J’aime qu’un personnage se présente en toute franchise et avec lucidité. Stanley est un connard, un vrai. Un gars qui a trompé sa femme avec celle de son meilleur copain et qui, le lendemain matin, constatant que son amante avait succombé à une overdose, s’est barré en laissant derrière lui une épouse, un enfant en bas âge et un meilleur ami très, très énervé.
Vingt ans après ce coup d’éclat, il revient à Las Vegas, persuadé de reprendre sa place auprès de proches qu’il a lâchement abandonnés. Il y retrouve une ex-femme qui a sombré dans l’alcool, un fiston devenu adulte qui n’a évidemment aucun souvenir de lui et un ex-meilleur ami propriétaire de casino. Stanley est de retour pour faire œuvre de rédemption. A sa façon, misant tout sur une soit disant bonne étoile qui ne cesse de l’accompagner depuis des lustres. Le pari est risqué et ce connard de Stan va vite se rendre compte que la bonne volonté ne suffit pas toujours à effacer les ardoises du passé.
Ah ce Stan ! Un vrai beau loser comme je les aime. Stan a toujours un plan. Et si ce plan ne fonctionne pas, il a un plan B, tout aussi foireux. Il se croit futé mais il ne l’est pas tant que ça. Il se croit chanceux mais la poisse lui colle aux basques. Il croit surtout qu’on va lui pardonner ses méfaits alors qu’au vu de son passif, il ferait mieux de la jouer profil bas. Touchant et détestable, impossible à cerner, il agace autant qu’il fascine, capable de passer du flamboyant au ridicule en un quart de seconde. Il a tout pour plaire en somme.
Un polar hyper stylisé à l’esthétique parfaitement raccord avec le décor sombre et poisseux des bas-fonds de Las Vegas. L’entrée en matière n’est pas évidente, il faut un certain temps pour s’y retrouver dans la multitude de personnages et pour comprendre les différentes interactions entre chacun d’eux mais une fois les pions installés sur l’échiquier, la partie se déroulant entre Stan et les siens se suit avec un grand plaisir. On sent que Dan Panosian s’est beaucoup amusé à mettre scène cette galerie de bras cassés. Il ne joue pas le registre d’une violence excessive et d’une noirceur absolue, préférant garder une certaine forme de légèreté et d’humour grinçant. Un choix judicieux qui colle à merveille à la personnalité de ce loser de Stan.
Un vrai bon polar, dans la veine des excellentes séries Criminal et Stray Bullets, en moins sombre cela dit. En plus c’est un one shot, pas la peine d’attendre la suite pour se lancer !
Slots de Dan Panosian. Delcourt, 2019. 160 pages. 15,95 euros.
Ah totalement ton créneau ! Tu as dû t'y sentir comme dans un cocon.^^ Bon, j'ai des doutes pour moi mais ça ne t'étonnera pas.;)
RépondreSupprimerTes doutes sont logiques oui, je ne pense pas que ce soit une BD pour toi.
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