mercredi 3 avril 2019

Mes héros ont toujours été des junkies - Ed Brubaker et Sean Phillips

Keith Richards, David Bowie, Lou Reed, Elliott Smith, Billie Holiday, Jean-Paul Sartre, Gram Parsons, Judy Garland, Marilyn Monroe, Janis Joplin, Van Gogh, Nick Cave ou Burroughs. Les héros d’Ellie sont tous des junkies. Pour elle, ces camés sont romantiques, ils brûlent la chandelle par les deux bouts et la drogue fait d’eux des êtres à part, touchés par la grâce. Dans le centre de désintox où son oncle l’a traînée de force en lui promettant que ce serait « sa seule chance », elle fait figure de rebelle. Pas question pour elle de décrocher, être « clean » rend la vie trop triste.

Dans son  groupe de parole, elle fascine autant qu’elle agace. Pour Skip, c’est une plante vénéneuse irrésistiblement attirante. Le garçon sait pourtant qu’il doit se tenir à carreau s’il ne veut pas rechuter. Mais la mauvaise influence d’Ellie et son aura magnétique sont plus fortes que sa bonne volonté. S’échapper du centre n’est pas l'idée du siècle. Pourtant, il ne pourra s’empêcher de la suivre dans sa fuite en avant. Et une fois le pas franchi, plus de retour en arrière possible, il faut foncer, quitte à se brûler les ailes. Définitivement.

Le scénario se présente comme une longue nouvelle se déroulant dans l’univers de la série « Criminal ». Le récit n’est pas aussi simple que les apparences peuvent le laisser supposer. Au-delà de l’idéalisation des junkies et de l’histoire d’amour tragique, Ed Brubaker et Sean Phillips tricotent un polar noir, serré, amer. Ellie est bien plus complexe que sa posture et son discours le suggèrent, ses zones d’ombres cachent des dessins aussi sombres qu’inavouables.

Un polar comme je les aime aux personnages torturés, porté par la figure toxique d’une héroïne au charme fatal. Brubaker et Phillips m’avaient récemment conquis avec l’excellent « Fondu au noir », ils confirment ici la qualité de leur collaboration et je compte bien les retrouver très bientôt , notamment avec la série « Killed or be killed » (tout un programme !).

Mes héros ont toujours été des junkies d’Ed Brubaker et Sean Phillips. Delcourt, 2019. 80 pages. 12,00 euros.











21 commentaires:

  1. Oh ça me plait !

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  2. Voilà un album qui te va comme un gant...! (et je n'insinue rien sur tes éventuelles addictions ^^)

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  3. Oh que c'est tentant... Très tentant même !

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  4. Suis-je du genre à être un peu tentée par cet univers de junkies?

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  5. Voilà qui pourrait me plaire à moi aussi !

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  6. Les illustrations ont l'air plus douce que le propos. merci de la découverte.

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  7. Le dessin est un peu classique, tu ne trouves pas ?

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  8. Oh que ça a l'air intéressant!

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  9. Un polar qui pourrait me plaire car j'accroche bien au graphisme.

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  10. Ouhla, j'ai du mal avec le graphisme, les personnages en particulier, et bon, visiblement je juge sur la surface car a priori le fond a l'air plus intéressant qu'il n'y paraît mais je ne le sens pas trop pour moi cet album. Me trompè-je ?

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  11. Ayant beaucoup aimé Fondu au noir, je suis évidemment tenté !

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  12. En lisant le titre, je me suis dit que tu avais bien choisi ta BD de la semaine (vu tes goûts). Tu confirmes. Je ne sais s'il me plairait mais je m'en souviendrai s'il croise ma route.

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  13. Le pitch m'intéresse mais le graphisme beaucoup moins, je feuillèterais à l'occasion pour voir.

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  14. Tu le vends très bien ! Je note !

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  15. Rien que pour les deux auteurs, je note !

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