lundi 24 janvier 2011

Le trottoir au soleil

Le bonheur de faire son marché le dimanche matin. Et cette sieste que l’on s’autorise en semaine au milieu de l’après-midi alors que les autres sont en plein boulot. Sans oublier le petit tour chez le brocanteur, les chaises du jardin du Luxembourg ou bien encore ce repas en terrasse, un soir d’été, dans une station balnéaire vendéenne…

Entre apologie de l’oisiveté, joie simple de la contemplation, déambulations tranquilles et réflexions générales sur l’ordre des choses, Philippe Delerm distille avec délectation ces plaisirs minuscules qu’il affectionne. Autant d’instantanés où le décor est planté en quelques mots. Bien souvent c’est une question d’ambiance, de ressenti ou alors un simple flash back sur des moments délicieux.

Le trottoir au soleil, c’est du Delerm pur jus. L’auteur de La dernière gorgée de bière va là où on l’attend. Les fans seront comblés et ses détracteurs ne risquent pas de changer d’avis sur son compte. Bien sûr, c’est assez inégal, mais la déception de tomber sur quelques lignes un peu fades ne dure jamais longtemps. L’intérêt de l’exercice, pour le lecteur, c’est que si un texte ne nous accroche pas, on peut très vite rebondir sur le suivant. En fait, on ne sait jamais où se cache la pépite, ces deux ou trois pages parfaitement ciselées qui vont nous procurer un rare plaisir. Delerm l’avoue à la fin d’un paragraphe : il se sent dérisoire avec son envie de dire les choses bonnes. Mais cette vision par trop optimiste ou sereine de l’existence fait aussi parfois du bien dans notre quotidien on ne peut plus anxiogène.

Un livre à déguster à petite dose qu’il serait malvenu de dévorer d’une traite. Ce modeste recueil demande une lecture morcelée : dix ou vingt pages et on le referme pour y revenir quelques heures ou quelques jours plus tard. Mon texte préféré ? On n’est pas invité, une réflexion féroce sur ces cérémonies de mariage où les familles des futurs époux se regardent en chiens de faïence. Bénabar en ferait surement une belle chanson !

Le trottoir au soleil, de Philippe Delerm, Gallimard, 2011. 178 pages. 14.90 euros.

L’info en plus : Le même jour que Le trottoir au soleil est sorti en poche (Folio) le précédent roman de Philippe Delerm, intitulé Quelque chose en lui de Bartleby. C’est l’histoire d’Arnold Spitzweg, un employé de la Poste qui créé un jour un blog sur lequel, à contre-courant du discours ambiant, il fait l'éloge de la lenteur. A sa grande surprise, ses écrits intimes séduisent des milliers d'internautes, ce qui le confronte à une subite et inattendue notoriété.

4 commentaires:

  1. juste un mot pour dire que je passe souvent sans rien écrire, mais j'aime beaucoup tes chroniques et j'apprécie toujours la petite info en +

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  2. C'est rigolo car en lisant le début de ton billet, je n'avais pas encore regardé l'auteur et j'ai pensé "Tiens, on dirait du Delerm !".
    j'ai bien aimé Quelque chose en lui... et je note Le trottoir au soleil !
    Tu vas encore aggraver ton cas vis-à-vis de ma LAL (je ne sais pas si tu as mon bilet, je te remets le lien : http://1000-et-1.over-blog.com/article-90-responsables-mais-pas-coupables-65534932.html).

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  3. Effectivement, nous n'avons pas du tout le même ressenti ^^ Peut-être aussi à cause de ça : "Un livre à déguster à petite dose qu’il serait malvenu de dévorer d’une traite." Je l'ai lu pour le chroniquer en ayant une date butoir, et ça m'a pris deux heures. Néanmoins je suis plutôt fan des écritures lascives et contemplatives. C'est juste que l'angle de vue adopté par Delerm ne me touche absolument pas ;)

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  4. Il est certain qu'engloutir un tel ouvrage d'une seule traite à de quoi le rendre indegeste. En même temps, je conçois que le "style Delerm" puisse agacer plus d'un lecteur.

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