dimanche 23 mars 2014

Les bonnes gens - Laird Hunt

1911. Ginny est une vieille femme blanche au service de Lucious Wilson depuis des années. Elle se rappelle qu’avant d’arriver dans l’Indiana, elle fut mariée à Linus Lancaster, un petit cousin de sa mère. Un homme qui l’emmena au fin fond du Kentucky, dans une ferme surnommée « le paradis ». Elle s’y installa au début des années 1850 alors qu’elle n’avait que 14 ans. Dans ce « paradis », Linus exploitait sans vergogne des porcs et quelques esclaves, les premiers étant bien mieux traités que les seconds. Parmi eux deux sœurs, Zinnia et Cleome, à peine plus âgées que Ginny. Deux sœurs qui formèrent sa seule compagnie et qui, le jour où le maître alla les rejoindre dans leur lit, devinrent d’abord des ennemis, puis des souffres douleur. Se mettant au diapason de son terrible époux, Ginny se transforma peu à peu en monstre de cruauté. Mais lorsque le règne du tyran s’acheva dans le sang, les esclaves endossèrent les habits du bourreau et les rôles s’inversèrent…

Il se dégage de l’écriture de Laird Hunt une impression de puissance assez exceptionnelle. Une grande maîtrise de la narration aussi. L’enchevêtrement des époques, la sincérité des différentes voix qui s’expriment, la violence, à la fois suggérée et terriblement réelle, tout cela donne un texte aussi riche qu’hypnotisant.

L’inversement des rôles, le passage des victimes en bourreaux, relève quelque part de la métaphysique. La quatrième de couverture parle de « partition sans fin de la redoutable réversibilité du mal » et je crois que c’est exactement de cela qu’il s’agit. La vengeance se fait sans aucun plaisir et sans véritable haine, elle découle simplement d’une forme d’évidence. Une obsession douloureuse à laquelle Zinnia et Cleome ne peuvent se soustraire. Une obsession que finalement Ginny trouve logique. Et le lecteur de plonger avec fascination et dégoût au cœur de l’abomination.

Un roman d’une rare intensité dont on ne ressort pas indemne. Tout ce que j'aime !


Les bonnes gens de Laird Hunt. Actes sud, 2014. 245 pages. 20,80 euros.

Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Valérie.






32 commentaires:

  1. Brrrrrrrrrrrr ... tu me fais peur là !

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    1. C'est pas vraiment effrayant, disons que ça fait réfléchir...

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  2. Val et toi, vous aimez tous les deux beaucoup ce roman qui, à lire simplement le résumé, me donne froid dans le dos comme Aifelle. Comme quoi, tout est dans le style. Je le note!

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    1. Le style est tout en subtilité, l'auteur ne cherche pas du tout l'escalade dans l'horreur.

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  3. Raaaaa ça donne trop envie ce que tu en dis. Le sujet m'intéresse beaucoup et si en plus c'est bien écrit, comment résister ?
    Bon... un de plus sur la liste !

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  4. Plonger au coeur de l'abomination ? Brrr.....

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    1. Je te rassure, ce n'est pas pire que les polars que tu as l'habitude de lire ;)

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  5. C'est terrible, mais c'est aussi tout ce que j'aime! et encore un en plus!

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  6. Est-ce que tu as compris qui était le couple du début et ce qui se cachait dans le cadre photo? Ce fut encore une belle lecture commune. Quelle puissance dans l'écriture! Et quelle surprise pour moi de découvrir la tête de l'auteur quand je m'attendais à une femme noire.

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    1. J'ai compris ce que j'ai voulu comprendre, c'est à dire que pour moi ce couple représente les 1ers habitants du terrain où fut construit par la suite "le paradis" (puisqu'il est question du puits à un moment). Mais je me trompe peut-être complètement...

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  7. Sûr, je suis curieuse de cette histoire, mais je sais que je ne la lirai pas. Qu'on me la raconte, je ne dis pas non...

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    1. Tu es peut-être un peu trop sensible pour cette histoire...

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  8. Ton billet est très tentateur. Un roman qui dérange et qui fascine, je suis preneuse.

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  9. Comme Syl, ma curiosité est éveillée, mais non, je crois que je ne pourrai pas...

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  10. Rien que le résumé me parle ! Je note ! (ça mange pas de pain^^)

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    1. Celui-là il est fait pour toi je pense, tu peux le noter bien avant certains autres (dans ta liste des titres à lire en 2018 par exemple^^).

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  11. Effrayant mais terriblement tentant... Et comme tu es très convaincant il y a de grandes chances que je le lise un jour...

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    1. J'aime essayer de me montrer convaincant quand un livre m'a vraiment plu.

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  12. oui je l'ai vu passer mais je ne peux pas le lire, pour de multiples raisons et parce que cela me rappelle certains films. Comme déjà dit mon esprit crée des images très vives avec ce genre de lecture alors ...

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    1. Alors il vaut meiux faire l'impasse, tu as raison.

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  13. J'ai l'impression que c'est trop sombre pour moi.

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