Dans ce petit opus d’une centaine de pages il a consigné des textes courts, des micro-nouvelles que l’on sent captées dans l’urgence, sur un coin de table. Il y parle aussi bien du confort des banquettes en moleskine que de la promiscuité du verre bu au comptoir, des journaux que l’on se partage aux toilettes qui en disent tant sur l’identité des lieux. Il se souvient aussi. Des cabines téléphoniques au fond de la salle, des objets qu’il a un jour oubliés dans un café, des écrivains qui les ont tant décrits ou qui y ont tant écrit (Simenon, Modiano, Breton, Verlaine, Sartre et Beauvoir, Nathalie Sarraute…). Beaucoup de références au cinéma, beaucoup d’anecdotes « historiques » également, le tout sans lyrisme malvenu, avec retenu et dans une forme de nostalgie pudique, sans tomber dans le discours du vieux con qui ne cesse de se lamenter au son du « c’était mieux avant ».
Une sorte d’exercice de style thématique qui m’a beaucoup plu. Il faut dire que j’ai une relation particulière aux cafés. Je les ai fréquentés dans ma plus tendre enfance, mon grand-père m’y trainait chaque dimanche quand il allait faire son tiercé. Je me rappelle des ballons de rouge posés sur le formica des tables, de la fumée dans toute la salle, des rires gras, des éclats de voix, des mains serrés et des claques dans le dos. Plus tard au lycée ce furent les flippers et le baby-foot, la mobylette garée sur le trottoir et les filles qui ne rechignaient jamais à nous accompagner pour boire une bière ou un monaco. Je n’oublie pas non plus que c’est dans un café que j’ai rencontré ma femme il y a 25 ans et que l’on ne s’est plus quittés depuis. Je les fréquente bien moins aujourd’hui mais ils restent attachés à des moments joyeux de mon existence.
Et puis, pour revenir au livre, depuis ma découverte de « Leïlah Mahi, 1932 » j’aime l’écriture de Didier Blonde, son style « modianesque » et l’atmosphère si particulière qu’il parvient à créer avec une élégance et une sobriété remarquables. J’ai donc été ravi de le retrouver ici, s’attardant sur un sujet me tenant particulièrement à cœur.
Cafés, etc. de Didier Blonde. Mercure de France, 2019. 126 pages. 13,00 euros.
Quel beau billet ! Il incite à découvrir et ce livre et l'écriture de cet auteur dont je n'ai jamais entendu parler...
RépondreSupprimerC'est vraiment un auteur que j'aime beaucoup.
SupprimerJe ne suis pas une adepte des textes courts mais l'idée me plaît beaucoup. Le tiercé et les Moncao, c'est toute une époque !
RépondreSupprimerça existe encore mais l'époque a changé, indiscutablement.
SupprimerJoli concept et jolie histoire personnelle.:) J'aime bien l'idée "d'entrer dans un café comme dans un roman".
RépondreSupprimerL'image me parle beaucoup en tout cas.
SupprimerPas sûre que ce soit pour moi mais j'aime assez l'idée!
RépondreSupprimerJe reconnais que ce n'est pas vraiment un livre grand public.
SupprimerUne occasion pour moi de découvrir cet univers que je ne connais pas.
RépondreSupprimerCe n'est pas un documentaire non plus mais le point de vue est séduisant je trouve
SupprimerJ'adore ton billet, avec ce partage de souvenirs personnels ! Et ce n'est pas la première fois que je lis un éloge de cet auteur, alors qui sait...
RépondreSupprimerC'est une expérience à tenter ;)
Supprimerça donne envie... et soif !
RépondreSupprimerconseil que je vais suivre d'autant que j'ai beaucoup aimé aussi, dans un genre sans doute différent mais complémentaire : "Métaphysique de l'apéritif" de Stéphan Lévy-Kuentz, éd. Manucius (mais pas encore de note de lecture sur mon blog)
santé !
Sur le thème j'avais adoré "Les compagnons du verre à soif" de François Vignes.
Supprimerje l'avais découvert avec Leila Mahi, et j'aimerais bien lire d'autres livres de cet auteur!
RépondreSupprimerCelui-ci serait parfait pour poursuivre la découverte.
Supprimervoilà qui me tente, les cafés me manquent, à TOulouse il n'y en a presque plus :-( (ce n'est pas partout pareil, quand fille ainée étudiait à Caen, j'ai été surprise par tous les bar tabac qui y pulullent encore, surprise et heureuse je dois dire :-) )
RépondreSupprimerJ'habite dans les Hauts de France, c'est une région où les cafés sont heureusement encore bien présents (même s'il y en a beaucoup moins qu'avant).
SupprimerEt moi j'adore partager une banquette en moleskine avec toi, vivement Montreuil ! ;-)
RépondreSupprimerOn en a fréquenté quelques uns ensemble des cafés, c'est vrai !
SupprimerJe ne connais pas du tout cet auteur, mais ça me tente bien. En étant bretonne, tu penses bien que les cafés, je connais, d'autant plus que mon frère en a eu un quelques années à partir de mes 16 ans ^^
RépondreSupprimerAh oui en effet, tu dois être une spécialiste de la question :)
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