« Pas besoin d’avoir fait de grandes études pour comprendre que lorsqu’on est libanais, Israël, on n’y va pas. »
C’est pourtant le voyage improbable que souhaite entreprendre le narrateur, né en France de parents libanais. Un voyage pour découvrir le pays qu’on lui a appris à haïr depuis son enfance. Et s’il souhaite arpenter les terres ennemies de son peuple en simple touriste, il constate à regret durant le vol le rapprochant de Tel Aviv que, malgré ses bonnes intentions, dans son esprit, « Israël redevient Israël, ce pays illégitime. »
A la descente de l’avion, son passeport français ne suffit pas à lever les doutes sur ses origines. Mis sur le grill par des agents de sécurité pendant des heures dans les locaux de l’aéroport, le jeune homme se voit poser sans cesse les mêmes questions et finit par s’interroger sur sa propre identité : « Pour venir jusqu’à vous, j’ai dû oublier qui j’étais, mon histoire, celle de ma famille. J’ai mis Beyrouth entre parenthèses. Je n’ai plus de prénom, ni de nom. Mon nom est personne. Je ne suis plus rien, je ne suis même plus moi ou peut-être que si justement, je ne l’ai jamais été autant. Je ne sais pas. »
Un court roman qui, sous le vernis d’une certaine désinvolture, aborde avec profondeur la difficulté de s’affranchir de l’héritage familial pour construire son propre récit personnel. Et si la volonté d’émancipation est bien présente, le narrateur va se rendre compte avec fatalisme qu’il y a loin de la coupe aux lèvres, sans pour autant s’appesantir sur son sort. Le ton oscille entre légèreté et gravité, l’humour se mêle à la tendresse et si la colère affleure, elle ne déborde jamais plus que de raison.
Au final cette tragicomédie saupoudrée d’une bonne dose d’autodérision associe l’histoire très personnelle d’une quête identitaire à l’inextricable complexité du conflit israélo-palestinien. Le projet était aussi ambitieux que casse-gueule mais Sabyl Ghoussoub a su maîtriser son sujet avec brio pour signer un deuxième roman à la fois touchant et provocateur.
Beyrouth entre parenthèses de Sabyl Ghoussoub. L’Antilope, 2020. 130 pages. 16,00 euros.
Oui, sujet ambitieux et prometteur!
RépondreSupprimerExtrêmement tentant !
RépondreSupprimerUn peu cher, tout de même, pour 130 pages. J'attendrais sa sortie en poche.
RépondreSupprimerJe suis entièrement d'accord avec toi, Alex. Je trouve que c'est abusé ! Même si je comprends que les maisons d'édition ont besoin de vivre, 16 euros pour 130 pages vont refroidir plus d'un lecteur ou d'une lectrice motivé.e.
SupprimerIntéressant !
RépondreSupprimerCourt roman : premier bon point. Maison d'édition que je ne connais pas : second bon point. Prix un peu cher : pas un bon point. Ce que tu en dis (très bien d'ailleurs) : troisième bon point. Et j'aime beaucoup le flow de l'extrait : quatrième bon point. Donc en résumé : pourquoi pas ? Mais sincèrement, la maison d'édition pourrait faire un prix autour de douze-treize euros, le livre se vendrait mieux, serait plus accessible (surtout en ces jours de disette générale)
RépondreSupprimerLe sujet me parait très intéressant
RépondreSupprimerÇa pourrait bien me plaire, beaucoup de thématiques qui me parlent ici.
RépondreSupprimerJe me demande si il a réussi à visiter vraiment Israël.
RépondreSupprimerça a tout pour me plaire!
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas et je n'en avais pas entendu parler. Ca a l'air intéressant.
RépondreSupprimerTres envie de le découvrir et je sais à qui l'offrir aussi. Merci pour cette découverte.
RépondreSupprimerJe n'en ferais pas une priorité même si le thème est intéressant.
RépondreSupprimerPas certaine d'y trouver mon compte, je passe sur celui ci ;-)
RépondreSupprimerComme Noukette, je passe mon tour.
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