Été 1937. La famille Cazalet s’apprête à quitter Londres pour passer deux mois dans sa résidence du Sussex. Les parents sont déjà sur place ainsi que leur quadra de fille célibataire et les trois fils vont bientôt débarquer avec femmes, enfants et domestiques. L’entreprise familiale prospère grâce au commerce du bois exotique mais, tandis que la situation internationale se tend à cause d’un fou furieux moustachu venu d’Allemagne, les Cazalet vont tenter d’anticiper les effets de l’inéluctable guerre à venir.Cette saga familiale avec pour décor la campagne anglaise sous le soleil d’été était clairement une lecture de vacances parfaite. Des intrigues qui s’entrecroisent, de la légèreté, pas mal de futilité avec un arrière-plan historique plus dramatique, et évidemment quelques secrets de famille dont on imagine les répercussions futures (ce n’est que le premier tome d’une pentalogie), les ingrédients étaient alléchants.
Il n’y a pas de chapitres à proprement parler mais plutôt une succession de paragraphes se focalisant chacun leur tour sur un personnage. Des personnages tellement nombreux qu’il faut rester sacrément attentif pour ne pas s’y perdre. À ce titre, l’arbre généalogique en début d’ouvrage est d’une grande utilité. Cela étant, la lecture n’a rien d’exigeant (on n’est pas dans Confiteor non plus), la simplicité reste de mise et une fois tout le monde bien identifié la mécanique narrative se déploie sans le moindre accroc. L’époque est parfaitement rendue et ce portrait de la bourgeoisie anglaise de l’entre-deux guerres relève presque de l’anthropologie.
L’intérêt majeur de ce pavé réside sans conteste dans la variété des personnages. Hommes, femmes, enfants, chacun possède son propre caractère, chacun se voit accorder l’attention qu’il mérite et les interactions entre tous fonctionnent à merveille. La famille dans l’ensemble s’entend bien, il n’y a pas de grosses tensions entre les différents membres, pas de jalousie ni de méchanceté, même si évidemment certains ne sont pas exempts de défauts ni de comportements « coupables ».
Franchement je me suis régalé. Ce n’est pas de la grande littérature mais quel plaisir d’avoir passé quelques heures de lecture aux côtés d’un clan familial aussi soudé et aussi magistralement mis en scène. La suite sort en octobre, j’ai hâte d’y être.
Étés anglais d’Elizabeth Jane Howard (traduit de l’anglais par Anouk Neuhoff). La Table Ronde, 2020. 560 pages. 24,00 euros.