l’isolement et la précarité vécus par les étudiants qu’ils sont devenus après leurs années lycée.
Une fois encore Arnaud Cathrine signe un roman moderne, contemporain, plein de vie et d’énergie, où une sensibilité à fleur de peau s’exprime à chaque page. Le ton est juste, les dialogues percutants, les situations réalistes.
Ce dernier tome d’une mémorable trilogie (après Romance et Nouvelle vague), poétique et sensuel, débordant à la fois d’espoir et de désenchantement sonne comme le cri de rage d’une jeunesse cherchant « ce qu’il faut faire et ne pas faire pour commencer à exister ».
Octave d’Arnaud Cathrine. Robert Laffont, 2022. 390 pages. 17.90 euros. A partir de 14 ans.
mardi 13 décembre 2022
Émergence 7 - Vincent Mondiot et Enora Saby
Le discours de Léon se focalise autour du traumatisme vécu vingt ans plus tôt, un traumatisme impossible à surmonter. L’auteur des derniers des branleurs tord ainsi le bras aux poncifs faisant de la résilience un passage obligé et naturel vers un retour à la sérénité. Pour son narrateur, le temps passé, censé refermer les plaies, n’est qu’une illusion : « le temps empire les choses au lieu de les soigner. »
Léon souffre toujours autant. La résurgence de souvenirs trop lourds à porter liée au retour sur les lieux du drame n’a pour lui rien de cathartique. « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, peut-être ? Non. […] Ce qui ne te tue pas te rend traumatisé ou handicapé. »
C’est beau et désespéré, d’une infinie mélancolie. Sans conteste ma plus belle lecture jeunesse de l’année.
Émergence 7 de Vincent Mondiot et Enora Saby. Actes Sud junior, 2022. 208 pages. 17,80 euros. Á partir de 13 ans.