La collection « Les décadrés », que j’ai découverte avec l’album Hors piste, propose une forme de création très particulière. L’écrivain reçoit une série d’images et les organise comme il le souhaite pour les mettre au service de son histoire. Ici, avec les illustrations très végétales à base de collages de Muriel Kerba, Valentine Goby a voulu raconter « l’extraordinaire défi relevé par le photojournaliste Sebastiao Salgado : replanter la forêt atlantique brésilienne dévastée par la sécheresse et la négligence des hommes ».
Un hommage à ce grand monsieur qui, revenant sur les terres de son enfance et constatant la disparition de la forêt où il a grandi, décide de la replanter avec l’aide des rares habitants qui n’ont pas déserté les lieux. Un projet pharaonique totalement fou qui aboutira, après quinze années de labeur, d’échecs et de persévérance, à la résurrection de trois millions d’arbres et d’un écosystème qui avait totalement disparu à cause de l’intervention humaine. Où comment Sebastiao Salgado est devenu le sorcier vert…
Un conte écologique au message très positif montrant que la déforestation n’est pas une fatalité et qu’avec une volonté à toute épreuve, il est possible de renverser des montagnes. Le texte est évidemment superbe (comment ça je ne suis pas objectif) et les illustrations sont autant de tableaux mêlant le pastel gras, les crayons ou l’acrylique à différents types de papiers. Un travail d’artisan 100% fait main, d’où surgissent des couleurs, des formes et des textures aussi variées que surprenantes.
Il est splendide cet album, vraiment splendide. Et moi, quand Valentine Goby me parle des « branches d’un jequitiba », de « pau-Brasil à l’écorce de soie », de « bouquets de flor-do-beijo vernissées comme des bouches de femmes », de « caïmans au ventre d’or » ou de « félins dont les yeux luisent comme des gemmes », et bien je fonds, c’est aussi simple que ça (oui, je sais, il ne me faut pas grand chose et je suis faible, mais j'assume).
Le sorcier vert de Valentine Goby et Muriel Kerba. Thierry Magnier, 2016. 40 pages. 16,50 euros.
Une pépite jeunesse que j'ai une fois de plus le plaisir de partager avec Noukette.