mercredi 8 février 2017

La jeunesse de Staline T1 - Delalande, Prolongeau et Liberge

Comme tout le monde, Staline a eu une jeunesse. Comme (presque) tout le monde, c’est à cette période qu’il a construit le socle de sa future vie d’adulte. Naissance en 1878 à Gori, en Géorgie. Mère couturière, père cordonnier. Ce dernier, violent et rongé par l’alcool, précipite sa famille vers là ruine. Pour protéger son fils, la maman place le petit « Sosso » à l’école paroissiale. Frappé par la vérole, renversé par un fiacre (il en gardera des séquelles à un bras), le gamin enchaîne les coups durs. La lecture d’Hugo, de Marx et du Germinal de Zola façonnent ses prises de position politiques en faveur du peuple contre le tsar, les élites et les financiers. Après cinq ans au séminaire de Tiflis, cet athée fauteur de trouble « ingérable et d’une insolence rare » est renvoyé sans ménagement. Il entre alors dans la clandestinité, s’engageant de façon radicale et violente auprès du futur parti bolchévique dont il prendra bientôt les rênes aux cotés de Lénine et Trotsky.

Je ne connais quasiment rien de Staline. Je le vois juste comme un abominable dictateur. Cette biographie a le mérite de m’en apprendre plus sur le personnage, sur le parcours qui l’a amené à devenir un monstre sanguinaire à tendance psychopathe. Une vie de famille difficile, les galères qui s’enchaînent, une enfance où l’on en bave et une envie de s’en sortir en écrasant les autres, en faisant fi de l’humain, en se gardant de toute empathie qui pourrait perturber la marche en avant d’un destin glorieux. Finalement, avant d'être un idéologue, Staline se comporte comme un caïd, un mafieux géorgien en guerre contre l’impérialisme russe.

Les auteurs ont l’intelligence de placer leur récit en 1931, au cœur du Kremlin, alors que Staline dispose des pleins pouvoirs depuis trois ans après avoir éliminé tous ses opposants. Le petit père des peuples va se confesser à un secrétaire du parti et raconter sa jeunesse. Cette astuce narrative permet d’emblée au lecteur de ne pas oublier que si le portrait des jeunes années offre l’image un peu romantique d’un voyou lettré fascinant ses camarades et capable de discours électrisant la foule, il n’en reste pas moins l’un des plus impitoyables tyrans de l’Histoire. Pas d’apologie donc. Ni d’excuses à avancer pour justifier l’injustifiable. Les événements s’enchaînent et illustrent avec limpidité la naissance du monstre, en dehors de tout jugement.

Le dessin réaliste donne dans l’efficacité et rappelle par moments le trait de l’excellent Jean-Yves Delitte, période Donnington. Un premier tome de qualité, percutant et documenté, loin de toute hagiographie, qui dresse le portrait d’un futur tueur de masse dans toute sa complexité.

La jeunesse de Staline T1 : Sosso de Delalande, Prolongeau et Liberge. Les Arènes BD, 2017. 72 pages. 17,00 euros.















36 commentaires:

  1. Bien bien... sacré menu chez toi aujourd'hui ! Alors pourquoi pas mais... euh... il me faut un temps de réflexion... et feuilleter... et savoir combien de tomes au total pour cette série :P

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    1. A vrai dire je ne sais pas combien de tomes sont prévus.

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  2. Euh pareil .... un poil de difficultés avec la BD (et les romans aussi) historique et biographique... Bref, si je la croise, je verrai (mais cela dit, ça devrait plaire à mon poilu !)
    Bisous jeune homme

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    1. Ce n'est pas forcément mon truc non plus mais là j'ai apprécié.

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  3. tu me rends curieuse, je note même si je ne suis pas fan de biographies en général :D

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  4. toujours fan de romans ou de films qui se passent en Russie! je note donc cette BD, le thème m'intéresse et j'aime beaucoup les couleurs!

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  5. Pas simple ce genre de lecture mais toujours hyper intéressant... Même s'il vaut mieux avoir le cerveau disponible pour ce genre de biographie...!

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    1. C'est quand même un album qui se lit assez facilement.

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  6. Je le lirai sans doute mais quand la suite sera parue.

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  7. oh c'est étrange, car un livre sur son enfance et son histoire est également paru et un blogueur polonais l'a lu et dit que c'est génial, et il parle de son enfance à laquelle tu fais référence. Bon le bouquin semble peser une tonne, donc le format BD serait plus approprié ! je note tavaritch Jerome !

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  8. Voilà qui m'intéresse, je feuilleterai à l'occasion !! ;)

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  9. Je trouve cela très intéressant de découvrir un personnage comme Staline par la BD.Je n'aurais pas de courage de lire une biographie dans un format classique.

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    1. Je suis dans le même cas que toi donc cette BE est tombée à pic ;)

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  10. Tiens, comme toi je réalise que je ne connais rien de Staline vraiment (mais j'avoue ne m'être jamais penchée sur la question). Pourquoi pas, à l'occasion. Sans urgence parce que bon, je vois que c'est un tome 1...

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    1. Tu as l'excuse idéale pour ne pas te précipiter :p

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  11. J'avoue que ça me plairait de pouvoir emprunter ce premier tome à la médiathèque dans quelques temps, ça doit être très intéressant.

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  12. Oh, je veux absolument lire ça! Je ne connais pas du tout le personnage, à part dans le rôle de méchant de l'histoire. Du coup, je suis curieuse!

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  13. contrairement à toi j'ai beaucoup lu sur Staline mais c'est sans doute important d'en savoir encore plus. Seulement il fait partie des gens qui me rendent trop triste

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  14. Difficile de ne pas voir Staline comme une pourriture. En lisant son enfance, j'imagine que l'on s'explique mieux ce qu'il est devenu..

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    1. ça n'excuse pas la suite, ça ne donne pas de circonstances atténuantes mais disons qu'au moins on comprend mieux les choses.

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  15. Ah si c'était plus facile de trouver des bd à la médiatheque... 😄

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  16. J'étais passée à côté tiens!
    Je te rejoins ce que tu as dit sur mon blog à propos de "Kersten", en effet, dessin classique (pas ce que je préfère) mais assez réaliste. Je la note pour en savoir davantage!

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    1. Ce n'est pas le genre de Bd que j'aime le plus à la base mais à petite dose c'est plaisant. Et instructif surtout !

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