mardi 20 mai 2014

Les vilains petits - Catherine Verlaguet

C’est une cour de récré comme les autres. Ce sont trois gamins comme les autres. Des amis tranquilles. Sans embrouilles. Jusqu’au jour où Malone débarque dans la classe. Malone et sa mauvaise réputation. Paraît qu’il s’est battu dans son ancienne école. Avec un p’tit. Il est allé à l’hôpital le p’tit. Malone débarque et l’équilibre du groupe va changer. Malone veut prendre le pouvoir. Il va trouver en Loan un allié de poids. Loan le suiveur, prêt à abandonner ses anciens copains, Maya et Valentin. Maya, la fille persuadée de ne pas en être une parce que « les filles ça n’a le droit de rien. Ça rit comme des casseroles, ça sait pas courir au foot, ça se casse fragile, ça crie quand ça tombe et faut les ramasser ; ça sait pas se débrouiller, faut toujours les aider et leur démêler les cheveux ! Les filles y faut pas les salir, y faut pas les toucher […] J’suis pas une fille. » et Valentin « l’enrobé » qui va devenir le souffre-douleur idéal. Valentin et son ras le bol : « Leurs moqueries me font fondre à l’intérieur, chacune un peu plus, je me dissous de l’intérieur. […] J’imagine qu’il en faut un, de punching-ball, de bouc émissaire, un seul sur qui taper, c’est plus facile, on ne peut pas se tromper. »

Cette pièce de théâtre est un bijou de réflexion sur l'enfance. Tout y est : la camaraderie et la cruauté, les jeux de pouvoir, les alliances temporaires ou durables, la complicité sincère et celle de façade. Les enfants qui souffrent, les violents, ceux n’acceptant pas leur corps et ceux qui voudraient juste exister aux yeux de leurs parents. C’est tonique et enlevé, les réparties font mouche, la langue est vive et musicale. Il y a même des moments de poésie :
- Regarde, la nuit est en train de tomber !
- On va la ramasser ?
- On va s’en mettre plein les poches.
- S’en barbouiller partout.
- Jusqu’à devenir noirs de nuit.
- Et disparaître
- Devenir invisibles.

Et puis il y a cette fin incroyable, tellement surprenante parce que tellement à contre courant de l’esprit consensuel que l’on trouve d’habitude en littérature jeunesse. Un drame survient et il faut se serrer les coudes. Oui mais. Ces enfants sont humains, donc forcément égoïstes. Sauver sa peau, rien de plus logique, quitte à  enfoncer l’autre. Oui mais. Tout n’est pas si simple. Des vilains petits, c’est dans le titre. Ou des petits tout court, juste humains, pas forcément vilains…


Les vilains petits de Catherine Verlaguet. Théâtrales jeunesse, 2014. 86 pages. 8,00 euros. A partir de 9 ans.

Une nouvelle lecture commune du mardi avec Noukette pour une nouvelle pépite jeunesse !







16 commentaires:

  1. Cette ambiance me rappelle quelque chose ...
    Je note.

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  2. J'ai noté, je reviens de chez Noukette.
    J'aime ta petite phrase en conclusion... "Ou des petits tout court, juste humains, pas forcément vilains…"

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  3. Merci de m'avoir fait relire du théâtre, et du bon ! Tout est d'une grande justesse je trouve dans cette pièce et j'ai vraiment adoré les dialogues !
    Ravie que ce titre fasse partie de la nouvelle sélection du Prix des jeunes lecteurs de l'Oise, une sélection riche et éclectique, je sens qu'ils vont adorer !

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    1. Et quand j'annonce aux enseignants qu'il y aura du théâtre dans la sélection l'an prochain, ils ont tous l'air plus que ravi. Comme quoi, on a bien fait de prendre un petit risque, une fois de plus ;)

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  4. j'adore ! C'est noté et transmis à ma prof de théâtre

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  5. Il faudrait arrêter d'aimer des choses aussi tentantes !!! Mon stylo s'use à force de noter et de renoter...

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    1. Désolé mais on aime beaucoup jouer aux tentateurs ;)

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  6. je ne lis pas souvent de théâtre mais ça me fait envie
    Luocine

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    1. ça vaut le coup je pense de faire une petite exception à la règle ;)

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  7. Je le note, pour les répliques , pour tout.

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