jeudi 1 février 2018

L’infinie patience des oiseaux - David Malouf

1914. De retour sur ses terres du Queensland après avoir étudié en Angleterre, Ashley Crowther fait la connaissance de Jim Saddler, un jeune homme de son âge passionné d’ornithologie. Partageant le même amour de la nature que son nouvel ami, Ashley décide de créer dans les marais de son domaine un sanctuaire pour les oiseaux migrateurs. Mais quand la guerre explose en Europe, Jim et lui se retrouvent au cœur d’un conflit qui va bouleverser leurs destins.

Salué comme un chef d’œuvre au moment de sa publication en Australie en 1982, L’infinie patience des oiseaux est un texte magnifique, tout en retenue et en poésie. David Malouf décrit le quotidien du soldat Jim au jour le jour, de l’engagement à la traversée de l’océan, du débarquement en France aux premiers combats, de la vie à l’arrière à l’enfer des tranchées. Jim porte un regard lucide sur sa condition, il constate l’horreur et l’absurdité de la guerre sans colère, il perd ses camarades les uns après les autres, survit aux pires situations sans se faire d’illusion sur la suite des événements, ayant bien conscience que son tour finira par arriver.

Le décalage entre le champ des possibles ouvert par sa rencontre avec Ashley au début du roman et son statut de poilu envoyé à la boucherie montre à quel point une génération entière, à travers le monde, a perdu son innocence, sa jeunesse et son avenir au fil du conflit. La plume aérienne et sobre de David Malouf évite de noyer le lecteur sous des tombereaux de violence gratuite. Rien n’est éludé pour autant mais l’horreur est décrite avec une sorte de mélancolie extrêmement touchante.

Clairement, ce roman propose une autre une façon d’écrire sur la guerre. La première partie dans le Queensland, bucolique en diable, est d’un grand classicisme alors que l’arrivée en France signe le passage à style plus direct, plus réaliste.  Au final le texte apparaît à la fois d’une grande cohérence et d’une grande modernité, portant une réflexion sur le sens de la vie aussi pertinente que saisissante. Une superbe découverte.

L’infinie patience des oiseaux de David Malouf. Traduit de l’anglais (Australie) par Nadine Gassie).  Albin Michel, 2018. 220 pages. 20,00 euros.


















56 commentaires:

  1. Beaucoup de guerre et peu d'oiseaux, si j'ai bien compris?

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    1. Il y a de ça, même si les oiseaux sont aussi présents pendant la guerre.

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  2. Je me souviens d'avoir lu des nouvelles de lui sans être enthousiasmée... (http://www.lecturissime.com/article-chaque-geste-que-tu-fais-de-david-malouf-107452175.html)et effectivement il ne m'en reste rien...

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  3. La nature, les oiseaux, la guerre... je sens que ça va m'intéresser !

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  4. C'est un roman qui a toutes les chances de m'intéresser !

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  5. rhoooooo ... ton billet est superbe. Si le roman l'est tout autant, suis archi tentée !

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  6. ma prochaine lecture donc j'ai lu ton billet en diagonale !

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    1. Moi j'ai lu le tien avec attention et je suis ravi de constater que tu as autant aimer que moi !

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  7. Un roman riche et fort. Noté forcément.

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  8. A première vue comme ça, je n'aurais pas dit que ça pouvait m'intéresser mais tu le présentes fichtrement bien ce livre, ça m'intrigue du coup, et puis cet auteur australien, il faudra que je tente un jour.

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    1. Tu ne peux pas passer à coté d'un tel auteur, avec ce titre ou un autre ;)

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  9. Il en a fallu du temps pour qu'il soit traduit !

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    1. C'est d'ailleurs assez incompréhensible d'avoir attendu si longtemps !

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  10. Je ne connais pas cet auteur australien. Ce que tu en dis a l'air intéressant.

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  11. Je l'avais inscrit sur ma liste, ça a l'air plutôt bien !

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  12. j'aime beaucoup cette phrase : "une génération entière, à travers le monde, a perdu son innocence, sa jeunesse et son avenir au fil du conflit" je crois que c'est si vrai et si grave de conséquences.

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    1. C'est vraiment le conflit le plus dévastateur de l'histoire.

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  13. Cette rentrée est plutôt bonne pour toi...!

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  14. Oui tu présentes fichtrement bien!!! Je le veux tu comprends ???! Est-ce que tu comprends ?!

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  15. Je note pour plus tard ! La guerre,les poilus, la vie des jeunes soldats... Je prends!

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  16. J'ai noté ce titre... Et tu me confirmes par ton article que j'ai eu raison de le faire.

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  17. Voilà un auteur que je n'ai jamais lu !

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  18. Je découvre grâce à toi et je sors plutôt intriguée suite à la lecture de ta chronique.

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  19. Un titre qui m'attire et un billet qui confirme
    Bon dimanche
    Bises

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    1. Bon dimanche Didi !
      (ben oui, à deux semaines près, on est toujours dimanche !)

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  20. Je ne suis pas trop tentée par la guerre, mais par contre je ne l'ai jamais lu.

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  21. Je ne me tourne pas sponténament vers les récits qui traitent des guerres mondiales, mais tu m'as convaincue. Je note la référence ;)

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  22. Je ne suis pas sûre qu'il soit pour moi mais comme tu es ma référence pour faire des cadeaux, je vais l'offrir pour l'anniversaire d'une amie.

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    1. Je ne suis pas peu fier d'être ta référénce en matière de cadeaux livresques tu sais ;)

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  23. Un auteur dont je n'ai encore rien lu (bon, comme beaucoup d'autres en fait !!) Je note celui-ci.

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    1. Comme des milliers d'autres même, ce qui est logique quand on y pense ;)

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  24. J'avais craqué pour la rancon, un bouquin et une écriture magnifique... Hélas il n'a rien écrit depuis (enfin pas de roman) mais pourquoi pas taper dans les ouvrés plus anciennes ☺️

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    1. C'est l'occasion de découvrir une publication plus ancienne en effet.

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  25. Déjà avec ce si beau choix de titre par l'auteur, je ne suis pas étonnée que ce roman soit " tout en retenue et en poésie "...
    Bisous

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  26. Ton billet est très beau! Mais... je croule sous les titres en ce moment. Ce sera remis à plus tard pour celui-ci :)

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