mercredi 29 février 2012

Cent mille journées de prières : livre premier

Loo Hui Phang et Sterckeman
© Futuropolis 2011
Louis, 8 ans, est un enfant taciturne et solitaire. Il vit seul avec sa maman dans une petite ville normande. Il ne sait rien de son père, en dehors de ses origines asiatiques. Sa mère, française, ne lui en a jamais parlé. A l’école, Louis l’eurasien est habitué au racisme ordinaire de ses petits camarades qui le traitent de « fils de Bruce Lee ». Il n’a pas d’ami et cela lui convient très bien. Un jour, ne supportant plus de le voir tout le temps seul, sa mère lui offre un canari. Ce nouveau compagnon va devenir le confident de l’enfant jusqu’à l’arrivée d’une famille de réfugiés cambodgiens. Ces gens ont connu son père. Peu à peu, les coins du voile vont se lever et sa mère va devoir lui révéler la vérité...

Un terrible secret de famille, un enfant en souffrance, les stigmates d’une guerre épouvantable... tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce récit intimiste un concentré d’émotion. Avec beaucoup de pudeur, les auteurs dressent le portrait touchant d’un jeune garçon en quête d’identité. L’analyse de ses réactions est fine et sonne juste et la progression du récit, très lente, est d’une grande délicatesse. Si j’avais un reproche à faire, il concernerait les personnages secondaires : pourquoi une voisine acariâtre dont le mari sort de prison pour la terroriser ? Pourquoi un camarade de classe dont le père s’est suicidé ? Pourquoi une grand-mère mourante ? Il y a là comme une volonté d’en rajouter dans le pathos. Comme si absolument tous les protagonistes devaient être en souffrance pour se mettre au diapason de Louis. Il me semble au contraire qu’il aurait été plus judicieux d’équilibrer les choses en offrant ici ou là quelques « respirations » positives.

Graphiquement, Michaël Sterckeman navigue entre un découpage classique en gaufrier plus ou moins régulier et une mise scène onirique qui retranscrit à merveille les angoisses de Louis. L’utilisation d’une bichromie de noir et de gris colle à l’aspect terne et triste de l’existence des différents personnages. Les visages sont peut-être un peu trop figés et manquent d’expressivité mais le dessin reste dans l’ensemble très efficace et accompagne sobrement le récit.

Une belle histoire qui sombre néanmoins par moments un peu trop facilement dans la dramaturgie pure et dure. Mais le personnage de Louis est tellement attachant que mon impression concernant ce premier tome reste largement positive. J’attends donc la conclusion de ce diptyque avec une certaine impatience.

Un album découvert grâce à Mo' qui, une fois de plus, m'a donné l'occasion de lire un album que je ne serais jamais aller checrher par moi même . Un grand merci à elle.

L'avis de Mo'
L'avis de Madoka
L'avis de Choco


Cent mille journées de prières T1 de de Loo Hui Phang et Michaël Sterckeman. Futuropolis, 2011. 120 pages. 20 euros.


Loo Hui Phang et Sterckeman © Futuropolis 2011

18 commentaires:

  1. Un peu trop sombre pour moi...
    Concernant les Petits mythos, comme j'aime tout ce qui a trait à la mysthologie, je n'ai pas pu m'empêcher de plonger dedans dès que je l'ai vu en librairie. Je suis sûre que mon loustic adorerait. Néanmoins, j'hésite à le lui proposer parce que je trouve que l'humour ne vole pas très haut.

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    1. Pour les petits mythos, il est évident que ça ne vole pas très haut. Mais je l'ai proposé à ma fille qui est en CM1 et qui vient d'étudier en classe une série de textes sur la mythologie (notamment autour d'Ulysse et des travaux d'Hercule) et elle était très contente de retrouver des personnages et des situations qu'elle connaissait déjà. Finalement, c'est peut-être juste un complément "léger" pour les enfants qui ont déjà en tête quelques bases plus "littéraires".

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  2. un ebd triste mais belle apparemment... Mo' est de bon conseil !

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    1. Tu as bien raison, difficile de faire mieux que Mo' en matière de conseil !

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  3. J'ai les mêmes questions que toi concernant les personnages secondaires... ce qui explique pourquoi j'attends impatiemment ce second tome car je ne conçois pas que ces éléments-là n'y soient pas réutilisés. Besoin de comprendre et surtout, besoin de savoir où cette quête conduira Louis
    Merci pour ce partage

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    1. Je me demande quelle direction va prendre le second volume, sans doute beaucoup plus centré sur l'histoire du père. Il devrait sortir début avril donc l'attente ne va pas être trop longue^^

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  4. la Bd développe des débats...donc à lire.

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  5. Autant le résumé me plait, autant j'ai du mal à lire une BD sans phylactères. Mais si j'ai l'occasion de l'emprunter je pense tenter.

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    1. Je pense qu'elle devrait se trouver assez facilement à la bibliothèque.

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  6. Je me rappelle avoir repéré cette intrigante BD chez Mo' et Choco... S'il s'agit d'un diptyque, je pense que je vais attendre sagement vos avis sur la suite pour me lancer ! ;-)

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  7. J'ai bien aimé ce premier tome qui invite à suivre le malaise d’un enfant dépourvu de repères essentiels, qui est quotidiennement victime d’une différence que sa mère refuse d’expliquer et qui partage ses angoisses et ses peines avec un canari.

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    1. Oui la relation très intime avec le canari est une belle trouvaille. Un peu morbide, certes, mais très belle.

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  8. Bizarre, cette mère qui refuse de parler vraiment à son enfant. A priori , c'est le genre de récit que j'aime: il faut voir!

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    1. Voila, c'est exactement ça, il faut voir pour se forger son propre avis^^

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  9. La planche présentée ne m'attire pas du tout, par contre l'histoire et la sensibilité qui semble se dégager pourrait me pousser à tenter l'expérience

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    1. C'est assez spécial au niveau graphique mais finalement c'est parfaitement adapté au ton de l'histoire.

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