mercredi 13 juin 2012

Bêtes de somme 1 : Mal de chiens

Dorkin et Thompson
© Delcourt 2012
Sommer Hill. Une banlieue américaine cossue avec des pavillons proprets et de bons toutous dans chaque jardin. Problème, l’un d’eux est persuadé que sa niche est hantée. L’occasion pour ses camarades à poils de découvrir que Sommer Hill n’est pas forcément un havre de paix idyllique...

Animaux zombies, loups garous, chats sorciers, grenouille géante, rats maléfiques, etc. Quand une bande de chiens (et un chat) est confrontée à des phénomènes surnaturels, le résultat est plutôt sanglant.

Destinée au départ à être publiée dans un ouvrage collectif, l’histoire qui ouvre le recueil aurait dû constituer la seule et unique apparition de cette drôle de brigade d’intervention canine. Mais l’accueil des lecteurs fut tellement chaleureux que les auteurs décidèrent de poursuivre l’aventure. Après trois nouvelles histoires courtes constituant autant de galops d’essai, les Bêtes de somme prirent définitivement leur envol dans des récits plus denses et plus mouvementés. Les personnages sont tous très attachant, avec une mention spéciale pour Carl le carlin, un trouillard cynique et de mauvaise foi à l’humour dévastateur.

Graphiquement, les aquarelles de Jill Thompson sont tout simplement somptueuses. Les attitudes données à chaque animal sont criantes de vérité et les couleurs, particulièrement travaillées, participent grandement à rehausser l’ambiance angoissante qui traverse chaque chapitre.

Car que l’on ne s’y trompe pas, Bêtes de Somme n’est pas un album pour enfants. Les auteurs donnent dans l’horrifique parfois assez gore et nul doute que les âmes trop sensibles pourraient être fortement secouées par certains passages. A ne pas conseiller avant 12-13 ans, donc.

Aussi original qu’inclassable, cet excellent comics a été récompensé en 2010 par le Will Eisner Award de la meilleure publication pour ados.


Bêtes de somme T1 : Mal de chiens d’Evan Dorkin et Jill Thompson. Delcourt, 2012. 170 pages. 20 euros.

L'avis de Lunch ; l'avis de Manu


Dorkin et Thompson © Delcourt 2012

Dorkin et Thompson © Delcourt 2012





Will Eisner awards 2010
Meilleure série pour ados

samedi 9 juin 2012

Le poids du papillon

De Luca © Gallimard 2011
D’un coté, il y a le roi des chamois. De l’autre, un vieux braconnier, alpiniste et chasseur réputé. Ces deux là s’épient, se cherchent, se croisent depuis des années. Solitaires et taciturnes, ils savent qu’ils arrivent au bout de leurs chemins respectifs. L’animal voit sa force décroitre. Il ne pourra bientôt plus vaincre les jeunes mâles qui le défient régulièrement pour prendre la tête de la harde. A 60 ans, l’homme veut relever un dernier challenge et abattre le seul chamois qui lui ait toujours échappé. Deux forces exceptionnelles face à face. Un duel que chacun sait perdu d’avance…

L’écriture de De Luca est parfaitement épurée, à la fois réaliste et poétique, grattée jusqu’à l’os, aussi dense que recherchée. Une prose contemplative, riche d’odeurs et de sensations. Il y a dans ce court roman toute la rudesse et la beauté de la nature. Les deux personnages n’en font qu’un. Chez l’homme et le chamois, on retrouve les silences, les hésitations, les certitudes. Le même regard posé sur la fugacité de la vie.

Le poids du papillon est une fable, une parabole sur le coté immuable de l’existence. Quoi que l’on fasse, la fin sera la même pour tous. Le dénouement tragique et fusionnel qui unit à jamais les deux protagonistes n’a rien de désespérant, bien au contraire. Finalement, on peut voir dans ce texte une réécriture du combat entre Moby Dick et le capitaine Achab, le bruit et la fureur en moins.

Un texte magnifique et rare, loin de toutes les modes littéraires actuelles. De Luca est décidément un conteur au talent exceptionnel.

Le poids du papillon, de Erri De Luca. Gallimard, 2011. 80 pages. 9 ,65 euros.



Ce billet signe ma 1ère participation au challenge il viaggio de Nathalie.



vendredi 8 juin 2012

Toby mon ami

Panaccione © Delcourt 2012
Toby est un chien. Toby aime se balader dans la nature et marquer son territoire. Toby n’aime pas les chats ni le facteur. Toby a un maître, un artiste peintre sans le sou. Toby aime son maître. Surtout, il aime voir sa gamelle se remplir régulièrement. Il se fait d’ailleurs un point d’honneur à la vider avec le plus bel entrain. Toby est donc un chien qui a une vie de chien simple et heureuse, ni plus, ni moins.


C’est tout le problème avec cet album sans texte. Il n’est ni plus ni moins bon qu’un autre. Grégory Panaccione est un dessinateur italien ayant œuvré dans l’animation, notamment sur le film Corto Maltese. Il propose ici un univers graphique tout simple aux couleurs douces. Un joli travail à l’aquarelle et un trait dynamique qui retranscrit avec fidélité les différentes attitudes du chien. Petit bémol, le découpage en gaufrier de six cases par planches se révèlent au final assez monotone et sans grande originalité.

Le souci c’est que l’on referme ce petit volume en se disant qu’il risque d’être aussi vite lu qu’oublié. J’aime beaucoup la BD sans texte, c’est une forme d’expression extrêmement difficile car en s’affranchissant du texte l’auteur doit déployer des trésors d’ingéniosité pour donner à son histoire une lisibilité irréprochable. Ici, l’exercice est parfaitement réussi, c’est incontestable. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit justement d’un exercice de style et rien de plus. Une sorte de travail d’étude réalisé par un excellent élève mais qui n’a pas forcément vocation à être publié. Dans la période de surproduction actuelle, Toby mon ami n’est qu’un album parmi tant d’autres. Je serais tenté de le qualifier de « dispensable » même si le travail de Grégory Panaccione mérite évidemment le plus grand respect.

Toby mon ami de Grégory Panaccione. Delcourt, 2012. 144 pages. 14,30 €.



Panaccione © Delcourt 2012

mercredi 6 juin 2012

Lorna : Heaven is here

Brüno © Treize étrange 2012
Une femme géante de 40 mètres de haut qui se balade à poil. Une pilule magique qui agrandit de manière substantielle la taille du pénis. Un virus boosté à l’ADN de tarentule qui transforme les humains en monstres incontrôlables. Un alien qui veut faire des terriens ses amis et une actrice porno au sommet de sa gloire. Il y a tout ça dans Lorna, le dernier album de Brüno. Franchement, pas besoin d’en dire plus au sujet de l’histoire, il me semble que les quelques arguments déclinés ci-dessus devrait suffire à convaincre les plus réticents. Qui a dit que ça ressemblait à du grand n’importe quoi ? Le dessinateur d’Atar Gull assume. Son but était de rendre au hommage à l’émission Cinéma de quartier de Jean-Pierre Dionnet et à tous ces films de série B réalisés avec des bouts de ficelle. Mélangeant allègrement SF, horreur, porno et road-movie, Brüno se lâche.

Entre improvisation et exercice de style, le dessinateur marche sur un fil et frôle à plusieurs reprises la correctionnelle. Mais sa maîtrise de la narration lui permet de récupérer le coup à chaque fois que le récit s’apprête à sombrer dans le ridicule le plus complet. Surtout, graphiquement, l’ensemble tient sacrément la route. La bichromie d’orange et de noir se révèle beaucoup moins agressive pour la rétine que l’on pourrait le croire. Et si le trait est plus relâché que dans ses albums précédents, sa patte assez unique garde un charme vintage qui, personnellement, me ravit.

Un hommage à la contre-culture US et au cinéma populaire à réserver aux fans du genre. Pas sûr que l’on tienne là un best-seller en puissance mais en même temps, on s’en tape un peu. De toute façon, avec une couverture pareille, je ne pouvais pas passer à coté de cet album !

Lorna : Heaven is here de Brüno. Treize étrange, 2012. 150 pages. 17,25 euros.


Brüno © Treize étrange 2012

mardi 5 juin 2012

Le premier mardi, c'est permis (7) : Madame de V. a des idées noires

Morin © Pocket 2001
1917. Quand le mari de Maroussia de V. meurt à la guerre, elle choisit de devenir infirmière dans un hôpital militaire. C’est là qu’elle rencontre Doudou, un « sergent nègre dont la verge, énorme et longue, avait l’air d’une asperge monstrueuse, une asperge noire des enfers. » Une véritable révélation pour Madame de V. Grâce au sergent, elle découvre le bonheur d’une jouissance que son défunt mari, de 20 ans son ainé, n’a jamais pu lui faire connaître. Ses premiers ébats avec Doudou sont mémorables. En même temps c’est pas tous les jours que l’on se sent « pénétrée jusqu’à l’estomac par un épieu frémissant. »

Malheureusement, quand Doudou doit repartir au front, Mme de V. se trouve fort dépourvue. Son désarroi grandit encore lorsqu’elle apprend sa mort au combat. Déçue par ses expériences avec quelques blancs-becs bien moins vigoureux que son amant d’ébène, Maroussia décide de partir pour l’Afrique. Au moins là-bas, pense-t-elle, je suis certaine de trouver chaussure à mon pied...

Ah le vieux fantasme de l’homme noir endurant et bien membré ! Franchement, je n’aurais jamais cru tomber un jour sur un roman consacré au sujet. Juste pour info, sachez que dans ma glorieuse jeunesse (hélas fort lointaine), j’ai joué au foot dans un club réputé de ma région. Il y avait pas mal de joueurs originaires d’Afrique noire et je dois concéder que leur réputation ne relève pas de la légende urbaine. Bien sûr, tous n’étaient pas logés à la même enseigne, mais j’ai vu dans les vestiaires des trucs tellement impressionnants qu’il y avait de quoi donner à un ado boutonneux des complexes jusqu’à la fin de ses jours. J’avais beau me dire que ce n’est pas la taille qui compte et me répéter à l’envi que les plus courtes sont les meilleures, il était évident que jamais je ne pourrais soutenir la comparaison. Du coup, j’aimais bien prendre ma douche en dernier, tout seul dans mon coin. On se console comme peu.

Mais bon, revenons à ce très court roman. Ça démarre sur les chapeaux de roue avec quelques scènes de copulation bien senties mais très vite le soufflé retombe. Madame de V. la nympho se transforme en cougar paternaliste et ses déambulations dans les rues de Dakar sont ennuyeuses au possible. Pour couronner le tout, j’ai trouvé la fin absolument grotesque. Bref, vous l’aurez compris, par encore ce mois-ci que je vais me réconcilier avec la littérature érotique. Mais qui sait, je vais peut-être finir, moi aussi, par trouver chaussure à mon pied.

Madame de V. a des idées noires de Loulou Morin. Pocket, 2001. 90 pages. 4,40 euros.



Allez donc voir chez Stéphie les autres lectures inavouables du mois de juin.


dimanche 3 juin 2012

Les affligés

Womersley © Albin Michel 2012
5 juillet 1909, dans le petit village de Flint, en Nouvelles-Galles du sud. Alors que la tempête fait rage, on découvre le corps de la petite Sarah, violée et poignardée. A coté d’elle se tient son grand frère Quinn, un couteau ensanglanté à la main. Le jeune homme s’enfuit et personne ne peut le rattraper. Dix ans plus tard, Quinn revient en Australie après avoir bataillé sur le front du nord de la France. Défiguré par une grenade, rendu presque sourd par le fracas des combats et ayant de gros problèmes pulmonaires après avoir inhalé du gaz moutarde, le soldat démobilisé retourne à Flint. Le village, comme le reste du pays, est mis en quarantaine suite à une épidémie de grippe espagnole faisant des milliers de morts.

Quinn n’a pas tué sa sœur et lui seul connaît le vrai coupable. Persuadé que s’il se montre devant son père, ce dernier ne voudra jamais le croire, il se terre dans les collines. C’est là qu’il rencontre Sadie, une orpheline vivant dans les bois. Cette drôle de gamine semble en savoir beaucoup sur son passé et cherche absolument à le convaincre de venger la mémoire de sa sœur...

Les affligés est un roman au titre particulièrement bien choisi. Les personnages et les lieux décrits semblent frappés par les pires tourments. La force d’évocation de l’auteur est proprement sidérante. Alternant les flashbacks et le présent, Chris Womersley donne à son récit des élans de tragédie. Entre les phases contemplatives et les scènes douloureuses, il créé une atmosphère suffocante et entraîne le lecteur vers une fin que chacun sait inéluctable. Parce qu’il est question de vie, de mort, de famille, de guerre, de maladie et de vengeance, ce récit touche à l’universel. Revenu chez lui pour rendre la justice, Quinn ne croit plus à une quelconque rédemption : « Dieu ne nous surveille pas. Je crois que nous sommes livrés à nous- mêmes. Rien n’a d’importance... [...] Il en a fini avec nous il y a longtemps. Il nous a abandonnés. » Vagabond défiguré arpentant les collines comme un fantôme, il va enfiler les habits de l’ange de la mort (titre de la dernière partie) pour tenter, enfin, d’apaiser son âme.

Le final, crépusculaire, vient clore en beauté un roman plein de souffle, à la fois sombre et, par bien des aspects, tout à fait lumineux.

Les affligés, de Chris Womersley, Albin Michel, 2012. 320 pages. 20 euros.

L'avis de Reading n the rain

L'avis d'Athalie

vendredi 1 juin 2012

Les années n°10 : spécial fête des mères

Au sommaire de ce numéro 10, un portrait de Michèle Desbordes , des chroniques présentant des romans consacrés aux mamans, une nouvelle de Dominique Cornet et un texte rédigé en atelier d'écriture par une lycéenne nimoise dont les mères sont les personnages principaux, un portrait de la résisatnte Raymonde Carbon et, comme toujours, la chronique du professeur Hernandez. De mon coté, je ne vous parle pas de ma manman mais d'une BD consacrée aux soldats fous de la Grande Guerre.

Petite nouveauté, tous les numéros sont consultables en ligne (et gratuitement bien sûr !) : http://lesannees.blogspot.fr/

Si vous souhaitez recevoir chaque nouveau numéro par mèl, il vous suffit de me laisser vos coordonnées dans la rubrique Contact.


Rendez-vous le 15 juin  pour le n°11.

jeudi 31 mai 2012

Puella Magi Madoka Magica 1

Hanokage © Doki Doki 2012
Madoka, élève de 4ème tout à fait banale, rencontre un jour une mystérieuse créature prénommée Kyubey. Cette dernière propose à la jeune fille de lui accorder un vœu. En contrepartie, Madoka deviendra une magicienne et devra lutter contre de terribles sorcières qui tourmentent le quotidien des humains. Ne sachant comment réagir, Madoka tarde à accepter le pacte. D’une part, elle ne sait pas quel vœux formuler et d’autre part, la mise en garde d’une de ses nouvelles camarades de classe l’interpelle au plus haut point : « Ne cherche surtout pas à devenir quelqu’un d’autre sinon tu perdras tout ce qui t’est cher. » Comprenant que la décision qu’elle s’apprête à prendre risque de bouleverser sa vie, elle hésite longuement…

Adapté d’une série animée en 12 épisodes ayant connu un énorme succès lors de sa diffusion à la télévision début 2011, ce manga en 3 volumes s’est payé le luxe de devancer des poids lourds tels que Bleatch ou Naruto lors de sa publication au Japon.

Pour moi, un manga estampillé « Magical Girl » est un titre dans lequel des jeunes filles aux costumes improbables se voient dotées de pouvoirs magiques et luttent avec malice contre les forces du mal. Sailor Moon, en gros (en même temps, c’est la seule série de ce type que je connaisse vraiment). Loin de l’univers acidulé et kawaï des classiques du genre, Puella Magi Madoka Magica apparaît au final bien plus sombre et torturé. Les enjeux sont pour les héroïnes plus complexes que le simple fait de devenir une « magical Girl ». Leur nouveau statut met réellement leur vie en danger et surtout le pacte passé avec le gentil Kyubei (qui ne l’est d’ailleurs peut-être pas tant que ça) implique des sacrifices et des contraintes dont elles sont loin d’imaginer la réelle portée. Quelque part, ce type de récit très balisé semble, grâce à cette série, passer à l’âge adulte. Fini les bluettes et la frivolité, place à la noirceur et à une lutte sans merci contre des sorcières qui répandent le désespoir et poussent les gens au suicide. Du lourd, quoi, même si le début de l’intrigue peut laisser croire que l'on reste dans de l’ultra classique.

Le dessin, sans être révolutionnaire, reste fin et précis. Autre point non négligeable, les différents protagonistes se reconnaissent au premier coup d’œil, ce qui est loin d’être toujours le cas avec des mangas de ce type.

Bref, pour moi qui ne suis pas, mais alors pas du tout, le public cible, ce premier volume a constitué une très agréable surprise. Sachant qu’il n’y aura en tout que trois tomes, je pense que je vais avec plaisir suivre les aventures de Madoka et de ses consœurs jusqu’à leur terme.


Puella Magi Madoka Magica T1 de Hanokage. Doki Doki, 2012. 144 pages. 7,50 euros.


Hanokage © Doki Doki 2012

mercredi 30 mai 2012

Koma : l'intégrale

Wazem et Peeters
© Humanoïdes associés 2010 
Addidas est la fille d’un ramoneur. Elle aide souvent son père lorsqu’il ne peut accéder aux conduits les plus étroits. Frappée par un mal étrange, il lui arrive régulièrement de perdre conscience sans raison pendant quelques minutes. Personne ne semble capable d’expliquer ces « absences » qui deviennent de plus en plus régulières. Un jour, alors qu’elle se trouve au fond d’une énorme cheminée, la petite fille tombe nez à nez avec une drôle de créature, sorte de géant aux bras simiesques. Attendrie par ce monstre implorant son aide, Addidas décide de rester à ses cotés. Cette rencontre va être le point de départ d’une aventure hors du commun…

Koma est une série inclassable dont il est très difficile de parler. Une fois de plus je me suis laissé influencer par les avis lu ici et là sur la toile et une fois de plus, j’ai bien fait. Wazem et Peeters ont créé un univers aussi improbable qu’envoutant. Le lecteur est pris par la main dès la première planche et il embarque pour une virée onirique finalement assez avare de dialogues. Le rythme est lent, l’histoire semble tenir en équilibre sur un fil prêt à rompre et à l’entraîner dans les méandres d’un récit devenant totalement incompréhensible. Pourtant, tout se tient, la cohérence finit par s’imposer. Il y a dans Koma une forme de poésie assez sombre, digne des plus beaux contes victoriens.

Les six tomes de la série ont été publiés à l’origine en couleur mais cette intégrale est entièrement en noir et blanc. J’avoue que je ne m’en plains pas, bien au contraire. Le trait de Peeters est pour moi définitivement fait pour le noir et blanc. Son encrage épais, tout en souplesse et en élégance, colle à merveille à l’ambiance dans laquelle évoluent les protagonistes. L’autre avantage de cette intégrale c’est qu’elle permet de constater à quel point l’histoire tient en un seul bloc. Il n’y a aucune séparation lorsque l’on passe d’un tome à l’autre et on a vraiment l’impression de lire un épais roman graphique qui ne peut en aucun cas être « découpé » en tranches.

Koma est un petit bijou dont la lecture (en intégrale et en noir et blanc !) devrait à l’évidence ravir une majorité de lecteurs, qu’ils soient petits ou grands.


Koma : l’inétgrale de Pierre Wazem et Frederik Peeters. Les Humanoïdes associés, 2010. 280 pages. 25 euros.

Les avis de Mo', Choco, Yvan, David, Champi
 

Wazem et Peeters © Humanoïdes associés 2010 
 

lundi 28 mai 2012

La famille Passiflore revient en BD !

Jouannigot © Dargaud 2012
La famille passiflore est une série de livres pour enfants créée par Geneviève Huriet et Loïc Jouannigot en 1987. Racontant l’histoire d’une fratrie de lapins entourés de leur père et de leur tante Zinia, cette série a connu un énorme succès et a été adapté en dessin animé pour la télévision en 2001. Alors que leur dernière aventure datait de 2006, les Passiflore reviennent aujourd’hui par l’intermédiaire de la bande dessinée. Loïc Jouannigot signe ici les textes et les dessins.


Afin de préparer en secret la fête d’anniversaire de Dentdelion (le petit dernier de la famille), tante Zinia l’expédie au jardin avec son grand frère Mistouflet. Mais pendant que les préparatifs battent leur plein à la maison, un drame se noue au milieu des légumes : la vilaine tortue Atalante vole le doudou de Dentdelion et refuse de lui rendre. Une véritable tragédie pour le petit lapinot...

Quel bonheur de retrouver la Famille Passiflore ! J’ai lu les albums à mes filles un nombre incalculable de fois et ma femme est totalement fan du dessin animé. Le fait de voir la série revenir sous forme de bande dessinée est une énorme satisfaction. L’univers doucereux est respecté à la lettre : gentillesse, altruisme, solidarité familiale, ambiance champêtre et bucolique, tout y est. Surtout, Loïc Jouannigot peut enfin laisser libre cours à son incroyable talent. Cet artisan du dessin, méticuleux en diable, ne transige pas sur la qualité. Les cases sont grandes et fourmillent de détails et les mimiques des animaux qu’il met en scène sont tout simplement impayables. Du grand art !

Digne héritier de Michel Plessix (Le vent dans les saules), Jouannigot propose aux plus jeunes lecteurs une entrée en douceur dans le monde de la bande dessinée. Un magnifique album à ranger dans la bibliothèque des enfants au coté de la non moins superbe série de Brigitte Luciani et Eve Tharlet, Monsieur Blaireau et Madame Renarde.

La famille Passiflore T1 : L’anniversaire de Dentdelion de Loïc Jouannigot. Dargaud, 2012. 32 pages. 9,99 euros. A partir de 5 ans.


Jouannigot © Dargaud 2012