jeudi 10 octobre 2013

Sauf les fleurs - Nicolas Clément

Marthe. Elle s’appelle Marthe. Une enfance passée à la ferme avec ses parents et son petit frère Léonce. Une enfance cauchemardesque à cause de ce père qui les battait comme plâtre. C’est surtout sa mère qui prenait les coups. Une violence insoutenable, incompréhensible :  « Depuis des lustres, Papa ne prononce plus nos prénoms, se jette sur le verbe, phrases courtes sans adjectif, sans complément, seulement des ordres et des martinets. Dans mon dictionnaire, je cherche la langue de Papa, comment la déminer, où trouver la sonnette pour appeler. Mais la langue de Papa n’existe qu’à la ferme. Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu’à la prochaine claque. »  Très tôt la haine pour ce tyran domestique. La peur aussi. Chevillée au corps. Et puis il y a eu ce jour funeste. Le geste de trop. Maman qui ne s’en relèvera pas. Heureusement pour Marthe, Florent était là. Un phare dans la tempête d’émotions et de tristesse qui l’a submergé. A maintenant dix-huit ans, elle entrevoit un avenir possible. Et pourtant…

Difficile de parler de ce texte tant il remue, tant il vous attrape à bras le corps. Il aurait été facile de dramatiser à l’extrême, de donner dans le tire-larme dégoulinant. On en reste pourtant très loin. La narration elliptique y est pour beaucoup. Des phrases courtes, saccadées. Une succession de petits paragraphes où une certaine forme de poésie vient vous cueillir sans crier gare. Marthe murmure son récit dans un souffle. Elle dit la douleur mais aussi son éveil au désir dans les bras de Florent. La violence du père face à la sensualité, face à la tendresse de l’amour. On croit à une possible résilience, on se dit que cette petite fille devenue femme va parvenir à se reconstruire. Mais le traumatisme est toujours présent, la haine viscérale.

Une histoire simple. Une histoire belle et dramatique. Bouleversante. Une plume tout en délicatesse. Sauf les fleurs est un premier roman. C’est surtout un texte magnifique qui vous poursuivra longtemps. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.


Sauf les fleurs de Nicolas Clément. Buchet-Chastel, 2013. 75 pages. 9 euros.

Une lecture commune que je l'ai plaisir de partager avec Marilyne, Noukette et Stephie. Un sacré trio !

Les avis de Alex ; Canel ; Clara ; Cristie ; Jacky Caudron







48 commentaires:

  1. Coup de poing, coup de coeur... Tout ça et bien plus encore... Une vraie découverte d'auteur, ça c'est de la littérature ! Difficile de s'en remettre...

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    1. On est tous les deux d'accord pour dire que c'est très beau !

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  2. Sauf les fleurs marquera...c'est sûr...

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  3. Ouais... mais cette chute... moi je n'y crois pas...

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  4. Très tentant malgré le petit nombre de pages.

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  5. Il me fait peur ce livre, j'ai peur de devoir acheter un stock colossal de mouchoirs avant de lelire...

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    1. Non, non rassure-toi ce n'est pas larmoyant (du moins je trouve...).

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  6. Un autre endroit10 octobre 2013 à 09:36

    Je le note...pour les autres. Pas sûre d'avoir envie de lire de la violence.

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  7. Ce qui me dérange c'est le formatage des livres. On est devant un rapport Nb de page sur Prix. 75 pages = 9 €. Mon éditeur me de mande 400 000 cratères pour 14 € etc. On peut faire un chef d'oeuvre pour 10 pages, comme une daube pour 1000...

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    1. Je pense que le lecteur, quand il aime, il ne compte pas^^

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  8. Noté ! Je suis curieuse de lire cette fin qui dérange Stéphie.

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  9. Après le Billet de Cristie, Jacky et le tien comment résister ? il est dans ma liste, et je me languis de le lire, vraiment .... J'ai trois masses critique en cours ensuite j'attaque celui là, il le faut :D

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  10. Ton avis est aux antipodes de celui de Maryline, j'essaierai de le lire pour me faire ma propre idée.

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  11. Je viens de chez Noukette (où je l'avoue, je reste un peu de marbre) et de chez Marilyne (claque magistrale, si je puis me permettre). Le sujet ne m'attire pas, c'est peut-être fermer les yeux, mais ... je tenterai d'abord les conseils de Marilyne (certains traînant dans ma pile...)

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    1. Je me doute bien que ta pal n'attend pas après ce titre^^

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  12. Une histoire qui m'a profondément émue mais parce que justement elle ne détaille pas l'ombre mais se penche sur la lumière !

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    1. ça restera sans doute ton coup de cœur de la rentrée !

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  13. Je l'ai noté hier chez Alex, je vais le surligner et il fera partie de la prochaine commande ! Pfff.....

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  14. Et bien, rien que ça ! Je suis intriguée, je dois dire... Va falloir les avis de tes compère pour me convaincre complètement :)

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  15. J'avoue que ce n'est pas du tout mon genre de lecture, ni d'écriture.

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    1. Je peux comprendre, c'est très particulier (et moi j'adore !).

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  16. Un récit qui ne laisse pas indifférent.

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  17. J'ai l'impression que c'est trop bouleversant pour que ce soit mon créneau du moment.

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    1. ça secoue mais je ne dirais pas que ce soit "trop bouleversant".

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  18. très sombre mais visiblement magnifique : je tenterai bientôt ! bisous

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    1. Sombre et magnifique, c'est ainsi que je le vois mais d'autres ne partagent pas mon avis.

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  19. Je viens de lire Muette d'Eric Pessan qui souligne lui aussi la maltraitance ou l'indifférence face à l'enfant. C'est un sujet sensible et fort, pas facile de trouver les mots mais l'extrait que tu as placé me plait déjà.

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    1. J'ai vu ton billet sur "Muette". Du coup pas forcément envie de m'y lancer tout de suite...

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  20. complètement d'accord!http://lireetrelire.blogspot.fr/2013/10/sauf-les-fleurs-nicolas-clement.html

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  21. Bon, mon commentaire n'est pas parti ...

    J'ai été soufflée par l'écriture de ce premier roman. Je la comparerai à celle de Vinau.

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