Camille. L’ambivalence de son prénom et les railleries qui l’ont accompagnée dès l’enfance ne présageaient rien de bon. Aujourd’hui collégien, Camille voudrait devenir transparent. Fuir les contacts humains, être invisible aux yeux des autres. Garçon solitaire et renfermé, Camille va voir la carapace dans laquelle il avait trouvé refuge depuis des années se fissurer après un cours de théâtre. Le mur construit entre ses congénères et lui, qu’il pensait indestructible, s’effondre brutalement et l’ado se retrouve exposé comme jamais auparavant. Pour le pire ou le meilleur, il va faire face à une « succession de séismes et de répliques » dont il sera l’épicentre.
Difficile de savoir qui on est à 15 ans. Difficile de trouver sa place, de s’accepter et d’être accepté quand on se cherche comme Camille. Les événements vont le pousser à se questionner sur ses relations aux autres, ses amis, ses amours, ses désirs, sa sexualité. Sans trouver la moindre réponse définitive. La révélation d’une part de féminité le trouble et le pousse à la réflexion : « J’ai pensé que bien sûr, il y avait aussi mille et une façons d’être un garçon. La brutalité n’était pas nécessaire. L’indélicatesse non plus. La masculinité n’était pas synonyme de lutte acharnée pour la domination. »
Un premier roman tout en finesse qui ne tombe jamais dans les clichés et n’enfonce pas de portes grandes ouvertes. Camille s’interroge, il ne sait pas qui il est. Le passage d’une enfance au cadre rassurant à une adolescence ayant tout d’un saut dans le vide sans élastique est une épreuve intense à surmonter. Il n’est pas simple d’avancer sans repères solidement ancrés, de naviguer à vue, de gagner en confiance quand tout semble aussi fragile. Beaucoup de subtilité et de sensibilité dans ce texte très joliment écrit, portrait touchant d’un ado en construction. Les ombres que nous sommes vient de remporter le prix Axl Cendres et c’est amplement mérité.
Les ombres que nous sommes de Sandrine Caillis. Editons Thierry Magnier, 2020. 204 pages. 12,90 euros. A partir de 15 ans.
Quand je pense que certains profs de français dénigrent la littérature jeunesse... si, si, j'en connais !!! Ce titre a l'air superbe.
RépondreSupprimerLa littérature et la BD aussi, malheureusement.
SupprimerUne très bonne pioche ce roman...! J'ai aimé ce qu'il dit de l'adolescence, cet entre-deux inconfortable dans lequel se façonne une identité. Les personnages sont tous extrêmement réalistes...! Auteure à suivre !
RépondreSupprimerPour un premier un roman, c'est une vraie réussite.
SupprimerLes thèmes explorés dans la littérature jeunesse aujourd'hui m'épatent toujours. Je n'avais pas ça à mon époque.^^
RépondreSupprimerLa diversité est infinie aujourd'hui.
SupprimerUn roman très ancré/encré dans l'ère actuelle (l'identité sexuelle, la notion de genres) comme beaucoup de parutions récentes d'ailleurs. L'affirmation de soi peut devenir alors la quête de toute une vie.
RépondreSupprimerC'est un roman très actuel en effet.
SupprimerJe ne suis pas de la génération BD, et si j'étais enseignante je laisserai les jeunes construire leurs goûts en BD (ce qu'ils ont toujours su faire sans l'aide de personne) , en revanche pour les livres j'essaierai de les éclairer car ils sont d'une génération qui n'a plus le temps de lire à cause des écrans. Ce que je dis, je le pense vrai pour les enseignants , en revanche dans les collège il y a des lieux de lecture et là il faut absolument que le personnel sache parler BD ou Manga avec les jeunes.
RépondreSupprimerUn nouveau prix littéraire ? Je vais suivre ton lien.
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