Comme rien ne me convient en ce moment, quitte à passer au travers autant se tourner vers un titre à l’évidence pas du tout pour moi. Soigner le mal par le mal quoi, en se lançant dans un roman britannique de 1962, écrit à la première personne, ultra psychologique et ultra déprimant, sorte d’autofiction avant l’heure. Tout ce que je déteste pour, éventuellement, finir avec un coup de cœur. Ça se tentait, non ? Au point où j’en suis de toute façon.
Mrs Armitage est la narratrice. Elle en est à son quatrième mariage, a une tripotée de gamins (dont on ne connaîtra jamais le nombre), un mari scénariste et un thérapeute qui la gave de médocs. Le jour où elle lui annonce une nouvelle grossesse, son homme la convainc de se faire avorter. Et d’en profiter pour faire en sorte de ne plus jamais avoir d’enfant. Pendant qu’elle souffre le martyre à la clinique, monsieur la trompe avec une de ses amies, qu’il met enceinte. Lorsqu’elle apprend cette liaison, elle plonge dans une profonde dépression. En même temps il y a de quoi…
Un roman très autobiographique. Comme Miss Armitage, Penelope Mortimer a eu pour second mari un scénariste. Comme elle, elle a eu beaucoup d’enfants, comme elle son mari l’a trompée après lui avoir demandé de se faire stériliser. Et comme elle, elle a sombré dans la dépression.
Le texte est glaçant. La voix de Miss Armitage exprime une confession surprenante de lucidité et de sincérité sur son statut de femme trahie, de femme en souffrance, de femme brisée. Elle dit la violence psychologique d’un mari manipulateur, «
lâche, fourbe, mesquin, vaniteux, cruel, rusé, négligent ». Elle montre également à quel point elle n’est pas dupe, bien plus résignée que naïve face à la situation. C’est terrible, douloureux, mais on ne va pas se mentir, je n’ai pas été embarqué par cette histoire de couple à la dérive. Beaucoup trop psychologique pour moi, trop névrosé aussi, trop intime.
Pour autant je suis ravi d’avoir découvert une auteure galloise dont je n’avais jamais entendu parler et qui a beaucoup influencé le féminisme britannique des années 60. Une telle lecture, même si elle n’a rien du coup cœur, est loin d’être une perte de temps. C’est déjà pas mal par les temps qui courent.
Le mangeur de citrouille de Penelope Mortimer. Belfond, 2018.
250 pages. 16,00 euros.