En vidant l'appartement d'une amie, le diplomate Jean-Yves Berthaud a découvert dans la cave une lourde sacoche en cuir contenant 185 lettres, toutes signées d’une certaine Simone. Des lettres oubliés depuis des décennies, écrites entre 1928 et 1930, adressées à un homme prénommé Charles et racontant une relation torride dont la montée en puissance permanente atteignit des sommets de luxure difficilement imaginables. La grande majorité de ces lettres n’étant pas datées, Mr Berthaud passa près d’un an à en reconstituer la chronologie. Pour écarter tout canular, il les fit authentifier par un cabinet parisien spécialisé dans les autographes et documents historiques (le certificat de l’expert est reproduit au début du recueil). Un tiers environ des lettres sont présentes dans l’ouvrage et soulignent le caractère incroyablement moderne d’une femme de l’entre-deux-guerres libérée et qui s’assume pleinement.
Mais qui était Simone ? A l’évidence une jeune femme de bonne famille, lettrée, dont la prose élégante se pare sans crier gare d’une folle obscénité, faisant voler en éclat toute forme de bienséance. Charles, son amant, semble moins âgé qu’elle. Adepte de la brutalité et des jeux pervers, il n’est apparemment pas célibataire, n’habite pas Paris et leurs rencontres, aussi incandescentes que clandestines, sont tout sauf régulières. Pour le reste, difficile d’être plus précis faute d'informations supplémentaires.
Quoi qu’il en soit, au-delà des passages sauvagement pornographiques et d’une totale transgression, ces lettres de l’aimée à « son adoré » soulignent les doutes, les craintes et la douleur ressentis par Simone. Peur de la lassitude, de ne plus être à la hauteur, de voir le désir de Charles « s’éteindre comme une flamme sous le souffle brusque du vent ». C’est ici que la confession prend une autre dimension. Car au fil du temps, on sent poindre la tragédie à venir, on voit affleurer quelques fêlures, on passe de l’extase au désespoir et l'on découvre une dernière lettre absolument bouleversante (« j’attends ta décision et je l’accepterai sans faiblir si ton cœur a cessé de battre à l’unisson du mien »). Fabuleux portrait d’une amante à la fragilité touchante et à l’audace sans équivalent. Témoignage inédit d’une femme prête aux sacrifices et aux abandons les plus extrêmes par amour, et pas seulement l’amour de la chair. Impossible d’oublier les lettres de mademoiselle S., elles m’ont marqué au fer rouge. Un recueil unique, à mettre entre les mains de tout amateur de littérature érotique. Franchement, c'est du très, très grand art !
Extrait très, très soft…
« J’ai joui de toutes mes forces, sous tes coups, sous ta brutalité. J’ai joui surtout par ta possession savante. Je veux revivre cette jouissance que jamais je n’avais connue dans l’étreinte ordinaire qui me laisse froide et insensible. Jamais, entends-tu, je ne veux la connaître avec toi. Parce que je sais que nous serions déçus l’un et l’autre. Et puis nous descendrions au niveau des amants ordinaires alors que nous planons dans les sphères défendues, que nous sommes des « hors-la-loi », des vicieux, des passionnés, tout ce qui fait notre amour. »
Mademoiselle S. : Lettres d’amour, 1928-1930. Gallimard, 2015. 250 pages. 19 euros.
PS : pour être tout à fait honnête, j’ai quand même de gros doutes sur l’authenticité de certains passages. Je me demande s’il n’y pas eu par moments quelques rajouts, ou des scènes réécrites pour être davantage dans l’air du temps. Mais le sérieux de l’auguste maison Gallimard me laisse aussi à penser que je me goure totalement et que tout est absolument véridique dans ces lettres. J’en serais encore plus baba…
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Forcément, je note ! Tu es toujours de bon conseil :)
RépondreSupprimerTu me diras ça quand tu l'auras lu ;)
SupprimerOuh comme c'est alléchant ;-) je note je note ! merci jeune homme ....
RépondreSupprimerAlléchant, ça pourrait être le mot juste !
SupprimerSérieux, Gallimard se met à l'érotique mais où va-t-on, je vous le demande... enfin bon je note hein, histoire de me mettre à la page :-)
RépondreSupprimerDans le pornographique même !
Supprimerça donne envie! (de le lire, hein^^)
RépondreSupprimerQui sait, ça te donnera peut-être envie d'autre chose... (ok, je sors !)
SupprimerTu donnes drôlement bien envie. Et j'adore l'idée des lettres retrouvées cent ans plus tard à la cave : ça a déjà un petit goût de fruit défendu ;-)
RépondreSupprimerIl est vrai que les conditions dans lesquelles ces lettres ont été retrouvées a de quoi interpeller.
SupprimerA priori, je n'aurais pas forcément craquer sur ce titre... mais comme je te fais confiance sur ce type de lecture (il semblerait que nous ayons des goûts communs !) je le note pour plus tard ! ^^
RépondreSupprimerSi nous avons des goûts communs, tu vas forcément aimer.
SupprimerOhoh !! Jolie trouvaille :! et ça vient de sortir en plus ?? Bon, comment je vais m'y prendre pour commander ce bouquin auprès de mon libraire moi... ;)
RépondreSupprimerLe titre est discret, la couverture passe-partout... ça devrait le faire ;)
SupprimerTu ne sais donc pas le fin mot de l'histoire : vraies lettres ou roman ?!
RépondreSupprimerJe pense de plus en plus qu'il y a un mélange de vraies lettres et de réécriture.
Supprimercomme dirait l'autre gourde d'Anastasia : la vache, ça a l'air cochon...^^
RépondreSupprimerblague à part, ta chronique donne furieusement envie de lire les lettres de mademoiselle S.... j'aime beaucoup la genèse de leur découverte... surtout si c'st authentique ! ;)
Plus le temps passe et plus je doute de la totale authenticité des ces lettres. J'espère avoir le fin mot de l'histoire un jour.
Supprimerouh là là ... :))))
RépondreSupprimerN'est-ce pas ;)
Supprimermmmmhhhhhhhh, je suis curieuse...
RépondreSupprimerPourquoi est-ce que ça ne m'étonne pas...
SupprimerDe l'épistolaire érotique ! Tu sais me mettre l'eau à la bouche !
RépondreSupprimerJ'en suis ravi ;)
SupprimerUn mois où beaucoup se sont tourné vers l'historique c'est marrant .... je note ton titre et l'extrait d'introduction de ton post en attendant !!
RépondreSupprimerTu fais bien ;)
SupprimerVoilà qui donne envie !
RépondreSupprimerSi tu parles des lettres, je te réponds oui tout de suite ;)
SupprimerOhhh quelle jolie trouvaille ! Je VEUX ça... forcément !
RépondreSupprimerTu sais à qui le demander pour que l'on te le prête ;)
SupprimerOh la sacrée Simone !
RépondreSupprimerDommage qu'on n'en sache pas plus sur cette femme et son amant. Ont-ils vraiment existé ? Car je connais des gens qui ont écrit des missives à des amants imaginaires... Bon vu le nombre ... je doute mais chaud chaud !
La réalité de leur existence (et de leurs ébats !), on ne le saura peut-être jamais...
SupprimerMademoisellle Sade... je n'y crois pas ; pour ma part je suis plutôt sceptique
RépondreSupprimerRien à voir avec Sade, c'est juste Simone ;)
Supprimer(mais j'ai aussi des doutes, impossible de ne pas en avoir à la lecture).
hum hum c'était chaud chez toi cette semaine :)
RépondreSupprimerEt j'ai tendance à être sceptique aussi sur l’authenticité de la totalité :)
Très chaud même. Et très sceptique aussi finalement ;)
SupprimerQu'elles soient authentiques ou pas ne me semble pas si important si le feu et la plume sont là. Et ce que tu en dis me plait.
RépondreSupprimerça change quand même beaucoup de choses je trouve, si ce portrait de femme est véridique ou pas.
SupprimerBon tu connais mon avis sur la question et sur la difficulté à trouver de vrais beaux écrits dans ce genre. Du coup, je note.
RépondreSupprimerOui, je connais très bien ton point de vue, on en a assez parlé tous les deux ;)
SupprimerJe le commence aujourd'hui. J'avais lu les premières pages que Gallimard avait publié sur sa page FB il y a quelques semaines. C'était apparemment un chapitre très soft.
RépondreSupprimerJe me réjouis de l'entamer et de m'en faire mon propre avis.
Merci pour cette chronique, tu écris très bien.
Audrey
Les premiers chapitres sont soft, oui. Mais après, ça se corse ;)
SupprimerJe viens de le terminer...et en effet, ce n'est pas soft du tout.
SupprimerJ'ai un avis assez mitigé sur cette lecture.
Plus j'y pense et plus je me dis qu'il y a eu des rajouts ou des passages réécrits. Je ne dis pas que les lettres ne sont pas authentiques mais pour moi un certain nombre ont été profondément "retravaillées".
SupprimerLa Musardine m'avait proposé ce livremais je n'avais pas répondu. Voilà que j'ai des regrets..... rahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!
RépondreSupprimerJe suis certain que tu adorerais !
SupprimerAh, je ne suis pas étonnée que ton avis rejoigne le mien...
RépondreSupprimerJ'ai découvert cette pépite par hasard en librairie, et je m'en suis tellement réjouie. C'est un vrai bonheur, ce livre.
Je me suis également questionnée sur l'authenticité tant ses écrits sont... libérés.
Mais comme tu dis, peu importe.
Oui, c'est une découverte assez incroyable quand on y pense !
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