samedi 16 juin 2012

L'art du jeu

Harbach © JC Lattès 2012
Mike Schwartz est le capitaine de l’équipe de baseball de l’université de Westish. Lorsqu’il croise le chemin d’Henry Skrimshander au cours d’un match de seconde zone, il comprend que le gamin possède un potentiel exceptionnel. Devenu le mentor d’Henry, Schwartz va faire de son protégé une véritable star. Mais il suffira d’un mauvais lancer pour que les destins de plusieurs personnages basculent. Ceux d’Henry et de Mike, bien sûr, mais aussi celui d’Owen, le compagnon de chambre d’Henry, gracieux jeune homme vivant une histoire d’amour impossible avec Guert Affenlight, le président de l’université. Un président qui doit gérer, en plus de la découverte de son homosexualité, le retour de sa fille Pella dont il n’avait plus de nouvelles depuis des années…

Il aura fallu dix ans à Chad Harbach pour rédiger la version définitive de L’art du jeu. Ce premier roman à la narration incroyablement fluide imbrique avec maestria les existences des cinq personnages principaux. Chacun d’eux est parfaitement incarné et déclenche l’empathie du lecteur. Roman d’apprentissage empreint d’un grand classicisme formel, L’art du jeu met en scène des jeunes gens sur le point de basculer dans le monde des adultes. Basé en grande partie sur les relations que nouent les hommes entre eux (fidélité, amitié, jalousie, colère…), le texte joue sur la corde de l’héroïsme et de la virilité pour mieux affirmer l’impossibilité de parvenir à la perfection. Au final, il semble simplement que chacun aura grandi dans la beauté et la grandeur de l’échec, même si le capitaine Schwartz pense évidemment tout le contraire : « J’en ai marre de perdre. On est en Amérique. Les bons gagnent. Les nuls sortent. »

Encore un premier roman américain d’une exceptionnelle ampleur. Chad Harbach glisse avec aisance d’un personnage à l’autre. Sa prose est simple, précise, réaliste, et la construction du récit, de prime abord complexe, se révèle à la lecture simplement palpitante. Un vrai tour de force qui a dû demander une somme de travail considérable à l’auteur. Le résultat est tellement impressionnant que l’Art du jeu a été classé par le New York Times parmi les dix meilleurs livres de l’année 2011 et que la chaîne HBO en a acheté les droits afin d’en faire une série télévisée. Juste une précision néanmoins, même s’il n’est pas nécessaire de connaître toutes les subtilités du baseball pour apprécier ce texte, il faut bien avouer que certains passages décrivant les matchs risquent de paraître obscurs aux profanes.

Personnellement j’adore ce sport donc cela ne m’a posé aucun problème et j’ai été tout simplement emballé par ce roman qui pousse ses protagonistes à s’interroger sur le désir, la quête de perfection ou encore le doute, autant de questionnements propres à l’âme humaine : « Une âme, on ne nait pas avec. C’est quelque chose qu’il nous faut construire, au fil de nos efforts et de nos erreurs, de nos études et de nos amours. »

Assurément un gros coup de cœur pour moi !

L’art du jeu, de Chad Harbach, JC Lattès, 2012. 664 pages. 22,50 euros.

L'avis de Voyelle et consonne

Ce billet signe ma seconde participation au challenge Premier roman de Anne.




22 commentaires:

  1. Je crains beaucoup le baseball... ^_^

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    1. Il est certain que cela peut être un frein mais l'essentiel du roman est ailleurs.

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  2. Je n'ai jamais rien compris au baseball... C'est pourtant pas faute d'en avoir vu dans plein de dessins animés.

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    1. En même temps c'est très compliqué à comprendre, il faut vraiment avoir envie de s'y mettre pour suivre un match.

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  3. Sans hésitation, je le lirai dès que possible. Je viens juste de lire un autre article très positif sur ce roman. J'ai l'impression qu'on va beaucoup en entendre parler ici aussi maintenant qu'il est traduit.

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    1. Sincèrement je pense qu'il restera comme l'un des meilleurs 1ers romans américains publiés cette année avec Le diable tout le temps.

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  4. J'ai un article dans un magazine et ce livre m'intriguait.Merci pour ce bel article!!!

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    1. Je pense que l'on va de toute façon beaucoup en parler dans la presse.

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  5. Je crains de déconnecter un peu lors des matchs mais ton avis m'encourage à découvrir ce livre. Noté !

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    1. Ce qui est difficile c'est de visualiser les actions pendants le smatchs. Mais on peut quand même comprendre l'ensemble même si l'on est hermétique au baseball.

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  6. Bon, malgré avoir aimé l'ambiance d'un match de base ball à NY, je ne sais pas si je comprendrais un roman basé sur ce jeu.

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    1. Moi aussi j'ai vu un match "live" à Montréal en 2001 et j'ai adoré !

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  7. Moi non plus je ne connais rien au base-ball (mais la pêche aux liens, oui - je suis vnue le chercher, ne me le renvoie donc pas mais penses-y la prochaine fois, s'il te plaît) Cela dit, j'ai vu ce roman en évidence à la F**c et je ne savais pas pourquoi. Ton billet est très attirant mais le base-ball me fait un peu peur aussi...

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    1. Oups, désolé. Dimanche matin... mal réveillé... Promis je ferai attention la prochaine fois.

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  8. avec du baseball, ce n'est pas commun, je n'ai jamais rien compris au football américain !

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    1. En même temps on ne peut pas confondre les deux, ce sont des sports très différents l'un de lautre !

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  9. je viens de lire ce roman auquel je reproche beaucoup de longueurs , mais comme tu le dis c'est un bon roman et j ai supporté le base-ball auquel je ne comprends rien (un peu plus que le cricket!)
    Luocine
    j ai mis un lien vers ton article

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    1. J'ai tellement tout aimé que je n'y ai trouvé aucune longueur.

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  10. Un GROS coup de coeur pour moi aussi : baseball et states : parfait ^^

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