Un pauvre retraité n’ayant rien demandé qui se retrouve
associé à des activités criminelles, c’est typiquement le genre de personnage que
Jacky Schwartzmann adore mettre en scène. Il ajoute ici une dimension politique
en plongeant au cœur de l’ultra-droite lyonnaise. Ce faisant, il décortique
avec une précision chirurgicale le fonctionnement d’une telle mouvance et en
profite pour dresser, à sa façon unique, les portraits de bras cassés allant du
supporter de foot à l’amateur de grosses voitures en passant par l’entrepreneur
véreux et le flic ripoux. Le résultat est savoureux, plein de gouaille, sans langue de bois et ponctué
de saillies à l’encontre des politiques de tous bords qui font mouche par leur limpide
pertinence.
L’auteur de l’inoubliable Mauvais coûts garde une tendresse
particulière pour les petites mains, qui agissent sans véritablement appréhender
les tenants et les aboutissants de leurs actes. Aucune pitié par contre envers
les donneurs d’ordre et les idéologues purs et durs dont le but est clairement
de renverser la démocratie pour instaurer une autocratie réactionnaire, raciste
et homophobes, entre autres joyeusetés. Bref, du Jacky Schwartzmann pur jus qui
me réconcilie avec un auteur dont les dernières publications avaient parfois peiné
à me convaincre.
Bastion de Jacky Schwartzmann. Seuil, 2025. 300 pages. 19.90
euros.