mercredi 17 janvier 2018

Fondu au noir - Ed Brubaker, Sean Phillips et Elizabeth Breitweiser

Hollywood, 1948. Le scénariste Charlie Parrish se réveille dans une baignoire après une nuit de beuverie. A ses cotés se trouve le corps sans vie de Valeria Sommers, LA star du studio pour lequel il travaille. Constatant que la jeune femme a été étranglée et n’ayant aucun souvenir des heures précédentes, il s’enfuit sans demander son reste. Apprenant que le meurtre a été maquillé en suicide par ses patrons pour éviter un scandale, Charlie essaie de recoller les pièces du puzzle pour comprendre ce qu’il s’est passé au cours de la funeste soirée. Ce faisant, il met le doigt dans un engrenage qui risque de le broyer sans la moindre pitié.

Un noir serré, amer, sans un gramme de sucre. Il faut s’accrocher au départ pour s’y retrouver dans la foultitude de personnages (merci le trombinoscope présent au début de l’album !) mais une fois les repères trouvés, on se régale de bout en bout. L’atmosphère pesante de l’industrie du cinéma de la fin des années 40 avec ses stars ingérables, ses producteurs véreux et ses scénaristes alcooliques est rendue à la perfection. La dimension politique (chasse aux sorcières communistes dans tous les studios d’Hollywood) est un élément majeur de l’intrigue. Manipulation, corruption, règlements de comptes et secrets inavouables rythment une histoire sans temps mort aux nombreux rebondissements.

Les personnages ont tous une vraie densité, leur évolution psychologique est extrêmement crédible et leurs relations particulièrement  travaillées. Un vrai plaisir de se plonger dans ce polar poisseux à souhait, porté par les dessins aussi sombres que réalistes d’un Sean Phillips au sommet de son art. Bars miteux à peine éclairés, femmes fatales en robe fourreau, tapis rouge, chapeau en feutre, verre de whisky dans une main et cigarette dans l’autre, l’ambiance de l’époque, digne d’un roman de Raymond Chandler ou de Ross MacDonald, fascine autant qu’elle effraie.

Un album diaboliquement vénéneux à la mécanique sans faille. Efficace et  addictif.


Fondu au noir d’Ed Brubaker, Sean Phillips et Elizabeth Breitweiser. Delcourt, 2017. 380 pages. 39,95 euros.


Une lecture commune partagée avec Mo.



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60 commentaires:

  1. Tout pareil comme toi, Monsieur ! Un brin décoiffée au début le temps de m'y retrouver mais ensuite, c'est un vrai régal. Je m'attendais à un dénouement encore plus trash cela dit !

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    1. Le dénouement est à la hauteur du reste je trouve. Chouette lecture commune en tout cas !

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  2. Comme je disais chez Mo juste avant, je ne suis pas sûre d'accrocher mais j'ai bien envie d'essayer. Ton avis augmente d'ailleurs cette envie!

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  3. Oh oh, une sacrée BD quand même... Presque 400 pages !!!! Toi qui n'aiment pas les pavés 😁

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  4. Je ne suis pas étonnée que tu aies trouvé ton compte dans ce polar costaud ! Il était fait pour toi !

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  5. 400 pages en plus ? Rah, non, sans façon ... Malgré ton billet très tentant ! :)

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    1. Si à la base ça ne t'attire pas plus que ça, ce n'est pas le nombre de pages qui va te convaincre ;)

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  6. Malgré vos avis plus que positifs, je passe!

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  7. le billet de Mo' est tentant, le tien confirme cette envie!

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  8. Je ne passe pas, j'adorerais m'y plonger !

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    1. Ce n'est pas très gai, je ne vais pas te dire le contraire.

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  10. encore une de plus à noter dans ma wish list, c'est pas malin, ça ;-)

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  11. Malgré ton enthousiasme et après avoir lu l'avis de Mo', ce titre ne m'attire pas vraiment.

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  12. J'ai adoré, moi aussi, ce "polar noir". En plus, j'ai al chance d'interviewer Mr Sean Phillips à Angoulême.

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  13. Pouh pouh pouh, ça a l'air très bon en effet ! 380 pages ? Wouahou ! Faut que je vois la bête en librairie. Ça m'étonnerait que je le trouve à la bib' pour l'instant.

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    1. Il va sans doute falloir attendre un petit peu en effet.

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  14. Bon. J'avais décidé de ne pas le lire suite au billet de Mo' mais là, je ne sais plus... peut-être que ça va arriver un jour à la bibliothèque. Un jour. Le temps que ça traverse l'océan.

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  15. Très tentant. J'ai un peu peur tout de même de l'épaisseur du truc koa ! Et pourtant ce n'est pas de moi (m'enfin, j'me comprends !)
    Des bises jeune homme

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    1. Moi qui pensais que tu n'étais jamais impressionnée par la taille:p

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  16. Déjà le titre et la couverture m'attirait diablement, alors avec vos avis en plus, je la lirai, c'est sûr !

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    1. Je ne suis pas polar mais j'ai quand même beaucoup aimé.

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  18. 3 auteurs/dessinateurs pour cet album, il doit en effet être bon.

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  19. Comme dit à mo', votre enthousiasme ne sera pas suffisant cette fois ;)

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  20. Au début je croyais que c'était un roman ! Il semble un peu sombre

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  21. Moyennement tentée par cet album, je passe pour celui-ci, désolée

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  22. wouah, ça a tout pour me plaire ! merci pour la découverte !!!

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  23. Pas sûre que ce soit ma came même si l'addiction semble au RDV.

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  24. Un polar poisseux ? Mais c'est une BD pour moi !!!

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