Il fallait être culotté pour se lancer dans l’adaptation en BD d’un livre devenu depuis sa publication un « classique »contemporain. On y retrouve cette réflexion sans arrière-pensée sur le monde ouvrier, cette succession, par petites touches, d’impressions, de ressentis, cette affection qui se développe petit à petit pour une population de travailleurs très différente de ce que le narrateur a l’habitude de côtoyer. L’intérêt tient beaucoup dans le fait que Ponthus n’est pas un sociologue en immersion, c’est juste un gars qui a besoin de bosser pour payer les factures. Ce statut de « véritable » salarié de l’usine donne une sincérité à son témoignage qui éloigne tout jugement de classe.
L’adaptation est hyper fidèle, le texte étant retranscrit, certes pas dans son intégralité, mais au mot près pour chaque passage sélectionné. Je ne sais pas si cela a desservi l’album mais j’ai trouvé que les premiers chapitres étaient trop sages, trop respectueux de l’œuvre d’origine. Le noir et blanc et le dessin au rotring, quasi pointilliste, ont beaucoup de charme mais n’apportent finalement aucune valeur ajoutée, du moins jusqu’à l’épisode sur l’abattoir. A partir de là, Julien Martinière lâche les chevaux, proposant une vision hallucinée et ultra expressive de ce lieu infernal. L’aspect cauchemardesque est rendu avec un souffle créatif et une maîtrise graphique justifiant à eux seuls la découverte de cet album qui sonne au final comme un bel hommage à un ouvrier/écrivain trop tôt disparu.
À la ligne : feuillets d’usine de Julien Martinière (d'après le roman de Joseph Ponthus). Sarbacane, 2024. 206 pages. 25,00 euros.
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Coucou Jérôme,
RépondreSupprimerj'ai tenté de lire le roman de Joseph Ponthus, mais n'ai pas pu dépasser les 30 premières pages, je n'ai pas du tout accroché au style. Par contre, je récupère ton lien pour l'ajouter au récapitulatif de l'activité autour du monde du travail.
Je n'ai pas adhéré au récit plaintif du romancier, ça ne me dit trop rien de découvrir la BD. Mais sur le principe c'est une bonne idée d'adapter le roman.
RépondreSupprimerj'aime bien ce genre de dessins , à voir ...
RépondreSupprimerje n'ai toujours pas lu le roman, cela pourrait être une bonne approche!
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé le roman mais je ne suis pas très curieuse de la BD.
RépondreSupprimerJe suis curieuse : comment l'auteur a adapté la prose si particulière de Ponthus ?
RépondreSupprimerje suis toujours intriguée par les adaptations graphiques, parfois elles sont réussies, parfois non ... Mais je n'ai jamais lu Ponthus et pas envie (et je vois des avis mitigés sur son style) ici le dessin me tente bien
RépondreSupprimerJ'ai tellement adoré le roman -qui est une petite merveille- que je suis curieuse même si j'appréhende un peu... apparemment, c'est réussi, tant mieux !
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