vendredi 5 mars 2021

La république du bonheur - Ito Ogawa

On a tous nos faiblesses, nos zones d’ombres, nos jardins secrets. On a tous du mal à assumer des lectures qui sortent du cadre que l’on s’est fixé, de l’image que l’on souhaite renvoyer. Moi par exemple je donne en général dans le gros dur tatoué, dans le glauque, dans le viril, dans l’alcool fort et la gueule de bois sévère. J’aime quand ça sent le sexe et la sueur, la pisse et le vomi. Du coup j’ai toujours dit que le feelgood ne serait jamais pour moi, que ce genre mielleux et dégoulinant de bons sentiments enrobé de titres à la mords-moi le nœud me filait des boutons. Ben j’ai menti. Parce que du feelgood, j’en lis. Et j’aime ça. Du moins quand il est signé Ito Ogawa. Avec Aki Shimazaki elle fait partie des rares autrices doudous dont les livres me remontent le moral quand tout vire au gris. Ce fut donc un vrai plaisir de me plonger dans cette République du bonheur (quel titre cucul soit dit en passant), suite directe de La papeterie Tsubaki.

J’ai donc retrouvé Hatoko, écrivaine publique ayant pris la succession de sa grand-mère dans l’échoppe familiale après le décès de cette dernière. Mariée depuis peu à un veuf tenant un petit restaurant, elle apprend le rôle de mère de substitution auprès d’une adorable fillette et continue de recevoir les demandes plus ou moins complexes de ses clients : une femme voulant écrire à son mari défunt pour lui dire à quel point il lui a pourri la vie, un garçon aveugle souhaitant dire à sa mère à quel point il est heureux de l’avoir pour maman, une vieille fille voulant se faire payer une dette par une amie malade sans la froisser, etc. 

Un roman paisible, croquant au fil des saisons les micro-événements du quotidien. On avance sereinement au rythme de la nature dans la ville balnéaire de Kamakura où la douceur de vivre n’est pas qu’un argument pour touristes. Comme toujours chez Ito Ogawa le personnage principal, féminin, est à un tournant de son existence. Comme toujours la nourriture a un rôle majeur, comme toujours la figure de la grand-mère est centrale et celle de la mère problématique. Bref on évolue en terrain connu, on sait que le sucré va se teinter d’un peu d’amertume mais qu’au final il n’y aura que du positif à retenir.   

Une lecture apaisante. J’ai quitté Hatoko et Kamakura à regret, j’espère qu’Ito Ogawa m’y ramènera bientôt. En attendant je vais relire Bukowski. 

La république du bonheur d’Ito Ogawa. Éditions Picquier, 2020. 282 pages. 19,50 euros.






47 commentaires:

  1. Coucou,
    je ne sais pour Ito Ogawa si on peut qualifier son écriture de feel good.. Mais alors pour Aki Shimazaki on en est très loin... Je viens de finir la pentalogie Au cœur du Yamoto et je suis très loin de trouver que ça ressemble à du feel good à la sauce "Martin Lugand" et consœurs ...
    Je trouve dans ses romans la profondeur et la délicatesse de ces auteurs japonais.
    Bises à toi

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    1. Je ne m'y connais pas assez en feelgood alors :)
      En tout cas ce sont deux autrices qui me font du bien, d'où le ressenti feelgood^^

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    2. Coucou,
      il faut dire que j'associe pour ma part et à tord le feel good à un aspect mièvre et cousu de fil blanc l'écriture et donc je n'aime pas... Mais après ce genre de livre me fait me sentir bien , il me file le good alors ;-) c'est sans doute très bien.
      Bisous en espérant que tu ailles bien

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    3. C'est le principal si tu te sens bien en lisant, et peu importe le genre de livre que tu as entre les mains.

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  2. J'avais bien aimé le premier donc je lirai probablement celui-ci...

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    1. Si tu as aimé le premier c'est une lecture indispensable !

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  3. Oui, le feel good dégoulinant c'est un peu autre chose, sois rassuré, ton image tient bon!

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  4. Le feel good me donne aussi des allergies (la palme au film Beignets de tomates vertes qui me donne envie de hurler à la lune), mais j'ai bien aimé La papeterie Tsubaki, je retiens donc celui-ci.

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    1. Tu vas retrouver tes marques sans problème avec celui-ci.

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  5. Ce n'est pas du feel good du tout, voyons Jérôme... J'ai beaucoup aimé La papeterie Tsubaki, je ne savais pas qu'il y avait une suite. On vient de m'offrir Le restaurant de l'amour retrouvé... En revanche, si le contenu n'est pas mièvre, les titres le sont souvent !!!

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    1. Le restaurant de l'amour retrouvé j'avais beaucoup aimé aussi (malgré ce titre encore plus cucul !).

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  6. Je n'ai jamais rien lu de cette Autriche. Je trouve les premières de couv' super sympas et j'aime le feel good.

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    1. Je reprends mon message en corrigeant la coquille : Je n'ai jamais rien lu de cette autrice. Je trouve les premières de couv' super sympas et j'aime le feel good.

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    2. On a vite fait de se laisser tromper par le correcteur automatique contre on écrit un commentaire à partir du téléphone; )

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  7. Je ne connais pas cet auteur mais ce que tu en dis donne terriblement envie de le découvrir! Merci pour cette chronique.

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    1. Tant mieux si je t'ai donné envie de la découvrir !

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  8. J'ai aimé "la papeterie Tsubaki", je lirai la suite tôt ou tard ; je sais à quoi m'attendre, parfois c'est agréable. Par contre, je n'ai pas aimé du tout "le jardin arc-en-ciel".

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    1. "Le jardin arc-en-ciel" est le seul que je n'ai pas lu d'elle je crois.

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  9. On dirait bien que le correcteur d’orthographe est passé chez Phili ! "Je n'ai jamais rien lu de cette Autriche" ou de cette autruche...
    Et sinon, j'ai lu Yoko Ogawa et pas Ito. Alors, je note...
    Syl.

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  10. Yoko Ogawa je ne connais pas du tout.

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  11. Tu connais mon aversion pour la littérature feel-good. Je ne sais pourquoi on colle cette étiquette à ce bouquin mais je ne vais pas tarder à le savoir puisque j'ai acheté le précédent hier.

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    1. Je me réjouis à l'idée que tu découvres Ito Ogawa !

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  12. Mais du coup, qu'est-ce qui fait que cette auteure, visiblement pas du tout dans le trip -sueur, sexe et sang - te plaît tant ? Je veux dire pourquoi elle plutôt que, je sais pas, Raphaëlle Giordanno, par exemple ? J'imagine qu'il y a bien une histoire de style. Mais peut-être pas que ?

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    1. ça tient à l'écriture oui (même si c'est un traduction), mais aussi au rythme, au dépaysement, au thème de l'écrivain public et à l'ambiance si particulière de Kamakura.

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  13. Ça m'a pas l'air du tout feel-good moi cette affaire là, mais ça te fait du bien et c'est bien l’essentiel ! Tentée par le premier du coup, surtout que je ne lis que très peu de littérature japonaise !

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    1. Pour moi c'est très feelgood mais comme tu dis peu importe tant que ça me convient ;)

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  14. Le premier tome m'avais paru mièvre, je ne lirai donc pas le second

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    1. Je te confirme que le second reste dans le même registre que le premier.

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  15. « le sexe et la sueur, la pisse et le vomi », tu n'en fais pas un peu trop là ?

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    1. Du tout non, j'adore quand un texte déborde de sexe, de sueur, de pisse et de vomi :)

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  16. Moi je distingue feel good et cosy. Feel good a ce quelque chose de sirupeux écoeurant et tout est calculé pour forcer l'émotion. Cosy, on est juste bien.:)

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    1. Cosy c'est bien comme appellation oui, je n'y avais jamais pensé.

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  17. Une suite à la Papeterie Tsubaki ? Mais heureusement que je passe par là ce matin, je ne savais pas ! Merci beaucoup. Bon dimanche.

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    1. Ce n'est pas une nouveauté en plus, il est sorti au mois d'août ;)

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  18. J'ai lu récemment "Le Restaurant de l'Amour retrouvé", j'ai beaucoup aimé et je lirai avec plaisir d'autres romans d'Ito Ogawa. On m'a conseillé également le "Le Jardin arc-en-ciel".
    La littérature japonaise peut être tendre et réconfortante voire l'opposé trash comme "Serpents et piercings" d'Hitomi Kanehara. ;)

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    1. J'avais beaucoup aimé "Serpents et piercings". Dans le genre auteur japonais "trash" Ryu Murakami est très bon aussi.

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  19. Des lectures qui font le grand écart, histoire de ne pas se scléroser.

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  20. j'arrive après tout le monde .. j'aime bien le fait qu'on soit en version graphique (et pas le roman) j'ai entendu parler du précédent mais pas de celui-ci du coup je viens de réserver les 2 ! moi j'ai besoin de noirceur mais toujours de lumière !

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  21. Je n'ai pas lu La papeterie tsubaki, mais il faut que je tente, et je pense que cela va me plaire.

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    1. Mieux vaut commencer par la Papeterie si on veut saisir toutes les subtilités de celui-ci.

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  22. J’ai lu Le Ruban et j’ai beaucoup aimé ( moi aussi je lis des romans plus doux et pas uniquement des écrivaines siciliennes féministes 😁)
    Et sinon, on se voit bientôt dans une CV ( rien de perverti, juste une classe virtuelle 😇)

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    1. J'espère que tu as apprécié la classe virtuelle ;)

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  23. Je viens de terminer La Papeterie. J'ai adoré ! Je file acheter la suite demain.

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