Le narrateur est un jeune garçon qui vit avec son grand-père. Ils passent leur premier hiver ensemble. Le temps est glacial. Chaque jour, le grand-père touche le pommier du jardin et lui murmure ces quelques mots : « demain les fleurs ». Malgré le froid et la neige, malgré le ciel gris et bas, le vieil homme reste serein car il sait que le printemps va finir par arriver. Pourtant, le 21 mars, rien n’a changé. Aucun bourgeon, aucune fleur. L’enfant et son grand-père partent voir les maisons voisines et constatent que toutes sont vides. Ne supportant plus la situation, le grand-père décide de créer ses propres fleurs pour appeler le printemps…
Un constat s’impose lorsque l’on referme ce court album : ce texte relève pour l’essentiel de l’onirisme et du rêve. Il y flotte une atmosphère éthérée, pleine de poésie. Les illustrations d’Anne Brouillard (ça ne s’invente pas !) donnent une impression de flou artistique qui renforce le caractère onirique de l’ensemble. Les enfants habitués à lire des textes réalistes auront peut-être quelques soucis de compréhension et pourront passer à coté des aspects poétiques et fantastiques. D’où l’importance de les accompagner dans leur lecture pour qu’ils puissent également saisir les thèmes sous-jacents abordés par cet album : la perte d’un être cher, la vieillesse ou encore les problèmes environnementaux (et si les saisons disparaissaient, si la Terre faisait payer aux hommes leur comportement irresponsable).
Finalement, on ouvre ce livre comme on entre dans un rêve : la réalité s’estompe peu à peu et tout peut arriver. Thierry Lenain a l’intelligence de ne pas tomber dans la facilité en ne terminant pas son récit avec la mort du grand-père. Au contraire, sa fin optimiste, qui semble refermer une parenthèse, offre au jeune lecteur un nouvel espoir : tous les hivers se terminent un jour, et le printemps si doux et si régénérant reviendra toujours apaiser les blessures.
Demain les fleurs, de Thierry Lenain et Anne Brouillard, Nathan, 2008. 6,50 euros. Dès 8 ans.
L’info en plus : La première édition de Demain les fleurs est parue en 2000 dans un grand format cartonné au prix de 12 euros. Suite à la sélection de ce titre dans la liste officielle du Ministère de L’Éducation Nationale en 2007, Nathan a choisi de le rééditer dans un format souple plus petit et surtout deux fois moins cher (6,50 euros). Une décision intelligente pour permettre aux écoles souhaitant le faire lire à leurs élèves de l’acquérir à moindre prix.
Un lien vers l'exploitation pédagogique de l'album proposée par l'éditeur : http://thierrylenain.hautetfort.com/media/00/00/2020597478.pdf
dimanche 24 janvier 2010
jeudi 21 janvier 2010
Les Pozzis T1 : Abel
Qui sont les pozzis ?
Les pozzis mesurent vingt centimètres. Ils ont une corne au milieu du front. Ils portent tous des robes dont ils peuvent changer la couleur et les motifs selon leur volonté. Ils vivent dans des grottes et se nourrissent uniquement de potage. Le chef des pozzis a une robe noire qui ne peut pas changer de couleur. Un pozzi vit en général plus de 200 ans. Leur pays est formé d’un immense tapis de mousse verte sur lequel se trouvent des lacs. A la lisière du pays des pozzis, il y a le Lailleurs où ne nul ne s’aventure parce que le Lailleurs fait trop peur.
Voila pour les présentations.
Abel est un pozzi différent des autres. Il ne sait pas changer de couleur de robe quand bon lui semble et il n’est pas doué pour construire des ponts, l’activité principale de ses congénères. Abel est un peu la risée de tous. Pourtant, un soir, son comportement étrange va attirer l’attention du chef. Et si Abel avait le Don ? S’il était un extralucideur, celui qui voit au-delà de Lailleurs et peut prévoir l’avenir ?
Ce petit monde ne vous rappelle rien ? On ne peut s’empêcher, à la lecture de ce premier tome, de faire un parallèle avec les schtroumpfs :
1) ce sont de petits êtres identiques qui vivent en communauté.
2) leur société est très hiérarchisée et chacun rempli un rôle précis : il y a les fabricateurs et assembleurs de briques, les réparateurs de ponts, les préparateurs de poudre à potage, les tisseurs de tapis, les constructeurs d’outils, de meubles ou d’instruments de musique…
3) ils ont un chef à l’habillement particulier qui représente une figure tutélaire que chacun respecte et écoute.
Ces points communs entre schtroumpfs et pozzis ne desservent pas le texte de Brigitte Smadja. Il n’y a ici aucun plagiat. L’univers reste original et inventif. Et force est de reconnaître que « ce livre pour les enfants qui aiment déjà lire tout seul », comme le précise l’éditeur, est adapté au lecteur : personnages attachants et rigolos, vocabulaire simple, déroulement linéaire de l’action qui s’étale sur deux jours sans rupture temporelle… Un souci toutefois avec l’absence de chapitres qui ne permet pas à l’enfant de « découper » sa lecture de manière cohérente (car il est évident qu’un enfant de 7 ou 8 ans ne lira pas cet ouvrage de 80 pages en une seule fois).
Livre traitant de la différence et du manque de confiance en soi, ce texte positif est également une belle invitation à découvrir le monde si particulier de ces drôles de créatures que sont les pozzis.
Les Pozzis T1, de Brigitte Smadja, L'école des loisirs, 2010. 8,50 euros. A partir de 7 ans.
L’info en plus : Le deuxième volume des Pozzis, intitulé Capone (le nom du chef) est sorti en même temps que le premier. Une belle occasion de faire coup double en achetant les deux à la fois pour que le lecteur (petit ou grand) qui a apprécié la première histoire puisse se lancer sans attendre dans la seconde. C’est une initiative intelligente de la part de l’éditeur et c’est assez rare pour être signalé.
Les pozzis mesurent vingt centimètres. Ils ont une corne au milieu du front. Ils portent tous des robes dont ils peuvent changer la couleur et les motifs selon leur volonté. Ils vivent dans des grottes et se nourrissent uniquement de potage. Le chef des pozzis a une robe noire qui ne peut pas changer de couleur. Un pozzi vit en général plus de 200 ans. Leur pays est formé d’un immense tapis de mousse verte sur lequel se trouvent des lacs. A la lisière du pays des pozzis, il y a le Lailleurs où ne nul ne s’aventure parce que le Lailleurs fait trop peur.
Voila pour les présentations.
Abel est un pozzi différent des autres. Il ne sait pas changer de couleur de robe quand bon lui semble et il n’est pas doué pour construire des ponts, l’activité principale de ses congénères. Abel est un peu la risée de tous. Pourtant, un soir, son comportement étrange va attirer l’attention du chef. Et si Abel avait le Don ? S’il était un extralucideur, celui qui voit au-delà de Lailleurs et peut prévoir l’avenir ?
Ce petit monde ne vous rappelle rien ? On ne peut s’empêcher, à la lecture de ce premier tome, de faire un parallèle avec les schtroumpfs :
1) ce sont de petits êtres identiques qui vivent en communauté.
2) leur société est très hiérarchisée et chacun rempli un rôle précis : il y a les fabricateurs et assembleurs de briques, les réparateurs de ponts, les préparateurs de poudre à potage, les tisseurs de tapis, les constructeurs d’outils, de meubles ou d’instruments de musique…
3) ils ont un chef à l’habillement particulier qui représente une figure tutélaire que chacun respecte et écoute.
Ces points communs entre schtroumpfs et pozzis ne desservent pas le texte de Brigitte Smadja. Il n’y a ici aucun plagiat. L’univers reste original et inventif. Et force est de reconnaître que « ce livre pour les enfants qui aiment déjà lire tout seul », comme le précise l’éditeur, est adapté au lecteur : personnages attachants et rigolos, vocabulaire simple, déroulement linéaire de l’action qui s’étale sur deux jours sans rupture temporelle… Un souci toutefois avec l’absence de chapitres qui ne permet pas à l’enfant de « découper » sa lecture de manière cohérente (car il est évident qu’un enfant de 7 ou 8 ans ne lira pas cet ouvrage de 80 pages en une seule fois).
Livre traitant de la différence et du manque de confiance en soi, ce texte positif est également une belle invitation à découvrir le monde si particulier de ces drôles de créatures que sont les pozzis.
Les Pozzis T1, de Brigitte Smadja, L'école des loisirs, 2010. 8,50 euros. A partir de 7 ans.
L’info en plus : Le deuxième volume des Pozzis, intitulé Capone (le nom du chef) est sorti en même temps que le premier. Une belle occasion de faire coup double en achetant les deux à la fois pour que le lecteur (petit ou grand) qui a apprécié la première histoire puisse se lancer sans attendre dans la seconde. C’est une initiative intelligente de la part de l’éditeur et c’est assez rare pour être signalé.
dimanche 17 janvier 2010
Trop top Linotte ! T1
Linotte est une petite fille espiègle, positive et qui cherche toujours à avoir le dernier mot. Elle a son propre poney, le grassouillet Pimpon qui est son meilleur ami et qui apparaît dans chaque gag de l’album. Il y aussi les copines Anne-Sophie et Chloé, sans oublier Kevin, le garçon qui fait chavirer le cœur de toutes les filles de la classe. Un univers moderne et plein de tendresse pour une série s’adressant essentiellement aux petites filles qui savent déjà lire et aiment les poneys (ça fait beaucoup de lectrices potentielles !). A noter que les aventures de Linotte sont publiées chaque mois dans la revue Les P’tites sorcières
Que dire de cette petite Linotte ? Commençons par les points négatifs. J’avoue que j’ai beaucoup de mal avec le dessin. A mon époque (début des années 80), on découvrait la BD avec Roba, Morris, Peyo ou Franquin. Pour le coup, les séries d’aujourd’hui destinées aux plus jeunes ne peuvent pas soutenir la comparaison au niveau du dessin : Ludo, Karma, Oscar ou encore Sac à puces ne sont pas des réussites au niveau graphique. Seuls Geerts avec Jojo ou Laudec avec Cédric proposent un dessin classique proche des grands anciens. Dans le cas de Linotte, je trouve le dessin très moyen. Le lettrage aussi d’ailleurs. Pour des enfants qui lisent depuis peu, ce lettrage assez irrégulier et manquant de rondeur peut poser de gros problèmes de déchiffrage.
Deux autres choses m’ont moyennement plu. D’une part, je n’ai pas trouvé les gags très drôles. Mais après tout, rien de plus normal : ils ne sont pas destinés à un vieux schnock de 35 ans mais à des enfants de 8 ans. C’est une différence majeure à ne pas oublier. D’autre part, dans les dialogues, il y a parfois des expressions qui veulent « faire jeune » mais qui semblent un peu artificielles. Quelques exemples de ces tics de langage que je trouve assez désagréables : "trop nul", "trop cool", "trop bien", "trop top" "hyper stylé"…
Heureusement, tout n’est pas négatif, loin de là. Première constatation positive : le format (26x20 cm), plus petit qu’une BD normale sans être un format poche, convient bien aux mains des enfants. De plus, le système consistant à proposer une histoire complète par double page est intelligemment pensé. Un enfant de 8 ans ne lira pas les 46 pages d’un seul coup, mais il pourra très facilement découper sa lecture en sachant que l’histoire se termine toujours au bas de la page de droite. Autre satisfaction, les parents vont enfin trouver une BD dont l’héroïne est une petite fille qui ne partage pas la vedette avec un garçon. Ca change de Sylvain et Sylvette ou Tom Tom et Nana !
Encore un point positif : l’environnement dans lequel évolue Linotte est moderne, bien ancré dans l’air du temps et tout à fait réaliste. La vie à la maison, à l’école, les relations avec les copines et les garçons… Les enfants peuvent facilement s’identifier à Linotte et ses camarades. Et puis il faut reconnaître que Linotte ne peut que faire rêver les petites filles. Vous vous rendez compte : avoir un poney qui vous emmène à l’école et que vous pouvez monter quand vous le souhaitez, c’est le bonheur total !
Un dernier conseil. Quand votre fille sera devenue trop grande pour apprécier l’univers très enfantin de Linotte, vous pourrez lui faire découvrir Lou, qui est à mon avis la meilleure série jeunesse actuelle pour les 10-13 ans, rien que ça !
Linotte est au fond une série très agréable qui peut tout à fait satisfaire le public auquel elle est destinée. Je vais d’ailleurs de ce pas l’offrir à ma fille de 8 ans, je suis sûr de faire une heureuse et d’obtenir en retour un avis beaucoup plus pertinent et objectif que le mien.
Linotte T1 : Trop top Linotte, de Catel, Claire Bouilhac et Judith Peignen, édition Dupuis, 2010. 48 pages. 9,50 euros. A partir de 7 ans.
L’info en plus : Catel n’est pas seulement une dessinatrice pour la jeunesse. Elle vient de publier, toujours aux éditions Dupuis mais pour les adultes, un ouvrage intitulé Rose Valland : capitaine beaux arts, qui retrace la vie de cette attachée de conservation au Jeu de Paume qui a recensé dans le plus grand secret les oeuvres volées aux Juifs par les nazis et qui, en 1945, avant même la signature de l'armistice, est partie à leur recherche pour les restituer à leur propriétaires.
Que dire de cette petite Linotte ? Commençons par les points négatifs. J’avoue que j’ai beaucoup de mal avec le dessin. A mon époque (début des années 80), on découvrait la BD avec Roba, Morris, Peyo ou Franquin. Pour le coup, les séries d’aujourd’hui destinées aux plus jeunes ne peuvent pas soutenir la comparaison au niveau du dessin : Ludo, Karma, Oscar ou encore Sac à puces ne sont pas des réussites au niveau graphique. Seuls Geerts avec Jojo ou Laudec avec Cédric proposent un dessin classique proche des grands anciens. Dans le cas de Linotte, je trouve le dessin très moyen. Le lettrage aussi d’ailleurs. Pour des enfants qui lisent depuis peu, ce lettrage assez irrégulier et manquant de rondeur peut poser de gros problèmes de déchiffrage.
Deux autres choses m’ont moyennement plu. D’une part, je n’ai pas trouvé les gags très drôles. Mais après tout, rien de plus normal : ils ne sont pas destinés à un vieux schnock de 35 ans mais à des enfants de 8 ans. C’est une différence majeure à ne pas oublier. D’autre part, dans les dialogues, il y a parfois des expressions qui veulent « faire jeune » mais qui semblent un peu artificielles. Quelques exemples de ces tics de langage que je trouve assez désagréables : "trop nul", "trop cool", "trop bien", "trop top" "hyper stylé"…
Heureusement, tout n’est pas négatif, loin de là. Première constatation positive : le format (26x20 cm), plus petit qu’une BD normale sans être un format poche, convient bien aux mains des enfants. De plus, le système consistant à proposer une histoire complète par double page est intelligemment pensé. Un enfant de 8 ans ne lira pas les 46 pages d’un seul coup, mais il pourra très facilement découper sa lecture en sachant que l’histoire se termine toujours au bas de la page de droite. Autre satisfaction, les parents vont enfin trouver une BD dont l’héroïne est une petite fille qui ne partage pas la vedette avec un garçon. Ca change de Sylvain et Sylvette ou Tom Tom et Nana !
Encore un point positif : l’environnement dans lequel évolue Linotte est moderne, bien ancré dans l’air du temps et tout à fait réaliste. La vie à la maison, à l’école, les relations avec les copines et les garçons… Les enfants peuvent facilement s’identifier à Linotte et ses camarades. Et puis il faut reconnaître que Linotte ne peut que faire rêver les petites filles. Vous vous rendez compte : avoir un poney qui vous emmène à l’école et que vous pouvez monter quand vous le souhaitez, c’est le bonheur total !
Un dernier conseil. Quand votre fille sera devenue trop grande pour apprécier l’univers très enfantin de Linotte, vous pourrez lui faire découvrir Lou, qui est à mon avis la meilleure série jeunesse actuelle pour les 10-13 ans, rien que ça !
Linotte est au fond une série très agréable qui peut tout à fait satisfaire le public auquel elle est destinée. Je vais d’ailleurs de ce pas l’offrir à ma fille de 8 ans, je suis sûr de faire une heureuse et d’obtenir en retour un avis beaucoup plus pertinent et objectif que le mien.
Linotte T1 : Trop top Linotte, de Catel, Claire Bouilhac et Judith Peignen, édition Dupuis, 2010. 48 pages. 9,50 euros. A partir de 7 ans.
L’info en plus : Catel n’est pas seulement une dessinatrice pour la jeunesse. Elle vient de publier, toujours aux éditions Dupuis mais pour les adultes, un ouvrage intitulé Rose Valland : capitaine beaux arts, qui retrace la vie de cette attachée de conservation au Jeu de Paume qui a recensé dans le plus grand secret les oeuvres volées aux Juifs par les nazis et qui, en 1945, avant même la signature de l'armistice, est partie à leur recherche pour les restituer à leur propriétaires.
vendredi 15 janvier 2010
Canardo : intégrale, cycle 1
Canardo est un palmipède alcoolique au regard triste créé par Benoît Sokal en 1979. La clope au bec et portant en toutes circonstances un imper cradingue façon Columbo, il a le chic pour s’embarquer dans des histoires glauques qui ne font qu’accentuer sa perpétuelle mélancolie.
Cette intégrale regroupe ses trois premières « aventures ». Dans Le chien debout, Canardo ne tient pas le rôle principal. C’est Fernand, un chien exilé depuis plusieurs années qui rentre au bercail pour retrouver un amour de jeunesse. Une sombre histoire de savant fou et de vivisection viendra ruiner ses espoirs. La marque de Raspoutine se déroule en Sibérie. Canardo accepte d’accompagner la belle Alexandra dans les plaines de Russie pour qu’elle retrouve son père, le cruel Raspoutine, un chat obèse à la tête d’une troupe sanguinaire. Enfin, dans La mort douce, le brave canard apprendra que la musique n’adoucit pas les mœurs, loin de là.
Bien avant le Blacksad de Canales et Guarnido, Sokal a créé un détective privé ayant les traits d’un animal et qui évolue parmi ses congénères anthropomorphes. Vous l’aurez compris, Canardo n’est pas Donald Duck. Et son monde n’est pas celui de Walt Disney, loin de là. Tous les personnages présents dans cette intégrale traînent un insondable vague à l’âme. Les décors non plus n’inspirent pas la joie : les cieux sont bas, gris, pluvieux. Le troquet « Chez Fredo », qui apparaît dans les trois tomes, est sale et enfumé.
Les protagonistes masculins sont des ordures ou des losers. Dans chaque histoire, c’est une figure féminine qui provoque le drame. Mais la femme est finalement la seule à garder un semblant d’humanité. Le regard que porte Sokal sur ses semblables à travers ces animaux doués de raison (si l’on peut dire !) peut sembler désespérant. J’ai l’impression qu’il est surtout très pessimiste. On nage en pleine tragédie. Le destin de chacun est tout tracé et la chute impossible à éviter. Canardo est juste un spectateur désabusé et mélancolique qui s’accroche à la bouteille comme on s’accroche à un dernier espoir.
Ces trois premiers tomes sont parmi les meilleurs de la série qui va énormément perdre en qualité par la suite (le 19ème volume doit sortir au mois d’avril). A dévorer d’urgence.
Canardo : intégrale premier cycle, de Benoit Sokal, éditions Castermane, 2010. 16 euros.
L’info en plus : Les éditions Casterman publient dans leur collection Haute densité l’intégrale d’une autre série de Benoit Sokal. Il s’agit de Paradise, dont voici un résumé succinct : « En Mauranie, le roi Rodon attend le retour de sa fille. Mais l'avion de cette dernière est abattu par des rebelles. Rescapée mais amnésique, elle est recueillie dans le palais du prince de la ville de Madargane... ». Cette série contient en tout 4 albums qui sont regroupés dans cette intégrale. A noter que Sokal n’œuvre pas au dessin (c’est Brice Bingono qui s’y colle), il scénarise cette histoire dépaysante et torturée comme il les aime.
Cette intégrale regroupe ses trois premières « aventures ». Dans Le chien debout, Canardo ne tient pas le rôle principal. C’est Fernand, un chien exilé depuis plusieurs années qui rentre au bercail pour retrouver un amour de jeunesse. Une sombre histoire de savant fou et de vivisection viendra ruiner ses espoirs. La marque de Raspoutine se déroule en Sibérie. Canardo accepte d’accompagner la belle Alexandra dans les plaines de Russie pour qu’elle retrouve son père, le cruel Raspoutine, un chat obèse à la tête d’une troupe sanguinaire. Enfin, dans La mort douce, le brave canard apprendra que la musique n’adoucit pas les mœurs, loin de là.
Bien avant le Blacksad de Canales et Guarnido, Sokal a créé un détective privé ayant les traits d’un animal et qui évolue parmi ses congénères anthropomorphes. Vous l’aurez compris, Canardo n’est pas Donald Duck. Et son monde n’est pas celui de Walt Disney, loin de là. Tous les personnages présents dans cette intégrale traînent un insondable vague à l’âme. Les décors non plus n’inspirent pas la joie : les cieux sont bas, gris, pluvieux. Le troquet « Chez Fredo », qui apparaît dans les trois tomes, est sale et enfumé.
Les protagonistes masculins sont des ordures ou des losers. Dans chaque histoire, c’est une figure féminine qui provoque le drame. Mais la femme est finalement la seule à garder un semblant d’humanité. Le regard que porte Sokal sur ses semblables à travers ces animaux doués de raison (si l’on peut dire !) peut sembler désespérant. J’ai l’impression qu’il est surtout très pessimiste. On nage en pleine tragédie. Le destin de chacun est tout tracé et la chute impossible à éviter. Canardo est juste un spectateur désabusé et mélancolique qui s’accroche à la bouteille comme on s’accroche à un dernier espoir.
Ces trois premiers tomes sont parmi les meilleurs de la série qui va énormément perdre en qualité par la suite (le 19ème volume doit sortir au mois d’avril). A dévorer d’urgence.
Canardo : intégrale premier cycle, de Benoit Sokal, éditions Castermane, 2010. 16 euros.
L’info en plus : Les éditions Casterman publient dans leur collection Haute densité l’intégrale d’une autre série de Benoit Sokal. Il s’agit de Paradise, dont voici un résumé succinct : « En Mauranie, le roi Rodon attend le retour de sa fille. Mais l'avion de cette dernière est abattu par des rebelles. Rescapée mais amnésique, elle est recueillie dans le palais du prince de la ville de Madargane... ». Cette série contient en tout 4 albums qui sont regroupés dans cette intégrale. A noter que Sokal n’œuvre pas au dessin (c’est Brice Bingono qui s’y colle), il scénarise cette histoire dépaysante et torturée comme il les aime.
mardi 12 janvier 2010
Étoile du chagrin T1 et T2
Il y a un an, leur monde fut détruit. La comète nommée Étoile d’Eden qui traverse normalement les cieux tous les vingt-deux ans est entrée dans l’atmosphère. Et maintenant que les nuages se dissipent, les rares survivants se battent pour refaire leur vie après l’impact.
L’Ordre, une structure dirigée d’une main de fer par Maître Grène, essaie de prendre le pouvoir par la violence. Elle affronte les hommes du Régent qui régnait avant la catastrophe. La Mine Noire est quant à elle une organisation clandestine qui lutte contre l’Ordre. Face à toutes ces considérations politiques, nombreux sont ceux qui essaient juste de redonner un sens à leur vie. Klavir et Wilm sont de ceux-là. Ils parcourent ensemble le monde à la recherche de Lucia, l’amie de Klavir. Ils sont accompagnés par un Mange Rêve nommé Flutch, une sorte de fantôme qui se nourrit en s’installant dans la bouche des gens endormis. Dans une étendue erre un homme étrange, terrible combattant que ses ennemis appellent le tueur-coupeur. Il a perdu la mémoire et n’a aucune idée de sa véritable identité. L’auteur propose également de suivre les mésaventures de certains membres de l’ordre et de la Mine Noire. Toutes ces situations décrites séparément semblent indépendantes les unes des autres, comme si on braquait successivement la caméra dans différents endroit du monde au même moment.
Récit choral où se croisent de très (trop ?) nombreux personnages, ce roman graphique à tiroir qui s’étale pour l’instant sur plus de 400 pages n’a encore révélé aucun de ses secrets. C’est là sans doute la limite d’un tel procédé. Il va falloir à un moment ou un autre assembler les pièces du puzzle pour donner à tout cela un mouvement cohérent. Il est plaisant de passer d’un lieu et d’un protagoniste à un autre pour suivre les différentes trames de l’histoire, mais il faut aussi être très attentif pour ne pas s’y perdre. Le dessin en noir et blanc au trait particulièrement naïf et parfois mal maîtrisé n’aide pas à améliorer la clarté de l’ensemble. Il est quelquefois difficile de distinguer les différents visages et heureusement qu’il y a un trombinoscope à la fin de l’ouvrage pour retrouver facilement l’identité de chacun. Il faut aussi accepter le décalage entre le trait « enfantin » et la dureté des situations parfois assez violentes. Pour conclure, cette Étoile du chagrin est une œuvre expérimentale à la construction complexe qui sera peut-être au final une excellente surprise. Mais il est encore trop tôt pour le dire.
Étoile du chagrin T1, de Kazimir Strzepek, Éditions çà et là, 2008. 216 pages. 12,50 euros.
Étoile du chagrin T2, de Kazimir Strzepek, Éditions çà et là, 2009. 256 pages. 13,00 euros.
L’info en plus : Les éditions ça et là sont un tout petit label qui a connu un succès d’estime début 2008 en publiant Château l’attente, un roman graphique de près de 500 pages récompensé aux Eisner Awards et sélectionné dans la catégorie des Essentiels à Angoulême en 2008.
L’Ordre, une structure dirigée d’une main de fer par Maître Grène, essaie de prendre le pouvoir par la violence. Elle affronte les hommes du Régent qui régnait avant la catastrophe. La Mine Noire est quant à elle une organisation clandestine qui lutte contre l’Ordre. Face à toutes ces considérations politiques, nombreux sont ceux qui essaient juste de redonner un sens à leur vie. Klavir et Wilm sont de ceux-là. Ils parcourent ensemble le monde à la recherche de Lucia, l’amie de Klavir. Ils sont accompagnés par un Mange Rêve nommé Flutch, une sorte de fantôme qui se nourrit en s’installant dans la bouche des gens endormis. Dans une étendue erre un homme étrange, terrible combattant que ses ennemis appellent le tueur-coupeur. Il a perdu la mémoire et n’a aucune idée de sa véritable identité. L’auteur propose également de suivre les mésaventures de certains membres de l’ordre et de la Mine Noire. Toutes ces situations décrites séparément semblent indépendantes les unes des autres, comme si on braquait successivement la caméra dans différents endroit du monde au même moment.
Récit choral où se croisent de très (trop ?) nombreux personnages, ce roman graphique à tiroir qui s’étale pour l’instant sur plus de 400 pages n’a encore révélé aucun de ses secrets. C’est là sans doute la limite d’un tel procédé. Il va falloir à un moment ou un autre assembler les pièces du puzzle pour donner à tout cela un mouvement cohérent. Il est plaisant de passer d’un lieu et d’un protagoniste à un autre pour suivre les différentes trames de l’histoire, mais il faut aussi être très attentif pour ne pas s’y perdre. Le dessin en noir et blanc au trait particulièrement naïf et parfois mal maîtrisé n’aide pas à améliorer la clarté de l’ensemble. Il est quelquefois difficile de distinguer les différents visages et heureusement qu’il y a un trombinoscope à la fin de l’ouvrage pour retrouver facilement l’identité de chacun. Il faut aussi accepter le décalage entre le trait « enfantin » et la dureté des situations parfois assez violentes. Pour conclure, cette Étoile du chagrin est une œuvre expérimentale à la construction complexe qui sera peut-être au final une excellente surprise. Mais il est encore trop tôt pour le dire.
Étoile du chagrin T1, de Kazimir Strzepek, Éditions çà et là, 2008. 216 pages. 12,50 euros.
Étoile du chagrin T2, de Kazimir Strzepek, Éditions çà et là, 2009. 256 pages. 13,00 euros.
L’info en plus : Les éditions ça et là sont un tout petit label qui a connu un succès d’estime début 2008 en publiant Château l’attente, un roman graphique de près de 500 pages récompensé aux Eisner Awards et sélectionné dans la catégorie des Essentiels à Angoulême en 2008.
dimanche 10 janvier 2010
Louisiana Breakdown
Jack Mustaine, musicien en mal d’inspiration, n’aurait jamais dû tomber en panne aux abords de Graal, un trou paumé dans le fin fond des marais de Louisiane. Le bon samaritain qui lui vient en aide fait remorquer sa voiture et l’emmène dans le seul bistrot du coin, le Bon Chance.
Rarement un établissement aura si mal porté son nom. Mustain y découvre la « faune » locale, des rednecks imbibés et peu avenants. Il y a fait aussi connaissance de Vida, sculpturale jeune femme dont il tombe éperdument amoureux. Après une nuit torride, Vida raconte au musicien l’histoire de sa ville : les habitants ont conclu il y plus de deux cents ans un pacte avec le Bonhomme Gris, une entité vivant dans les marais. Ce dernier protège Graal tant que la cité lui offre une reine en échange. Vida est l’actuelle reine du solstice mais la nouvelle élue doit être choisie au cours de la fête de la Saint Jean qui va se dérouler le lendemain. Elle sait que les reines déchues subissent de terribles tourments et finissent à moitié folles, abandonnées de tous. La jeune femme est persuadée que Mustaine est une sorte d’ange gardien qui va pouvoir la libérer de la malédiction qui la frappe en l’emmenant loin de sa ville natale. Le musicien quant à lui ne croit pas un instant à toutes ces balivernes. Il veut simplement récupérer sa voiture et partir avec Vida en Floride, sa destination initiale.
Mais Graal n’est pas une ville comme les autres, et même les plus sceptiques vont devoir reconnaître qu’une étrange réalité se cache au fond du bayou.
Lucius Shepard créé avec Graal une ville improbable qu’il rend parfaitement crédible grâce à la précision de ses descriptions. Ce qui frappe le plus à la lecture, c’est l’ambiance : humide, moite, étouffante…La description des marais et des ses cabanes décrépies, des arbres aux ombres inquiétantes et du brouillard épais qui surgit s’en prévenir instaure une atmosphère pesante et surnaturelle.
La galerie de personnages proposée est également un must : Mustaine et Vida évidemment, mais aussi Sedele la patronne du Bon Chance, Joe Dill le bon samaritain et sa femme Tuyet, Nedra la voyante ou encore Madeleine Le Cleuse, l’ancienne reine du solstice, tous savent qu’ils font parti d’un Grand Tout qui les dépasse. La tragédie se construit sous leurs yeux et ils ne peuvent que subir les événements. Toutes les tentatives pour essayer de changer le cours des choses sont vouées à l’échec. D’ailleurs le nom de la ville n’a pas été choisi par hasard. En rencontrant Vida, Mustaine a cru avoir décroché son graal et trouvé enfin l’amour. Mais l’Histoire a montré que tous ceux qui se sont lancés à la quête du Graal se sont brulés les ailes. Et le musicien ne fera pas exception à la règle.
Un seul mot pour conclure au sujet de ce court roman : envoûtant. Si le lecteur accepte de se laisser embarquer dans cet étrange bayou à l’atmosphère irréelle, il passera à coup sûr un très bon moment.
Louisiana Breakdown, de Lucius Shepard, Éditions J’ai Lu, 20099. 190 pages. 5,60 euros.
PS : un petit coup de gueule contre la personne qui a rédigé la 4ème de couverture. A l’évidence, cette personne n’a pas lu le roman : dès la première ligne, il est indiqué que jack Mustaine est un bluesman, or cela n’est jamais dit dans le texte. Ensuite, il est écrit qu’il tombe en panne « peu avant d’arriver à la Nouvelle Orléans, où il était censé se produire ». Cette affirmation est totalement fausse puisque le but de son voyage est la Floride et plus précisément une maison en bord de mer prêtée par un ami dans laquelle il devait s’atteler à l’écriture d’un album. Mais il vrai que pour connaître cette information, il fallait lire les 100 premières pages ! Je sais, cela relève du détail, mais c’est assez symptomatique de la façon avec laquelle quelques éditeurs de livres de poche bâclent leurs éditions et ne prennent pas la peine de lire tous les livres qu’ils publient. Je trouve ce manque de sérieux tout à fait regrettable.
L’info en plus : Lucius Shepard n’est pas un inconnu en France. Il a notamment remporté le Grand Prix de l’Imaginaire en 2007 dans la catégorie Nouvelles Étrangères avec son recueil Aztechs. Il a également remporté le prix Locus en 1994 pour son roman L’aube écarlate, une histoire de vampires. Un thème qui aujourd’hui fait fureur mais qui à l’époque était loin de passionner les foules !
Rarement un établissement aura si mal porté son nom. Mustain y découvre la « faune » locale, des rednecks imbibés et peu avenants. Il y a fait aussi connaissance de Vida, sculpturale jeune femme dont il tombe éperdument amoureux. Après une nuit torride, Vida raconte au musicien l’histoire de sa ville : les habitants ont conclu il y plus de deux cents ans un pacte avec le Bonhomme Gris, une entité vivant dans les marais. Ce dernier protège Graal tant que la cité lui offre une reine en échange. Vida est l’actuelle reine du solstice mais la nouvelle élue doit être choisie au cours de la fête de la Saint Jean qui va se dérouler le lendemain. Elle sait que les reines déchues subissent de terribles tourments et finissent à moitié folles, abandonnées de tous. La jeune femme est persuadée que Mustaine est une sorte d’ange gardien qui va pouvoir la libérer de la malédiction qui la frappe en l’emmenant loin de sa ville natale. Le musicien quant à lui ne croit pas un instant à toutes ces balivernes. Il veut simplement récupérer sa voiture et partir avec Vida en Floride, sa destination initiale.
Mais Graal n’est pas une ville comme les autres, et même les plus sceptiques vont devoir reconnaître qu’une étrange réalité se cache au fond du bayou.
Lucius Shepard créé avec Graal une ville improbable qu’il rend parfaitement crédible grâce à la précision de ses descriptions. Ce qui frappe le plus à la lecture, c’est l’ambiance : humide, moite, étouffante…La description des marais et des ses cabanes décrépies, des arbres aux ombres inquiétantes et du brouillard épais qui surgit s’en prévenir instaure une atmosphère pesante et surnaturelle.
La galerie de personnages proposée est également un must : Mustaine et Vida évidemment, mais aussi Sedele la patronne du Bon Chance, Joe Dill le bon samaritain et sa femme Tuyet, Nedra la voyante ou encore Madeleine Le Cleuse, l’ancienne reine du solstice, tous savent qu’ils font parti d’un Grand Tout qui les dépasse. La tragédie se construit sous leurs yeux et ils ne peuvent que subir les événements. Toutes les tentatives pour essayer de changer le cours des choses sont vouées à l’échec. D’ailleurs le nom de la ville n’a pas été choisi par hasard. En rencontrant Vida, Mustaine a cru avoir décroché son graal et trouvé enfin l’amour. Mais l’Histoire a montré que tous ceux qui se sont lancés à la quête du Graal se sont brulés les ailes. Et le musicien ne fera pas exception à la règle.
Un seul mot pour conclure au sujet de ce court roman : envoûtant. Si le lecteur accepte de se laisser embarquer dans cet étrange bayou à l’atmosphère irréelle, il passera à coup sûr un très bon moment.
Louisiana Breakdown, de Lucius Shepard, Éditions J’ai Lu, 20099. 190 pages. 5,60 euros.
PS : un petit coup de gueule contre la personne qui a rédigé la 4ème de couverture. A l’évidence, cette personne n’a pas lu le roman : dès la première ligne, il est indiqué que jack Mustaine est un bluesman, or cela n’est jamais dit dans le texte. Ensuite, il est écrit qu’il tombe en panne « peu avant d’arriver à la Nouvelle Orléans, où il était censé se produire ». Cette affirmation est totalement fausse puisque le but de son voyage est la Floride et plus précisément une maison en bord de mer prêtée par un ami dans laquelle il devait s’atteler à l’écriture d’un album. Mais il vrai que pour connaître cette information, il fallait lire les 100 premières pages ! Je sais, cela relève du détail, mais c’est assez symptomatique de la façon avec laquelle quelques éditeurs de livres de poche bâclent leurs éditions et ne prennent pas la peine de lire tous les livres qu’ils publient. Je trouve ce manque de sérieux tout à fait regrettable.
L’info en plus : Lucius Shepard n’est pas un inconnu en France. Il a notamment remporté le Grand Prix de l’Imaginaire en 2007 dans la catégorie Nouvelles Étrangères avec son recueil Aztechs. Il a également remporté le prix Locus en 1994 pour son roman L’aube écarlate, une histoire de vampires. Un thème qui aujourd’hui fait fureur mais qui à l’époque était loin de passionner les foules !
jeudi 7 janvier 2010
Billy Brouillard : les comptines malfaisantes
Ce coffret contient trois livres regroupant quatre comptines. Dans la première, Allison est très méchante avec les insectes. Elle leur fait vivre les pires horreurs. Mais quand les insectes se vengent, c’est Allison qui voit sa vie devenir un cauchemar. Dans la seconde, lorsque Barbara découvre une larve visqueuse dans son assiette d’épinards, elle ne se doute pas que cette petite bestiole va la mener à sa perte. Dans la troisième, en constatant que son poisson rouge offert par le Père Noël est décèdé, Philomène part pour le bord de mer afin d’en trouver un nouveau. Mais les abysses vont transformer sa recherche en une longue complainte. Quant à la petite princesse qui faisait du mal aux gens, elle va subir une punition qu’elle n’est pas prête d’oublier.
Ces quatre comptines ont deux points communs : elles mettent en scène des petites filles et elles traitent du thème de la métamorphose. Elles présentent également des enfants loin d’être sages, de sales gamines égoïstes ou méchantes qui doivent à un moment payer pour leur comportement. Il n’y a cependant pas véritablement de morale, aucune sorte de jugement. C’est ce qui peut rendre le lecteur mal à l’aise. J’avoue que je ne laisserais pas lire ces comptines malfaisantes à ma fille de 8 ans. Peut-être parce que je suis un vieux con réac, diront les médisants. Mais surtout parce que je n’y vois aucun intérêt. Ces histoires ne sont pas divertissantes, encore moins dépaysantes ou enrichissantes. L’illustration en noir et blanc et le texte sont minimalistes, ce que je peux tout à fait concevoir. Quand Guillaume Bianco affirme dans une interview sur le site Actua Bd qu’il a eu « envie de faire des livres courts et très simples à lire », je ne peux qu’être d’accord avec lui. Seulement je vois plus cela comme un défaut que comme une qualité. La lecture des trois livres prend vingt minutes maximum. C’est idéal sans doute pour les petits lecteurs, mais pour les parents acheteurs, il faudra débourser 29,90 euros pour offrir ces chères Comptines à leur progéniture. Il faut reconnaître que le travail éditorial est magnifique : les livres sont très beaux et se rangent dans un superbe coffret, le papier est de qualité et les pages de garde plutôt jolies. Mais tout cela ne suffit pas à justifier ce prix exorbitant !
Pour conclure, que dire ? Je lis Guillaume Bianco depuis ses débuts. J’ai adoré sa série Will, j’ai trouvé le premier tome de Billy Brouillard formidable et j’ai beaucoup aimé l’album Eco qu’il a scénarisé, mais là, j’avoue que je n’ai pas du tout accroché. J’ai même la douloureuse impression d’avoir dépenser bêtement près de 30 euros dans une publication qui cherche à surfer sur la vague de Billy Brouillard dans un but purement mercantile. J’espère sincèrement me tromper.
Billy brouillard : les comptines malfaisantes, de Guillaume Bianco, Éditions Soleil, 2009. 29,90 euros. Dès 9 ans.
L’info en plus : Les comptines malfaisantes sont publiées dans la collection Métamorphoses des éditions Soleil. C’est dans cette collection dirigée par Barbara Canepa qu’est paru l’année dernière Billy Brouillard. Plusieurs titres devraient paraître cette année et pour voir les publications à venir, je ne peux que vous conseiller la visite du blog de Barbara Canepa à cette adresse : http://canepabarbara.blogspot.com/
Ces quatre comptines ont deux points communs : elles mettent en scène des petites filles et elles traitent du thème de la métamorphose. Elles présentent également des enfants loin d’être sages, de sales gamines égoïstes ou méchantes qui doivent à un moment payer pour leur comportement. Il n’y a cependant pas véritablement de morale, aucune sorte de jugement. C’est ce qui peut rendre le lecteur mal à l’aise. J’avoue que je ne laisserais pas lire ces comptines malfaisantes à ma fille de 8 ans. Peut-être parce que je suis un vieux con réac, diront les médisants. Mais surtout parce que je n’y vois aucun intérêt. Ces histoires ne sont pas divertissantes, encore moins dépaysantes ou enrichissantes. L’illustration en noir et blanc et le texte sont minimalistes, ce que je peux tout à fait concevoir. Quand Guillaume Bianco affirme dans une interview sur le site Actua Bd qu’il a eu « envie de faire des livres courts et très simples à lire », je ne peux qu’être d’accord avec lui. Seulement je vois plus cela comme un défaut que comme une qualité. La lecture des trois livres prend vingt minutes maximum. C’est idéal sans doute pour les petits lecteurs, mais pour les parents acheteurs, il faudra débourser 29,90 euros pour offrir ces chères Comptines à leur progéniture. Il faut reconnaître que le travail éditorial est magnifique : les livres sont très beaux et se rangent dans un superbe coffret, le papier est de qualité et les pages de garde plutôt jolies. Mais tout cela ne suffit pas à justifier ce prix exorbitant !
Pour conclure, que dire ? Je lis Guillaume Bianco depuis ses débuts. J’ai adoré sa série Will, j’ai trouvé le premier tome de Billy Brouillard formidable et j’ai beaucoup aimé l’album Eco qu’il a scénarisé, mais là, j’avoue que je n’ai pas du tout accroché. J’ai même la douloureuse impression d’avoir dépenser bêtement près de 30 euros dans une publication qui cherche à surfer sur la vague de Billy Brouillard dans un but purement mercantile. J’espère sincèrement me tromper.
Billy brouillard : les comptines malfaisantes, de Guillaume Bianco, Éditions Soleil, 2009. 29,90 euros. Dès 9 ans.
L’info en plus : Les comptines malfaisantes sont publiées dans la collection Métamorphoses des éditions Soleil. C’est dans cette collection dirigée par Barbara Canepa qu’est paru l’année dernière Billy Brouillard. Plusieurs titres devraient paraître cette année et pour voir les publications à venir, je ne peux que vous conseiller la visite du blog de Barbara Canepa à cette adresse : http://canepabarbara.blogspot.com/
mardi 5 janvier 2010
Vinci T1 et T2, de Convard et Chaillet
Milan, le 15 décembre 1494. On découvre le cadavre du notaire Christoforo di Rodrigo au bord du canal Martesana. Lardé de coups de couteau, l’homme a été atrocement mutilé : on lui a volé son visage. Une lame très fine lui a décollé le derme comme on arrache un oignon. Un témoin a vu un géant s’enfuir sous les eaux du canal. Le prévôt Vittore, qui dirige les services de police, fait appel à Léonard de Vinci pour qu’il l’aide à comprendre le mode opérateur du tueur.
L’enquête ne donne rien jusqu’en mai 1495, lorsque le voleur de visage frappe à nouveau. Cosimo Vollone, le plus riche négociant de la ville, est tué par une énorme créature volante sous les yeux de son fils. Une fois encore, son visage a été méticuleusement découpé. Deux autres meurtres suivront en mars 1500 et l’été de la même année à Venise et à Florence. A chaque fois, Léonard de Vinci est présent dans la ville au moment où les crimes ont lieu. Le prévôt Vittore, persuadé de la culpabilité de son ami, est bien décidé à trouver des preuves indiscutables…
On était en droit d’attendre beaucoup du duo Convard / chaillet. Concernant ce dernier, le résultat est à la hauteur des espérances. Chaillet est passé maître dans l’art de restituer l’architecture des villes italiennes de la Renaissance. Milan, Venise, Florence, ces trois cités sont dessinées avec une précision redoutable. Les vues extérieures des villes comme les intérieurs des palais ou des maisons bourgeoises fourmillent de détails et sont d’un incroyable réalisme. Un léger bémol pour le dessin des personnages, notamment des visages, qui sont parfois un peu trop statiques et manquent d’expressivité.
Finalement, c’est le scénario de Convard qui est le plus décevant. La révélation avant même la fin du premier volume de la culpabilité de Vinci enlève tout suspens à l’intrigue. En préférant faire des motivations qui ont poussé le génial inventeur à agir de la sorte le ressort de son histoire, il a délibérément choisi de ne pas offrir aux lecteurs un suspens haletant, mais plutôt le récit classique de l’accomplissement d’une vengeance. Ce parti pris est tout à fait défendable, mais il ne m’a pas convaincu. On imagine en effet assez facilement dès le début du second volume la façon dont les choses vont se passer et j’avoue que j’ai trouvé la fin de ce diptyque assez ennuyeuse car trop prévisible.
Il n’empêche que je ne peux que recommander cette courte série à ceux qui aiment le dessin très fouillé de Chaillet et sa somptueuse représentation de l’Italie de la Renaissance. Sans compter que beaucoup de lecteurs pourront trouver de nombreuses qualités au scénario de Convard qui ne m’a personnellement pas convaincu. Après tout, chacun ses goûts !
Vinci T1 : l’ange brisé, de Didier Convard et Gilles Chaillet, édition Glénat, 2008. 56 pages. 13 euros.
Vinci T2 : ombre et lumière, de Didier Convard et Gilles Chaillet, édition Glénat, 2009. 56 pages. 13 euros.
L’info en plus : Les éditions du Lombard ont entamé depuis un an la publication sous forme d’intégrale des aventures de Vasco, jeune garçon issu d’une riche famille de banquiers italiens dont les histoires se déroulent pendant la Renaissance. Cette série dessinée et scénarisée par Gilles Chaillet qui a vu le jour en 1983 dans l’hebdomadaire Tintin ravira tous ceux qui ont découvert et apprécié dans Vinci le très beau travail de ce fabuleux dessinateur.
L’enquête ne donne rien jusqu’en mai 1495, lorsque le voleur de visage frappe à nouveau. Cosimo Vollone, le plus riche négociant de la ville, est tué par une énorme créature volante sous les yeux de son fils. Une fois encore, son visage a été méticuleusement découpé. Deux autres meurtres suivront en mars 1500 et l’été de la même année à Venise et à Florence. A chaque fois, Léonard de Vinci est présent dans la ville au moment où les crimes ont lieu. Le prévôt Vittore, persuadé de la culpabilité de son ami, est bien décidé à trouver des preuves indiscutables…
On était en droit d’attendre beaucoup du duo Convard / chaillet. Concernant ce dernier, le résultat est à la hauteur des espérances. Chaillet est passé maître dans l’art de restituer l’architecture des villes italiennes de la Renaissance. Milan, Venise, Florence, ces trois cités sont dessinées avec une précision redoutable. Les vues extérieures des villes comme les intérieurs des palais ou des maisons bourgeoises fourmillent de détails et sont d’un incroyable réalisme. Un léger bémol pour le dessin des personnages, notamment des visages, qui sont parfois un peu trop statiques et manquent d’expressivité.
Finalement, c’est le scénario de Convard qui est le plus décevant. La révélation avant même la fin du premier volume de la culpabilité de Vinci enlève tout suspens à l’intrigue. En préférant faire des motivations qui ont poussé le génial inventeur à agir de la sorte le ressort de son histoire, il a délibérément choisi de ne pas offrir aux lecteurs un suspens haletant, mais plutôt le récit classique de l’accomplissement d’une vengeance. Ce parti pris est tout à fait défendable, mais il ne m’a pas convaincu. On imagine en effet assez facilement dès le début du second volume la façon dont les choses vont se passer et j’avoue que j’ai trouvé la fin de ce diptyque assez ennuyeuse car trop prévisible.
Il n’empêche que je ne peux que recommander cette courte série à ceux qui aiment le dessin très fouillé de Chaillet et sa somptueuse représentation de l’Italie de la Renaissance. Sans compter que beaucoup de lecteurs pourront trouver de nombreuses qualités au scénario de Convard qui ne m’a personnellement pas convaincu. Après tout, chacun ses goûts !
Vinci T1 : l’ange brisé, de Didier Convard et Gilles Chaillet, édition Glénat, 2008. 56 pages. 13 euros.
Vinci T2 : ombre et lumière, de Didier Convard et Gilles Chaillet, édition Glénat, 2009. 56 pages. 13 euros.
L’info en plus : Les éditions du Lombard ont entamé depuis un an la publication sous forme d’intégrale des aventures de Vasco, jeune garçon issu d’une riche famille de banquiers italiens dont les histoires se déroulent pendant la Renaissance. Cette série dessinée et scénarisée par Gilles Chaillet qui a vu le jour en 1983 dans l’hebdomadaire Tintin ravira tous ceux qui ont découvert et apprécié dans Vinci le très beau travail de ce fabuleux dessinateur.
dimanche 3 janvier 2010
Meurtres sur le Palatin
Rome, sous le règne de l’empereur Tibère (14 à 37 après J-C). Le cadavre d’un gladiateur est retrouvé sur les marches d’une maison cossue du Mont Palatin, un quartier où vivent de nombreux patriciens (citoyens romains appartenant à l’aristocratie). Kaeso, centurion de la garde prétorienne, est chargé de l’enquête. Ses investigations le mèneront dans les bas-fonds de Rome où, entre corruption, vengeance, combat de gladiateurs et paris truqués, le jeune homme aura fort à faire pour éviter les nombreux pièges tendus par des femmes bafouées ou d’anciens compagnons d’armes.
Avis aux futurs lecteurs de ce roman : Rome antique ne rime pas avec romantisme. Oubliez les images d’Épinal. La vie à Rome à cette époque était extrêmement violente : le sang coulait à flot, la sexualité était totalement débridée, la condition des esclaves souvent insoutenable et les intrigues politiques foisonnantes. L’auteur ne force pas le trait Les mœurs décrites ici sont simplement réalistes.
Il est évident que Cristina Rodriguez connaît parfaitement son sujet d’un point de vue historique, mais elle ne cherche pas pour autant à épater la galerie. Les informations concernant l’organisation de la société, les rapports humains, la nourriture, l’architecture ou les vêtements ne sont pas amenées artificiellement, elles s’insèrent dans le récit et participent à la crédibilité de l’ensemble.
Aussi à l’aise dans la description d’une taverne que dans celle d’une riche maison du Mont Palatin, l’auteur n’a pas rédigé pour autant un essai historique. Son texte est une fiction qui utilise certains personnages ayant réellement existé, mais il ne faut pas perdre de vue que son dessein premier est de proposer une œuvre romanesque. Et force est de reconnaître que la mécanique fonctionne. Il y a certes beaucoup de protagonistes, mais chacun joue un rôle important. Les évènements s’enchaînent avec fluidité jusqu’au dénouement. L’écriture est simple, la lecture facile et agréable. Ne cherchez pas ici un roman historique au souffle épique, vous seriez déçu. Mais si vous voulez partager quelques moments de la vie quotidienne des différentes couches de la société romaine, de l’esclave au soldat en passant par les gladiateurs ou les hommes politiques, cet ouvrage devrait vous satisfaire.
Personnellement, j’ai passé un très bon moment de lecture avec un roman à la fois didactique et divertissant. Ces deux qualités sont tellement difficile à associer que je ne peux que féliciter Cristina Rodriguez pour avoir réussi à relever un tel pari.
Merci à Livraddict et aux éditions du Masque de m’avoir permis de découvrir un titre que je ne serais jamais allé cherché par moi-même.
L’info en plus : la lecture de ce roman fait indéniablement écho à la diffusion il y a quelques années de la série Rome sur Canal Plus. On retrouve le même souci de montrer avec réalisme la vie quotidienne des patriciens et de la plèbe, même si l’époque n’est pas tout à fait la même puisque la série télé se passe sous le règne de Jules César. Si vous avez aimé le roman de Cristina Rodriguez et que vous ne connaissez pas la série, foncez sans hésiter sur cette dernière, vous ne serez vraiment pas déçus.
Meurtres sur la Palatin, de Cristina Rodriguez, Éditions du Masque, 2009. 16 euros.
Avis aux futurs lecteurs de ce roman : Rome antique ne rime pas avec romantisme. Oubliez les images d’Épinal. La vie à Rome à cette époque était extrêmement violente : le sang coulait à flot, la sexualité était totalement débridée, la condition des esclaves souvent insoutenable et les intrigues politiques foisonnantes. L’auteur ne force pas le trait Les mœurs décrites ici sont simplement réalistes.
Il est évident que Cristina Rodriguez connaît parfaitement son sujet d’un point de vue historique, mais elle ne cherche pas pour autant à épater la galerie. Les informations concernant l’organisation de la société, les rapports humains, la nourriture, l’architecture ou les vêtements ne sont pas amenées artificiellement, elles s’insèrent dans le récit et participent à la crédibilité de l’ensemble.
Aussi à l’aise dans la description d’une taverne que dans celle d’une riche maison du Mont Palatin, l’auteur n’a pas rédigé pour autant un essai historique. Son texte est une fiction qui utilise certains personnages ayant réellement existé, mais il ne faut pas perdre de vue que son dessein premier est de proposer une œuvre romanesque. Et force est de reconnaître que la mécanique fonctionne. Il y a certes beaucoup de protagonistes, mais chacun joue un rôle important. Les évènements s’enchaînent avec fluidité jusqu’au dénouement. L’écriture est simple, la lecture facile et agréable. Ne cherchez pas ici un roman historique au souffle épique, vous seriez déçu. Mais si vous voulez partager quelques moments de la vie quotidienne des différentes couches de la société romaine, de l’esclave au soldat en passant par les gladiateurs ou les hommes politiques, cet ouvrage devrait vous satisfaire.
Personnellement, j’ai passé un très bon moment de lecture avec un roman à la fois didactique et divertissant. Ces deux qualités sont tellement difficile à associer que je ne peux que féliciter Cristina Rodriguez pour avoir réussi à relever un tel pari.
Merci à Livraddict et aux éditions du Masque de m’avoir permis de découvrir un titre que je ne serais jamais allé cherché par moi-même.
L’info en plus : la lecture de ce roman fait indéniablement écho à la diffusion il y a quelques années de la série Rome sur Canal Plus. On retrouve le même souci de montrer avec réalisme la vie quotidienne des patriciens et de la plèbe, même si l’époque n’est pas tout à fait la même puisque la série télé se passe sous le règne de Jules César. Si vous avez aimé le roman de Cristina Rodriguez et que vous ne connaissez pas la série, foncez sans hésiter sur cette dernière, vous ne serez vraiment pas déçus.
Meurtres sur la Palatin, de Cristina Rodriguez, Éditions du Masque, 2009. 16 euros.
mardi 29 décembre 2009
Le festin d'Ohmelle T1 : bière et champignons
Ohmelle est une naine qui vit en Haute-Flandrie, une région du nord de la Fatrace. Mariée et mère de trois enfants, elle tient un restaurant dans son village. Si les nains de Haute-Flandrie sont d’ordinaire casaniers, Ohmelle a pour sa part des envies de voyages depuis sa jeunesse. Mais en Fatrace, chaque contrée est séparée des autres par les confins, d’épais brouillards infranchissables. Pour aller d’une contrée à l’autre, il faut emprunter les Traverses, des chemins ténébreux où vivent d’étranges créatures. Ohmelle décide de parcourir la Fatrace afin de trouver de nouvelles recettes de cuisine. Pour l’aider dans sa quête, elle fait appel à un vieil ami à elle qui est devenu un rôdeur. Les rôdeurs sont les seuls à pouvoir guider les étrangers sur les Traverses. C’est ainsi qu’Ohmelle, accompagnée par le rôdeur Maresme et les gnomes Segby et Nanny Tie, part à l’aventure sur les chemins de Fatrace. Dans ce premier volume, la compagnie va visiter la Somoyse, région qui se trouve au sud de la Haute-Flandrie et dont la capitale se nomme Manise, une ville possédant une magnifique cathédrale (j’espère que les picards auront reconnu leur région et la bonne ville d’Amiens).
L’idée de départ est vraiment intéressante. Faire visiter une France imaginaire pour mieux présenter les légendes et traditions de ses régions est un parti pris très original. La psychologie des personnages est également très poussée. Chaque membre de la compagnie possède quelques secrets plus ou moins troubles et on se doute que la quête collective cache des aspirations individuelles propres à chacun. On sent que la mise en place de cet univers de fantasy a dû germer pendant de nombreuses années dans l’esprit de l’auteur avant d’être couché sur le papier.
Pourtant, si cette présentation peut sembler à bien des égards alléchante, je dois avouer que ce roman m’a déçu. La randonnée de la compagnie m’a paru très très lente. Je me suis pas mal ennuyé en lisant les longs (très longs) états d’âmes des différents membres de la petite troupe menée par Maresme. Les changements incessants de narrateur alourdissent la fluidité du récit. En 300 pages, on n’a droit qu’à quelques rencontres avec des créatures fantastiques somme toute assez peu intéressantes et Ohmelle, dont le but est de trouver de nouvelles recettes, n’a en fin de volume qu’une seule recette de notée dans son carnet. L’intrigue avance tellement peu ! Je me suis surpris plusieurs fois au cours de la lecture à regarder combien de pages il me restait avant la fin et c’est souvent un très mauvais signe par rapport à l’intérêt que je porte au texte que je suis en train de lire. A raison de deux régions visitées par volume et sachant que la Fatrace compte dix-neuf contrées en tout, j’espère qu’il ne faudra pas dix tomes pour boucler la quête de la Compagnie !
Deux derniers points négatifs à signaler (après j’arrête, c’est promis !) : 1) la couverture est vraiment moche et fait plus penser à un roman de fantasy pour la jeunesse que pour adultes ; 2) les habitants de Manise (Amiens pour ceux qui n’auraient pas suivi) sont présentés comme des soiffards bourrés du matin au soir, certes très gentils et accueillants mais aussi franchement lourdauds. Et ça, pour le picard de naissance que je suis, c’est forcément difficile à avaler.
Que dire en conclusion ? Une évidence : le Festin d’Ohmelle m’a laissé sur ma faim. Mais j’ai néanmoins acheté le second tome (dont la couverture réalisée par le même illustrateur est beaucoup plus jolie !) et je compte bien le lire car je veux donner une seconde chance aux personnages d’Audrey Françaix. Qu’on se le dise !
Le festin d’Ohmelle T1 : Bière et champignons, d’Audrey Françaix, Éditions Octobre, 2007. 320 pages. 18,50 euros.
L’info en plus : les éditions Octobre sont une petite maison d’édition crée et dirigée par Audrey Françaix et son mari Pierre Grimbert. Un titre de leur catalogue connaît un franc succès en librairie. Il s’agit du Donjon de Naheulbeuk, une saga MP3 diffusée à l’origine gratuitement sur le net puis adaptée en BD (éditions Claire de Lune) et en roman (éditions Octobre).
L’idée de départ est vraiment intéressante. Faire visiter une France imaginaire pour mieux présenter les légendes et traditions de ses régions est un parti pris très original. La psychologie des personnages est également très poussée. Chaque membre de la compagnie possède quelques secrets plus ou moins troubles et on se doute que la quête collective cache des aspirations individuelles propres à chacun. On sent que la mise en place de cet univers de fantasy a dû germer pendant de nombreuses années dans l’esprit de l’auteur avant d’être couché sur le papier.
Pourtant, si cette présentation peut sembler à bien des égards alléchante, je dois avouer que ce roman m’a déçu. La randonnée de la compagnie m’a paru très très lente. Je me suis pas mal ennuyé en lisant les longs (très longs) états d’âmes des différents membres de la petite troupe menée par Maresme. Les changements incessants de narrateur alourdissent la fluidité du récit. En 300 pages, on n’a droit qu’à quelques rencontres avec des créatures fantastiques somme toute assez peu intéressantes et Ohmelle, dont le but est de trouver de nouvelles recettes, n’a en fin de volume qu’une seule recette de notée dans son carnet. L’intrigue avance tellement peu ! Je me suis surpris plusieurs fois au cours de la lecture à regarder combien de pages il me restait avant la fin et c’est souvent un très mauvais signe par rapport à l’intérêt que je porte au texte que je suis en train de lire. A raison de deux régions visitées par volume et sachant que la Fatrace compte dix-neuf contrées en tout, j’espère qu’il ne faudra pas dix tomes pour boucler la quête de la Compagnie !
Deux derniers points négatifs à signaler (après j’arrête, c’est promis !) : 1) la couverture est vraiment moche et fait plus penser à un roman de fantasy pour la jeunesse que pour adultes ; 2) les habitants de Manise (Amiens pour ceux qui n’auraient pas suivi) sont présentés comme des soiffards bourrés du matin au soir, certes très gentils et accueillants mais aussi franchement lourdauds. Et ça, pour le picard de naissance que je suis, c’est forcément difficile à avaler.
Que dire en conclusion ? Une évidence : le Festin d’Ohmelle m’a laissé sur ma faim. Mais j’ai néanmoins acheté le second tome (dont la couverture réalisée par le même illustrateur est beaucoup plus jolie !) et je compte bien le lire car je veux donner une seconde chance aux personnages d’Audrey Françaix. Qu’on se le dise !
Le festin d’Ohmelle T1 : Bière et champignons, d’Audrey Françaix, Éditions Octobre, 2007. 320 pages. 18,50 euros.
L’info en plus : les éditions Octobre sont une petite maison d’édition crée et dirigée par Audrey Françaix et son mari Pierre Grimbert. Un titre de leur catalogue connaît un franc succès en librairie. Il s’agit du Donjon de Naheulbeuk, une saga MP3 diffusée à l’origine gratuitement sur le net puis adaptée en BD (éditions Claire de Lune) et en roman (éditions Octobre).
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