mardi 31 décembre 2019

Samedi soir, dimanche matin - Alan Sillitoe

« Car c’était un samedi soir, le meilleur moment de la semaine, celui où l’on s’amuse pour de bon, l’un des cinquante-deux jours de gloire dans la grande roue de l’année qui tourne si lentement, le prologue échevelé d’un morne dimanche. Le samedi soir, les frénésies contenues toute une semaine se déchaînent sans contrainte, vous purgez à grand renfort de libations confraternelles votre individu de l’emprise de toute une semaine de boulot monotone à l’usine. »

Être un prolo de 21 ans à Nottingham dans l’Angleterre de l’après-guerre offre peu de perspectives. Arthur le sait et, quelque part, il s’en fout. La semaine de boulot l’esquinte mais le week-end, la pinte le requinque. Arthur vit chez ses parents, dans une cité ouvrière construite autour de l’usine. Les cadences infernales et le bruit de l’atelier l’abrutissent mais sa paie suffit pour payer un petit loyer à sa mère et s’offrir deux soirées au pub. Le vendredi et le samedi, tout est permis. Boire trop bien sûr, faire le coup de poing si nécessaire et papillonner auprès de femmes peu farouches. Le dimanche est en général plus calme, il préfère rester seul et aller à la pêche.

Arthur fume énormément, il sirote du thé à longueur de journée et culbute la jolie Brenda dès que son mari a le dos tourné. Arthur vit au jour le jour, il ne pense pas à l’avenir et ne se voit pas faire de vieux os. Punk avant l’heure, sa conscience politique se résume au fantasme de faire sauter l’usine pour ne plus avoir à courber l’échine devant sa machine. Jeune, fougueux, rebelle sans véritable cause, Arthur traine dans les rues de Nottingham la rage au ventre, toujours prêt à s’embarquer dans des virées sans véritable but.

Alan Silitoe est connu en France pour sa nouvelle La solitude du coureur de fond mais Samedi soir, dimanche matin est son roman le plus célèbre en Grande-Bretagne. Une oeuvre culte, considérée comme le texte fondateur du mouvement des Angry Young Men qui a marqué la littérature britannique des années 50 et qui continue d’influencer nombre d’artistes du cinéma et de la musique (de Madness à Ken Loach en passant par les Arctic Monty, entre autres). Roman de la classe ouvrière par excellence, roman du désenchantement et de la désillusion qui porte un regard lucide sur l’impossible ascension sociale des oubliés du grand capitalisme, il reste d’une étonnante actualité à l’heure de la montée des populismes, du Brexit et des gilets jaunes.

Samedi soir, dimanche matin d’Alan Sillitoe (traduit de l’anglais par Henri Delgove). Éditions L’échappée, 2019. 280 pages. 20,00 euros.









26 commentaires:

  1. il va falloir que je le lise très vite alors :)

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  2. Tu démarres bien l'année, toi! ^_^

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    1. En fait c'est ma dernière lecture de l'année dernière ;)

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  3. My God, 2020 se lève à peine et tu me mets déjà face à mon inculture navrante. J'ignorais tout de ce roman et de sa portée. Bien, bien...

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  4. Je ne connais pas mais ça m'intéresse, je note.

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  5. Je ne sais pas si je le lirai, mais ton billet ouvre une porte sur une réalité dont j'ignorais tout

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  6. Voilà qui me paraît fort intéressant.

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  7. Je suis en plein dans la série The Crown, l'Angleterre ça me parle et ça me fascine!
    J'ignorais tout de ce livre, le nom de l'auteur ainsi que son importance!

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  8. je suis toujours sensible à la peinture du monde britannique qui va mal grâce au festival du cinéma britannique de Dinard.

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  9. Et voilà... Un livre de plus dans ma liste !!

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  10. Un peu cher pour une réédition, non ?

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    1. Pas du tout non, c'est un tout petit éditeur, le prix est très raisonnable je trouve.

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  11. Typiquement le genre de roman que toi seul peut dénicher, j'adore !

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    1. Celui-ci fait clairement partie de mes jolies trouvailles ;)

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  12. Je sais pour qui je vais acheter celui-ci... (et j'en profiterai pour le lire au passage !)

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    1. J'aime bien moi aussi lire les cadeaux que j'offre ;)

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