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mardi 6 septembre 2016

La fabrique pornographique - Lisa Mandel (d'après une enquête de Mathieu Trachman)

Je suis un lecteur curieux c’est bien connu. Un touche-à-tout adepte du grand écart. Alors forcément, le lancement d’une nouvelle collection combinant BD et sociologie ne pouvait me laisser insensible. J’aurais pu découvrir les coulisses des métiers du bâtiment, de la grande distribution ou des compagnies aériennes (sujets abordés dans les autres titres de cette collection) mais j’ai dû me contenter de la pornographie puisqu’il n’y avait que ce titre de dispo sur les rayonnages de ma librairie. Un heureux hasard sans doute.

Ici, c’est évidemment moins le sujet que son traitement qui m'a intéressé (vraiment, je vous jure !). Se basant sur l’enquête sociologique publiée en 2013 par Mathieu Trachman (« Le travail pornographique »), Lisa Mandel a imaginé une fiction parfaitement ancrée dans la réalité du terrain. Nous suivons donc le parcours d’Howard, vigile de centre commercial et amateur de porno en ligne, qui se fait engager sur un tournage amateur et commence une balbutiante carrière d’acteur, découvrant que l’autre côté du miroir n’est pas aussi reluisant qu’il l’imaginait.

Howard comprend vite que le porno, chez les amateurs du moins, fonctionne beaucoup sur des demandes ponctuelles auxquelles il faut se plier pour vendre : « femmes matures et épilées », « petite jeune et poilue », « tatouée ou avec des piercings », etc. Des effets de mode fluctuants difficiles à anticiper. Howard comprend aussi que sa couleur de peau le handicape dans la mesure où nombre d’actrices refusent de tourner avec des hommes noirs. Il doit donc se contenter du créneau


Il lui faudra profiter d'une opportunité en Espagne pour pouvoir enfin se plonger dans un tournage professionnel digne de ce nom où le réalisateur offre d’emblée une leçon de cinéma X



Un réalisateur qui ne se voile pas la face, bien conscient de ne pas être Spielberg et parfaitement au clair par rapport à ses intentions


J’ai appris beaucoup d’autres choses sur cet univers si particulier, notamment que l’acteur refusant de prendre du viagra ne peut se permettre la moindre panne sous peine d’être cloué au pilori, que les stars dont la photo sur une jaquette assure le succès d’un film jouent de leur notoriété pour faire grimper les cachets (comme dans le cinéma traditionnel d’ailleurs), qu'il n'y a que très peu de place pour le plaisir tant chaque position se doit d'être acrobatique afin de fournir les meilleurs angles de vue à la caméra ou encore que les acteurs du porno, souvent payés au noir et n’étant de toute façon pas considérés comme des intermittents, n’ont pas droit au chômage. Lisa Mandel a trouvé l’équilibre parfait entre sérieux et légèreté, elle aborde toutes les thématiques (hygiène, sexisme ambiant, difficulté de retrouver une existence "normale" après le terme de sa carrière...),  sans complaisance ni jugement.

Certains passages sont aussi très drôles, comme cet échange entre actrices après une virée shopping où la première, débutante, s'étonne agréablement d'avoir à porter des choses plus sexy que vulgaires tandis que l'autre, expérimentée, s'empresse de lui préciser l'image qu'elles sont censées renvoyer. Parfois, la nuance est ténue mais d'importance... 


C'est parfois cru (j'ai beaucoup aimé la leçon de "gorge profonde"), jamais gratuit, sans le moindre faux semblant et loin de tout voyeurisme ou de toute apologie. Un ouvrage pertinent qui décortique une industrie, certes particulière, mais répondant finalement à une logique capitaliste des plus classiques. Pour moi qui ne connaissais absolument rien au porno (on arrête de rire au fond !), la lecture s'est révélée fort instructive. Je vais peut-être enchaîner avec la grande distribution ou les métiers du bâtiment du coup, ne serait-ce que pour prouver aux mauvaises langues que le choix de ce titre en particulier relève bien du pur hasard et que mon insatiable curiosité me pousse à découvrir d'autres enquêtes sociologiques de terrain dans des domaines fort différents. Non mais !

La fabrique pornographique de Lisa Mandel (d'après une enquête de Mathieu Trachman). Casterman, 2016. 164 pages. 12,00 euros.



Premier mardi de septembre et retour de l'incontournable
rendez-vous de Stephie, avec un nouveau logo absolument splendide.










  



mardi 5 juillet 2016

Sexe sans complexe - Bérangère Portalier et Frédéric Rébéna

Un documentaire pour ados au titre culotté, c’est le moins que l’on puisse dire ! Et un contenu sans complexe, comme annoncé, c’est le moins que l’on puisse dire ! Franchement, j’adore cette prise de risque, assumée de bout en bout et sans faux semblant.

Un ouvrage aux illustrations suggestives ne tombant jamais dans la vulgarité. Après une description des plus précises des organes génitaux, deux chapitres abordent la question de l’estime de soi et du regard des autres, des paramètres importants à l’heure de l’adolescence et de la post adolescence. On enchaîne ensuite directement avec la masturbation, LE sujet tabou par excellence (et l’activité la plus pratiquée chez les ados), puis la question cruciale de la virginité. Viennent ensuite les règles et la contraception qui précèdent le désir et l’amour, les stéréotypes et l’intimité. On entre ensuite dans le vif du sujet avec les préliminaires et l’actes en lui-même, puis les fantasmes, la place du porno dans la société ou encore les sextapes.

C’est hyper complet, sans langue de bois, dans un vocabulaire simple, précis, clair et accessible (le tutoiement est de rigueur). Le texte se met à la hauteur des interrogations du public visé, même des questions pouvant paraître les plus naïves (et étant par définition celles que l’on ose le moins poser), comme par exemple, comment « trouver le trou » lors d’un premier rapport ou combien de temps doivent durer les préliminaires. La mise en page aérée, les chapitres courts allant à l’essentiel permettent de se sentir très vite à l’aise et de naviguer avec facilité d’un sujet à l’autre.



J’aime beaucoup le ton trouvé par les auteurs, les interventions rassurantes et « dédramatisantes » comme « faire l’amour c’est s’offrir un terrain de jeu et d’exploration » ou « le sexe n’est pas une compétition ». Et puis j’adore le fait que rien, absolument rien n’est occulté, de l’hygiène à la santé, des problèmes « mécaniques » ou « de taille » au harcèlement et au viol en passant par le sexe entre filles ou entre garçons. Les conseils permettent d’aborder sereinement une activité sexuelle à venir ou qui en est à ses balbutiements, en mettant le plaisir et l’épanouissement au cœur de la problématique, sans nier les éventuels soucis physiologiques et/ou psychologiques.

Reste à savoir à quel moment on peut mettre un tel ouvrage entre les mains de nos enfants. C’est bien moins une question d’âge que de maturité. Ma grande fille, bientôt quatorze ans, ne me semble pas prête à lire le chapitre intitulé « Alors, clitoridienne ou vaginale ? », mais je me trompe peut-être, et il est évident que ce « Sexe sans complexe » finira entre ses mains un jour ou l’autre. Du moins je lui en proposerai la lecture, libre à elle ensuite de s’y plonger ou pas, cela va de soi.

Sexe sans complexe de Bérangère Portalier (ill. Frédéric Rébéna). Actes Sud junior, 2016. 80 pages. 14,00 euros. A partir de 15 ans.


Une dernière pépite jeunesse épicée que je partage avec Noukette avant une pause estivale bien méritée. Rendez-vous fin août pour attaquer la rentrée du bon pied.









mardi 7 juin 2016

A coeur Pervers - Octavie Delvaux

Cinq ans que le rendez-vous de Stephie existe. Cinq ans que chaque premier mardi du mois, je donne dans la lecture inavouable. Pour être tout à fait honnête, j’ai pris le train en marche, je n’étais pas là au début de l’aventure mais il me semble ne pas avoir raté beaucoup de premiers mardis depuis le 4 octobre 2011 et mon billet sur « L’anthologie littéraire de la fellation » (je m’étais dit, autant attaquer avec un sujet qui me parle – oui, l’anthologie littéraire, c’est mon truc^^). Bref, pour fêter ces cinq ans et marquer le coup, j’ai eu l’immense plaisir de m’acoquiner avec la divine Framboise. Nous avons donc lu ensemble « A cœur Pervers »,  un recueil de nouvelles chaud-bouillant qui ne nous a pas laissés de marbre (t’inquiète Framboise, je n’en dirais pas plus, je sais garder les secrets, surtout les plus inavouables…).

Vingt-trois nouvelles et deux parties bien distinctes dans ce recueil, pour deux effets totalement différents, en ce qui me concerne du moins. La première moitié, « Éros », joue sur un registre classique d’érotisme chic et élégant. Classique donc, mais efficace, comme cette histoire de jeux torrides au restaurant un soir de Saint-Valentin ou ces vacances en club qui prennent une tournure inattendue pour un couple au mari volage. L’adultère est d’ailleurs un sujet redondant et les nouvelles traitant de ce thème offrent les plus beaux passages littéraires du recueil ainsi que les réflexions les plus profondes sur la question du désir et de l’abandon à l’autre, sans remords ni culpabilité.

Une première partie très réussie mais une seconde, « Thanatos », qui a eu sur moi l’effet d’une douche froide, notamment avec deux histoires de vampires où le mélange sexe, sang et morsures n’a pas été loin de me faire vomir. Dans les autres, il n’est question que de domination, de SM et de masques de cuir, des joyeusetés pour lesquelles je n’ai aucune attirance. Les fessées, la cravache, le collier de chien, la cire de bougie qui coule sur les roubignoles ou le piercing de tétons sans anesthésie, très peu pour moi. Comble du comble, ce texte où une maîtresse SM prend son pied avec des seringues. Du sadisme pur, juste insupportable pour une chochotte comme moi. Exemple qui a failli me faire tourner de l’œil : « Sans nous prévenir, Sonia planta l’aiguille, qui entra dans la peau comme dans du beurre. Elle traversait à présent la verge de John de Part en part ». Il m’a suffi de visualiser la scène pour grimacer et avoir des frissons d’horreur ! Heureusement que Framboise n’est pas non plus portée sur ce genre de choses, ça a permis d’éviter tout malentendu entre nous.

Un recueil inégal, donc. La première partie est excellente et justifie à elle seule la lecture. Pour le reste, les amateurs de pratiques extrêmes y trouveront leur compte. Les autres en sortiront comme moi, tremblants et effarés…

A cœur Pervers d’Octavie Delvaux. La Musardine, 2016. 300 pages. 18,00 euros.




Une lecture commune que j'ai donc le plaisir de partager avec Framboise. Et croyez-moi, pour ce qui est de l'inavouable, elle ne donne pas sa part au chien !



mardi 3 mai 2016

Perle - Anne Bert

Perle est née sous X. A l’adolescence, elle découvre grâce à la littérature que cette lettre symbole pour elle d’abandon parental possède aussi une portée des plus sensuelles. Se livrant sans plaisir aux nuits interlopes parisiennes et à un amant, politicien reconnu, lui faisant découvrir des pratiques extrêmes auxquelles elle peine à donner du sens, Perle décide un jour de tout plaquer pour se reconstruire dans les marais de Brière, au bord de l’océan Atlantique. C’est là qu’elle croisera le beau et taiseux Alanik, un marinier avec lequel elle va vivre une histoire d’amour aussi puissante que singulière.

Un roman très charnel qui s’égare parfois sur des sentiers où je n’ai pas eu envie de le suivre (notamment certains aspects fantastiques liés aux légendes locales) mais que j’ai trouvé dans l’ensemble très maîtrisé et sans complexe. Le portrait de Perle, femme libre assumant ses désirs, et la relation très particulière qu’elle noue avec Alanik offrent à l’histoire une profondeur qu’il est rare de trouver dans des récits de ce genre. Le corps est ici partout présent, loin de toute représentation aseptisée. Les épisodes coquins s’enchaînent avec une grande variété, plus ou moins émoustillants mais toujours  mis en scène avec classe et sobriété, portés par une écriture à la fois crue et poétique.

Un roman érotique particulièrement littéraire, c’est suffisamment rare pour être souligné. J’ai également apprécié le fait que les amants de passage de Perle prenaient systématiquement la peine d’enfiler un préservatif avant de passer aux choses sérieuses. Et c’est loin d’être un simple détail à mes yeux…

Perle d’Anne Bert. La Musardine, 2016. 180 pages. 8,95 euros.

Les avis de Liliba et Noukette








mardi 5 avril 2016

Orgasme - Chuck Palahniuk

Elle en a du bol, Penny Harrigan. Stagiaire dans un cabinet d’avocat, tout juste bonne à faire le café, elle se retrouve le cul à l’air devant Cornelius Linus Maxwell après s’être étalée lamentablement avec le plateau de cappuccinos qu’elle s’apprêtait à lui apporter. Un Maxwell qui n’est rien d’autre que l’homme le plus riche du monde doublé d'un Dom Juan que les tabloïds ont surnommé « Orgasmus Maxwell ». Lui qui jusqu’alors avait épinglé à son tableau de chasse une actrice six fois couronnée aux oscars, la présidente des États-Unis ou encore la future reine d’Angleterre semble être tombé de manière assez incompréhensible sous le charme de Penny, au point de l'invité à dîner. La jeune femme va vite découvrir que le bellâtre voue un culte au plaisir féminin et ne cesse de chercher à déclencher chez ses partenaires des orgasmes dévastateurs grâce à divers jouets de sa conception. D’abord éblouie par les torrents de jouissance que Maxwell parvient à provoquer en elle, Penny va rapidement se rendre compte que quelque chose cloche et que, loin de tout sentimentalisme, son amant la considère uniquement comme un cobaye. Où comment le conte de fée va virer au cauchemar...  

Dès le départ, on se dit que Palahniuk se moque du monde. Qu’il force le trait, qu’il insiste lourdement sur les codes propres aux Mommy Porn pour mieux les égratigner. Impossible en effet de prendre au sérieux le délire du fumeux Cornélius Maxwell, expert implacable de l’anatomie féminine et de ses secrets se muant en terroriste psychopathe assoiffé d’argent et de pouvoir. Un maître de l’univers gagnant ses galons en fournissant aux femmes la drogue la plus dure jamais mise sur le marché, une dépendance à l’orgasme provoquée et entretenue par ses sextoys tous plus diaboliques les uns que les autres. L’histoire en elle-même est totalement déjantée, comme tous les personnages d’ailleurs (avec une mention spéciale pour Baba Barbe-Grise, prêtresse de la jouissance féminine vivant depuis deux cents ans recluse dans une grotte du fin fond de l’Himalaya et épuisant tous les disciples qui ont osé se frotter à son savoir).

Le risque quand on se lance dans un projet aussi parodique, c’est de rapidement tourner en rond et de finir par tourner à vide. Or ici, ce n’est jamais le cas. D’abord parce que c’est drôle et ensuite parce que Palahniuk ne se contente pas de se foutre de la mode érotico-porno actuelle. Son roman est aussi (et surtout) une satire sociale dénonçant la quête effrénée du plaisir entretenue par une industrie et des médias aux vues purement mercantiles. La réflexion sur la manipulation des masses est aussi très présente et on sent le plaisir qu’a eu l’auteur à mettre en scène puis dézinguer quelques travers très actuels de notre société.

Un pari compliqué mais parfaitement réussi. Le sens de l’hyperbole de l’auteur de Fight Club conjugué à son sens de l’ironie mordante offre au final un pastiche à l’absurdité jouissive. Tout ce que j’aime.


Orgasme de Chuck Palahniuk. Sonatine, 2016. 260 pages. 18,00 euros.


Un orgasme que j'ai le plaisir de partager avec Noukette (si, si !!!).








mardi 1 mars 2016

Le premier mardi c'est permis (46) : Les filles d'Ève - Frédérique Martin

Une halle couverte aux vitres monumentales. Du monde partout, un brouhaha d’enfer. Un reporter, caméra sur l’épaule, suit un concierge de luxe à la recherche de bonnes affaires pour ses riches clients. La marchandise qu’il convoite est étudiée de près et doit répondre à des critères physiques précis. Seuls les plus beaux spécimens l’intéressent.

Ici, on vient acheter des femmes : « la tragique raréfaction du sexe féminin avait conduit les gouvernements à prendre des mesures draconiennes pour éviter sa disparition ». Privées de liberté, les femmes sont devenues des produits, du bétail rare et hors de prix. Asservies, exploitées, elles ont perdu le statut d’être humain. Mais la colère gronde. Soudain, alors que le chef de l’état arpente les allées, une étincelle embrase la foule et sonne le temps de la révolte. Dans la panique ambiante, le reporter suit la jeune femme qui a mis le feu aux poudres, bien décidé à évacuer la frustration qui l’habite depuis trop longtemps : « Je veux ce qui me revient de droit. Je veux tes seins et tes fesses. Ta bouche aussi. » Mais la belle est bien décidée à ne pas se laisser faire car « le temps des femmes dociles s’achève ».

Une nouvelle de Frédérique Martin dans l’esprit du recueil publié il y a peu. Avec ce soupçon d’étrangeté, cette ironie mordante et cette représentation d’un futur proche pour le moins effrayant. Sans compter qu’à ces ingrédients vient s’ajouter une tension sexuelle parfaitement mise en scène.

Que retenir de ce texte si joliment troussé ? Que le sexe fort n’est pas celui que l’on croit ? Bon, c’est tout sauf un scoop pour moi, je suis bien placé pour savoir à quel point les mâles sont faibles, lâches, opportunistes, prêts à jeter leurs principes aux orties dès que la situation le permet, et à quel point une virilité de façade et une force physique portée en étendard ne suffisent pas à asseoir une quelconque supériorité. Frédérique Martin le démontre avec finesse et conviction, sans gros sabots. Parce que l’évidence saute aux yeux : malgré les apparences, les rapports hommes/femmes sont toujours menés par ces dames. Et personnellement ce n’est pas pour me déplaire, l’orgueil et l’amour propre typiquement masculin, il y a fort longtemps que je m’en tamponne.

Les filles d’Ève de Frédérique Martin. Éditions In8, 2012. 25 pages.

Un grand merci et un gros bisou à Stephie pour le cadeau !

Les avis de Noukette et Stephie













mardi 2 février 2016

Le premier mardi c'est permis (45) : Contes libertins du Maghreb - Nora Aceval

« Je les entends, les femmes de Nora Aceval, ses sœurs et ses cousines, ses tantes et ses amies des Hauts-Plateaux. Elles racontent dans leur langue, libre, libertine, défiant les interdits entre rires et exclamations heureuses, les audaces des femmes qu’elles seraient dans la clandestinité, qu’elles sont ? […] Séquestrées, sous haute surveillance nuit et jour, leur virginité jalousement gardée par la tribu intraitable, mariées à des vieillards ou à des avares, convoitées par des Tolbas (religieux) concupiscents et fourbes, leur imagination ne connait pas de limites. Elles inventent les fictions les plus folles, les plus extravagantes, efficaces toujours. Pour elles, l’amour de l’amour triomphe, pour les amants, ils répondent dans un bel élan viril au désir des femmes, pour les maris, ils sont convaincus de l’innocence de l’épouse… » (Leila Sebbar)

Une belle rencontre au salon du livre de Creil en novembre dernier. Nora Aceval et Leïla Sebbar derrière la même table, devant elles quelques ouvrages dont celui-ci. L’une y a retranscrit des contes licencieux collectés auprès de femmes nomades et paysannes des Hauts-Plateaux maghrébins, l’autre en signe la préface. La discussion s’engage, Nora m’explique comment elle a recueilli ces contes transmis par les femmes entre elles de génération en génération. Une forme d’oralité pleine de grivoiserie mais pas uniquement, où affleure souvent une critique sociale, politique et religieuse. Chaque année elle arrive dans les villages avec son petit magnéto pour les enregistrer « à la source ». Et chaque année les femmes accourent pour lui en raconter de nouveaux, tout en s’étonnant qu’elle fasse le voyage de France  pour « des histoires si désuètes ». Nora tient à cette collecte, la sauvegarde de ce répertoire s’apparentant pour elle à un devoir de mémoire.

Le livre est superbe, magnifié par les dessins à l’encre de Chine de Sébastien Pignon. Chaque conte fait deux ou trois pages. Dans ces contes, les femmes sont volages, elles usent et abusent de stratagèmes pour tromper leur époux, pour attirer à elles celui qu’elles désirent, pour cacher la perte de leur virginité avant le mariage. On y croise des femmes à « la vulve heureuse », des femmes faussement naïves menant les hommes par le bout du nez, des femmes délurées, des femmes rancunières. Certains textes sont très drôles (« La bougie »), d’autres donnent dans la fable à la morale savoureuse. C’est léger et joyeux, étonnant et audacieux. Un régal.


Contes libertins du Maghreb de Nora Aceval. Éditions Al Manar, 2008. 110 pages. 18,00 euros.













mardi 5 janvier 2016

Le premier mardi c'est permis (44) : Osez les conseils d’un sexologue pour maîtriser votre éjaculation

J‘avais déjà abordé cette question sensible il y a quelques temps. Pas que ce sujet me passionne ou me concerne (je ne devrais même pas avoir besoin de le préciser) mais une piqûre de rappel ne peut pas faire de mal. Un sujet qui ne prête pas à sourire tant il peut être cause de souffrance pour un homme et pour un couple. Mais les solutions existent, il suffit de prendre le taureau par les cornes (l’image est un peu osée, je vous le concède, mais pas non plus hors sujet, vous verrez pourquoi si vous avez le courage de lire ce trop long billet jusqu’au bout).

J’ai adoré la partie historique de ce petit bouquin. Saviez-vous qu’en Chine, à l’époque des concubines, les femmes pouvaient obtenir le divorce si elles n’étaient pas comblées sexuellement ? Et chez les Taoïstes, il convenait de ne pas gaspiller sa semence et on conseillait aux hommes, pour garder la santé, quelques libérations occasionnelles en fonction de l’âge (pour moi par exemple, à 40 ans, je n’aurais eu droit qu’à une éjaculation tous les dix jours. Autant dire que j’aurais été incapable de respecter la prescription. Bref, passons…). Toutes les cultures et les époques sont rapidement passées en revue (Babylone, Inde, Grèce antique, monde arabo-musulman) et offrent des visions parfois très différentes de la maîtrise de l’éjaculation (sachant que jusqu’au 20ème siècle, la domination masculine impliquait le plus souvent un acte sexuel rapide où l’homme tenait le rôle de fécondateur-procréateur et ne s’inquiétait jamais du plaisir éventuel de sa partenaire).

J’avoue par contre avoir survolé la partie consacrée à l’anatomie et la physiologie. Je ne suis pas un spécialiste mais je vois à peu près comment les choses fonctionnent.

Dès le troisième chapitre, on rentre dans le vif du sujet. Le problème est simple : un homme souffrant d’éjaculation prématurée ne peut maîtriser son excitation dans la minute qui suit la pénétration. Cette impossibilité de retarder l’éjaculation est source de frustration et de détresse, elle peut même engendrer un comportement d’évitement de l’intimité sexuelle.

Les solutions ? Elles sont d’abord psychologiques. Apprendre à devenir réceptif, à apprivoiser sa "fougue", à se concentrer sur ses propres sensations érotiques. Détecter l’imminence orgasmique et maîtriser son excitation. Plus facile à dire qu’à faire puisque l’éjaculation est un réflexe et qu’une fois le processus enclenché, il est inarrêtable. En premier lieu, tout se passe dans la tête. La modulation de l’excitation est la clé, il faut savoir faire monter et descendre cette excitation sans dépasser le point de non retour. Une question de rythme, de respiration, de complicité avec sa ou son partenaire, une question de travail sur soi mais aussi de confiance en l’autre.

Les solutions plus « pratiques » peuvent aussi avoir des effets bénéfiques. Se masturber (indispensable pour l’apprentissage du « contrôle »), avoir un deuxième rapport peu de temps après avoir éjaculé (pour ceux qui ont la forme), faire des pauses en plein coït pour laisser redescendre l’excitation (pas vraiment top pour la partenaire mais qui veut aller loin ménage sa monture) ou encore privilégier certaines positions moins stimulantes (notamment celles où la femme est au-dessus de l’homme). Reste une solution radicale, le fameux squeeze ou compression du gland, à effectuer au moment de l’imminence éjaculatoire. En gros, on se retire en plein exercice et on se pince (ou on vous pince) fortement le gland avant de se remettre à la tâche. Pour le coup, la complicité avec votre partenaire doit être au top. Une pratique juste inimaginable pour moi, nanmého ! (et j’aime autant vous dire que celle qui me pincera le gland n’est pas encore née ! Bref, passons…).

Ce n’est pas forcément le bouquin que l’on offre à son mari, son chéri ou même un copain, je vous l'accorde. Ce petit guide très sérieux et parfaitement documenté est pourtant hautement recommandable tant il aborde la question avec finesse (pas comme moi dans ce billet !), tant il dédramatise, relativise et est au final porteur d'espoir. Vraiment excellent !

Osez les conseils d’un sexologue pour maîtriser votre éjaculation du Dr Marc Bonnard.  La Musardine, 2015. 220 pages. 9,90 euros.










mardi 1 décembre 2015

Le premier mardi c'est permis (43) : Esmera - Vince et Zep

Zep qui s’encanaille, j’avoue, ça m’intriguait. Il l’avait déjà plus ou moins fait dans « Happy sex » mais le registre restait humoristique (et le résultat était assez moyen je dois dire). Alors que là, avec Esmera, il donne dans le « porno chic », et même s’il ne signe que le scénario, j’avais hâte de savoir si le papa Titeuf allait lâcher les chevaux.

Verdict ? Du classique, pas transcendant mais plaisant, sans plus. L’histoire lorgne du coté du fantastique à la Manara. Esmera suit sa scolarité dans une école catholique italienne, à Gênes. Nous sommes en 1965 et la jeune fille, après avoir perdu sa virginité à la va vite dans un bal de village, découvre le plaisir avec sa compagne de chambre. Une révélation qui tourne à la stupéfaction lorsqu’elle se rend compte que chaque orgasme la fait changer de sexe ! Une situation difficile à vivre dont elle tirera partie avec plus ou moins de bonheur au fil du temps, de ses études à la Sorbonne à un passage éclair dans une communauté hippie d’Ibiza, des années sida à 2015, le tout sans prendre une ride puisque son étrange pouvoir l’empêche de vieillir. Des décennies jalonnées d’étreintes plus torrides les unes que les autres où Esmera, tantôt homme, tantôt femme, prendra le plaisir comme il vient sans trop se poser de questions…

Un album « pour public averti » enchaînant des cabrioles plus explicites les unes que les autres. Alors oui, Zep lâche les chevaux sans tricher. Aux crayons, Vince s’en sort avec les honneurs. Son trait réaliste en noir et blanc teinté de sépia rend un bel hommage aux courbes féminines et ses scènes de sexe, même lorsqu’elles offrent quelques gros plans, ne sombrent jamais dans le vulgaire.

Pas un chef d’œuvre, loin de là, mais une lecture agréable. Le vrai problème, c'est que ce « conte pornographique », comme le qualifie Zep, se révèle bien trop sage au niveau du scénario pour renouveler le genre. Dommage…

Impossible de finir ce billet sans pousser un gros coup de gueule par rapport au prix prohibitif de cet album. 24 euros pour 78 pages de BD, je m’étrangle, je m’insurge, je hurle à l’escroquerie ! Rien de particulier dans la fabrication, tant au niveau du format que de la qualité du papier, à peine peut-on souligner un cahier cousu et non collé. Même pas un dos toilé ou un ex-libris, même pas un cahier graphique en bonus, juste un album tout ce qu’il y a de plus banal qui ne devrait pas dépasser les 16 euros. Franchement, l'éditeur exagère.


Esmera de Vince et Zep. Glénat, 2015. 78 pages. 24,00 euros.











mardi 3 novembre 2015

Le premier mardi c'est permis (42) : La femme de papier de Françoise Rey

Drôle de destin que celui de ce livre devenu un classique de la littérature érotique contemporaine alors que les lettres qu’il contient n’étaient au départ pas vouées à être publiées.

Françoise Rey s’adresse à son « amour interdit » à travers une succession de missives torrides, inventant les situations les plus échevelées pour le titiller. Le portrait brossé de l’amant est des plus flatteurs, « une imposture » comme elle le reconnaît, mais une imposture nécessaire pour rendre chaque épisode toujours plus excitant. Lorsqu’elle avoue sa tromperie à son mari et lui faire lire les lettres, il lui rétorque : « J’ai lu ton ramassis. C’est de la merde. Tu enverrais ça à un éditeur, il te rirait au nez. » Et c’est parce qu’elle l’a pris au mot que ce « ramassis » est devenu un incroyable succès, tant critique que commercial.

Pour être honnête, tous les chapitres ne m’ont pas émoustillé. Celui où elle lève un gamin de 15 ans dans un bar, celui avec le travesti (!), la partie SM avec des crayons (!!) ou le délire scatologique (!!!) ont été difficile à avaler. Mais à coté de cela, il y a des passages d’une sensualité et d’un érotisme inouïs, un vocabulaire incroyablement riche pour dire les choses du sexe, une langue à la fois belle et crue derrière laquelle, malgré les apparences, on sent beaucoup de pudeur.

Alors oui, l’entreprise peut paraître servile, notamment en ce qui concerne la place de la femme par rapport à la toute puissance d’un homme lui imposant ses désirs, le plus souvent par la force. Mais les situations relèvent de la pure fiction, de l’exagération, et ces lettres représentent avant tout la manœuvre d’une femme follement éprise voulant faire plaisir à celui qu’elle aime. L’épilogue est d’ailleurs, par contraste avec ce qui précède, d’une sincérité et d'une intensité bouleversantes.

Un premier roman provocant, obscène et surtout hautement littéraire. Incontournable pour tout amateur d'érotisme qui se respecte.

Un dernier mot pour souligner la qualité de cette édition enrichie d'illustrations d'Alex Varenne, d'une postface et d'un passionnant entretien avec Françoise Rey.

La femme de papier de Françoise Rey. La Musardine, 2015. 270 pages. 18,00 euros.

Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager comme chaque mardi ou presque avec Noukette. Pour le coup, on est loin d'une pépite jeunesse mais c'est l'occasion de prouver s'il en était encore besoin que l’éclectisme nous va comme un gant.



Plein d'autres lectures coquines chez Stephie,
parce qu'aujourd'hui c'est permis !









mardi 6 octobre 2015

Le premier mardi c'est permis (41) : Pas dans le cul aujourd’hui - Jana Cerna

« Pas dans le cul aujourd’hui / j’ai mal / et puis j’aimerais d‘abord discuter un peu avec toi / car j’ai de l’estime pour ton intellect. »

Le premier vers de ce poème donne ici son titre à une longue lettre d’amour. Car ce texte est bien une seule et unique lettre d’amour adressée par Jana Cerna à son amant Egon Bondy au début des années 60. Cerna, icône de la culture underground pragoise décédée dans un accident de la route en 1981, écrit à celui qui vient à peine de la quitter mais lui manque déjà tant. « J’ai commencé à écrire cette lettre qui n’a ni rime ni raison, où je ne veux rien révéler ni rien résoudre, mais je ne crois pas qu’il y ait besoin d’explication, tu comprendras sûrement et ça ne te posera pas de problème. »

Elle revendique l’impossibilité de séparer le désir physique, la sexualité et l’intellect, exprime son refus de se soumettre à la primauté masculine, défend le pouvoir de l’imagination tant malmené par le stalinisme et invite à lier de manière inéluctable et naturelle poésie et philosophie. Une prise de position sans concession, parfois mystique, pleine de souffle et de vitalité, traversée par des passages dignes d’une confession amoureuse des plus touchantes : « Je me sens bien et j’ai la certitude que tout est pour le mieux, qu’il n’arrivera jamais rien qui ne doit arriver. Je ne peux pas te perdre et toi, tu ne peux pas me perdre, l’état des choses et ceux qui s’en prévalent n’y peuvent plus rien, nous sommes arrivés à un tel point que c’est sûr et certain. Comment cela arrivera n’est pas de notre ressort, je n’ai aucune intention de forcer le destin et je m’accorde le luxe de cette insouciance d’un cœur léger. » ou encore « il faut savoir aimer et j’ai payé cher pour l’apprendre, je ne sais pas si j’ai réussi, mais ce dont je suis sûre et certaine, c’est que ce temps et ce prix-là m’ont permis de comprendre ce que c’est que d’aimer et que tu es le seul homme avec qui je puisse avoir une relation digne de ce mot profané et banal, mais pourtant clair et précis. »

Dans le dernier tiers, elle se lance dans une énumération érotique de ses envies et de sa frustration due à leur éloignement avec une incroyable liberté de ton :  « Pourquoi sacredieu n’est-je pas ta langue dans ma chatte alors que c’est mon plus ardent désir, pourquoi je ne sens pas la chatouille douloureuse de ta morsure sur la plante de mes pieds, pourquoi je ne peux pas te tendre mon cul pour que tu le possèdes, le morde, l’étrilles et l’arroses de ton sperme ? » / « Je voudrais te coucher sur le dos et te mordiller les tétons, lécher le fond de ton nombril et prendre tout à tour chacune de tes couilles dans ma bouche jusqu’à te faire geindre. »

Cette lettre d'une sincérité et d'une force d'évocation remarquable dresse le portrait d'une femme libre et indomptable, d'une femme amoureuse et insoumise, d'une femme incapable de se comporter de manière raisonnable. Une femme moderne, quoi.


Pas dans le cul aujourd’hui de Jana Cerna. La contre allée, 2014. 92 pages. 8,50 euros.

Une lecture commune que j'ai l'immense plaisir de partager avec Moka en ce premier mardi du mois où, grâce à Stephie, tout est permis !










mardi 1 septembre 2015

Le premier mardi c'est permis (40) : Désirs d'évasions

Avouez que le titre est parfait pour un jour de rentrée, non ? Avec ce recueil de nouvelles coquines destination le Maroc, le Brésil, la Russie, les États-Unis, le Japon et l’Écosse. La diversité n’est pas que géographique, les situations sont elles aussi très variées.

La première nouvelle permet de commencer le voyage en douceur avec une aventure plutôt sage se terminant dans un hôtel de Fes (un nom de ville parfaite pour mettre en scène une rencontre « épicée » !). On enchaîne dans un registre beaucoup plus délirant et sarcastique avec une histoire de vengeance pas piquée des hannetons (où l’on découvre par ailleurs qu’une amante brésilienne peut avoir la rancune tenace).  La nouvelle moscovite est celle qui a le plus titillé mon imagination, je l’avoue (un cinq à sept improvisé avec une russe sculpturale assise à coté de moi dans un terminal d’aéroport, ça ne m’arrivera évidemment jamais mais j’ai le droit rêver après tout), alors que la mésaventure d’un routard traversant les USA d’Est en Ouest m’a laissé de marbre. Le séjour express et mouvementé d’une jeune française dans le cadre d’un jeu de téléréalité au Japon m’a paru trop tarabiscoté et peu crédible, même si les scènes « d’action » méritent le coup d’œil. Quant à la dernière se déroulant dans un château hanté écossais, c’est clairement la plus construite, la plus romanesque, la plus drôle et la plus jolie plume, ma préférée quoi !

Franchement ce recueil a constitué une lecture légère bienvenue après ma plongée dans les émeutes de Los Angeles, le drame des migrants ou encore la tête d’une petite barbare. Six nouvelles à prendre pour ce qu’elles sont, des histoires coquines et divertissantes, ni plus ni moins. Et c’était ce qu’il me fallait à la veille de la rentrée.

Désirs d’évasions (collectif). Collection Paulette, 2015. 60 pages. 3,99 euros (epub)

Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Sarah











mardi 7 juillet 2015

Le premier mardi c'est permis (38) : Porno Graphique

Un cadeau de Noukette. On se connaît suffisamment maintenant pour s’offrir ce genre de bouquin sans ambiguïté ni arrière pensée. Bon, d’habitude, elle et moi parlons de littérature jeunesse le mardi. Mais en matière de lecture(s), c’est comme dans la vie, il faut varier les plaisirs.

Franchement au début j’ai craint le pire. Les trois premières nouvelles de ce recueil graphique ne m’ont pas titillé la moindre seconde. Aucun intérêt, voila ce que je me suis dit, inquiet d’avoir à enchaîner encore près de 100 pages du même acabit. Arrive alors l'histoire ayant pour titre « Deux rythmes » et là, les choses s’accélèrent, la température monte clairement de quelques degrés. Une femme et un homme en pleine action. On ne voit que le bas de son visage à elle chuchotant à l’oreille de son partenaire. Elle le guide, l’encourage de la voix en toute sensualité, sans aucune vulgarité. J’avoue, ça m’a donné chaud…  Rebelote juste après avec ce dessinateur en train de croquer (avec son stylo !) la vulve de sa chérie. Elle se laisse faire, la situation l’excite à tel point qu’elle commence à se masturber. Là encore, c’est très caliente ! Le reste est à l’avenant, avec notamment un trio qui fera fantasmer bien des hommes…

Incroyable de constater à quel point Nacho Casanova parvient à créer une atmosphère aussi torride en jouant uniquement sur la suggestion. Car les gros plans utilisés ici de manière quasi systématique n’ont paradoxalement rien de pornographiques. En se focalisant sur une partie du corps, il laisse l’imagination du lecteur faire le reste et embrasser mentalement l’ensemble de la scène. C’est vraiment fort !

Mauvaise idée de lire cet album en pleine canicule. Moi qui rêvais ces derniers jours de faire chambre à part tellement se retrouver à deux dans le même lit par cette chaleur me devenait pénible, je me suis infligé avec cette lecture une poussée de fièvre plutôt malvenue. Mais bon, comme je suis généreux, j’ai partagé cette lecture avec madame. Pas question d’être le seul à avoir chaud. Et ne comptez pas sur moi pour vous donner des détails supplémentaires, la suite des événements ne regarde que nous.

Merci Noukette !


Porno Graphique de Nacho Casanova. Diabolo éditions, 2013. 125 pages. 14,00 euros.





mardi 2 juin 2015

Le premier mardi c'est permis (37) : Mademoiselle S. : Lettres d’amour, 1928-1930

« Il n’y a pas de phrases, si éloquentes soient-elles, qui puissent exprimer toute la passion, toute la fougue, toute la folie que contiennent ces deux mots, « notre amour ». […] Oui, je t’aime d’un amour absolu, je t’aime avec mon cœur, mais aussi et surtout avec mes sens, avec ma chair, et je te veux tout entier, entends-tu, cher amour. Je veux qu’aucun repli de ta chair n’échappe à mes caresses, à mes baisers. »

En vidant l'appartement d'une amie, le diplomate Jean-Yves Berthaud a découvert dans la cave une lourde sacoche en cuir contenant 185 lettres, toutes signées d’une certaine Simone. Des lettres oubliés depuis des décennies, écrites entre 1928 et 1930, adressées à un homme prénommé Charles et racontant une relation torride dont la montée en puissance permanente atteignit des sommets de luxure difficilement imaginables. La grande majorité de ces lettres n’étant pas datées, Mr Berthaud  passa près d’un an à en reconstituer la chronologie. Pour écarter tout canular, il les fit authentifier par un cabinet parisien spécialisé dans les autographes et documents historiques (le certificat de l’expert est reproduit au début du recueil). Un tiers environ des lettres sont présentes dans l’ouvrage et soulignent le caractère incroyablement moderne d’une femme de l’entre-deux-guerres libérée et qui s’assume pleinement.

Mais qui était Simone ? A l’évidence une jeune femme de bonne famille, lettrée, dont la prose élégante se pare sans crier gare d’une folle obscénité, faisant voler en éclat toute forme de bienséance. Charles, son amant, semble moins âgé qu’elle. Adepte de la brutalité et des jeux pervers, il n’est apparemment pas célibataire, n’habite pas Paris et leurs rencontres, aussi incandescentes que clandestines, sont tout sauf régulières. Pour le reste, difficile d’être plus précis faute d'informations supplémentaires.

Quoi qu’il en soit, au-delà des passages sauvagement pornographiques et d’une totale transgression, ces lettres de l’aimée à « son adoré » soulignent les doutes, les craintes et la douleur ressentis par Simone. Peur de la lassitude, de ne plus être à la hauteur, de voir le désir de Charles « s’éteindre comme une flamme sous le souffle brusque du vent ». C’est ici que la confession prend une autre dimension. Car au fil du temps, on sent poindre la tragédie à venir, on voit affleurer quelques fêlures, on passe de l’extase au désespoir et l'on découvre une dernière lettre absolument bouleversante (« j’attends ta décision et je l’accepterai sans faiblir si ton cœur a cessé de battre à l’unisson du mien »). Fabuleux portrait d’une amante à la fragilité touchante et à l’audace sans équivalent. Témoignage inédit d’une femme prête aux sacrifices et aux abandons les plus extrêmes par amour, et pas seulement l’amour de la chair. Impossible d’oublier les lettres de mademoiselle S., elles m’ont marqué au fer rouge. Un recueil unique, à mettre entre les mains de tout amateur de littérature érotique. Franchement, c'est du très, très grand art !

Extrait très, très soft…

« J’ai joui de toutes mes forces, sous tes coups, sous ta brutalité. J’ai joui surtout par ta possession savante. Je veux revivre cette jouissance que jamais je n’avais connue dans l’étreinte ordinaire qui me laisse froide et insensible. Jamais, entends-tu, je ne veux la connaître avec toi. Parce que je sais que nous serions déçus l’un et l’autre. Et puis nous descendrions au niveau des amants ordinaires alors que nous planons dans les sphères défendues, que nous sommes des « hors-la-loi », des vicieux, des passionnés, tout ce qui fait notre amour. »

Mademoiselle S. : Lettres d’amour, 1928-1930. Gallimard, 2015. 250 pages. 19 euros.

PS : pour être tout à fait honnête, j’ai quand même de gros doutes sur l’authenticité de certains passages. Je me demande s’il n’y pas eu par moments quelques rajouts, ou des scènes réécrites pour être davantage dans l’air du temps. Mais le sérieux de l’auguste maison Gallimard me laisse aussi à penser que je me goure totalement et que tout est absolument véridique dans ces lettres. J’en serais encore plus baba…



Tous chez Stephie pour fêter aujourd'hui le
4ème anniversaire de son incontournable rendez-vous !








mardi 5 mai 2015

Le premier mardi c'est permis (36) : Hanayoi - Yuka Murayama

A Tokyo, Asako tient un magasin de kimonos anciens. Des trucs affreusement chers et affreusement fragiles réservés à une clientèle haut de gamme. Asako est mariée à Seiji, et leur ménage est installé dans un quotidien planplan sans relief. Mais le jour où le couple va croiser Chisa et Masataka, les lignes vont bouger : persuadé que sa femme le trompe avec Masataka, Seiji va en faire de même avec Chisa. Commence alors un jeu de dupes et de mensonges où chacun va découvrir des plaisirs charnels jusqu’alors inconnus avec son nouveau partenaire.

Une variation autour de l’adultère qui aurait pu être brûlante mais qui s’avère au final bien trop sage. L’insatisfaction pousse chacun dans les bras d’un autre, rien de nouveau sous le soleil. La relation entre Seiji et Chisa, basée sur un équilibre entre domination et humiliation, offre quelques scènes qui auraient méritées d’être bien plus pimentées. Quant aux ébats d’Asako et Masataka, on reste dans du très classique. J’ai l’impression que l’auteure n’est pas parvenue à se lâcher totalement, qu’elle a écrit les scènes coquines avec le frein à main, et c’est bien dommage. Pour le reste, j’ai appris plein de choses sur les kimonos mais là encore, la déception domine : tenue sexy et suggestive s’il en est (enfin selon moi), ce vêtement affriolant à la douceur de la soie n’apparaît jamais « au cœur de l’action », comme s’il était trop sacré pour être souillé par des parties de jambes en l’air.

Cerise sur le gâteau, non seulement le ton devient moralisateur sur la fin (l’adultère, c’est mal !) mais j’ai en plus eu le sentiment que le roman n’était pas terminé, qu’il manquait des pages et qu’on me laissait en plan sans clore l’histoire de manière nette et précise.

Bref, une mauvaise pioche. Bien la peine de m’allécher avec un sous-titre aussi prometteur (La chambre des kimonos), je déteste quand il y a tromperie sur la marchandise !

Hanayoi : la chambre des kimonos de Yuka Murayama. Presses de la cité, 2015. 380 pages. 21,50 euros.











mardi 7 avril 2015

Le premier mardi c'est permis (35) : Histoires à ne pas mettre entre toutes les mains - Julie Bray

Vingt-quatre nouvelles en cent vingt pages. Autant vous dire que la québécoise Julie Bray donne dans le fugace, l’instantané. Elle braque les projecteurs sur un moment précis, intense, sulfureux. Avec elle, pas de blabla, des résultats. Et les résultats, je les ai ressentis plus d’une fois, pas la peine de vous faire un dessin.

Le bureau, le métro, l’ascenseur, la cabine d’un bateau, un barbecue entre amis, Acapulco… les lieux varient, les situations aussi, mais au final il reste la quête du plaisir de femmes bien dans leur peau, sexuellement épanouies et sans tabous. Chaque historiette est présentée comme un témoignage envoyé sur le mail de l’auteur. Fiction ou réalité, peu importe, tout est fait pour exciter le lecteur et la mission est accomplie haut la main. Beaucoup de filles entre elles et de trios dans ce recueil. Beaucoup de voyeurisme et de masturbation féminine aussi. Autant de thématiques qui me parlent énormément (ben oui, que voulez-vous, chacun son truc).

J’ai aimé le coté direct et sans fioritures, même si certaines scènes semblent se répéter et que le vocabulaire manque parfois de variété. En tout cas, il n’y a rien de gratuitement vulgaire, rien ne tirant sur le porno sordide. Le sexe est ici joyeux, décomplexé et assumé, plein de désir, de frissons et de sensations.

Une belle surprise, un recueil dans lequel il faut picorer à petite dose et qui se révèle vraiment émoustillant, surtout si on le lit à deux. C’est ce que l’on a fait à la maison et croyez-moi, elles ont bien fait de passer entre nos mains ces histoires !

Histoires à ne pas mettre entre toutes les mains de Julie Bray. J’ai lu, 2014. 126 pages. 5,60 euros.








mardi 3 mars 2015

Le premier mardi c'est permis (34) : Explicite : Carnet de tournage - Olivier Milhaud et Clément Fabre

Quand Jean, alias John B. Root, célèbre réalisateur de films pour adultes, propose a son ami Olivier Milhaud d’interpréter le rôle d’un policier dans sa nouvelle production, ce dernier se montre d’abord hésitant. Bien sûr, il ne jouera que des scènes de comédie, mais quand même ! Après avoir obtenu le feu vert de sa compagne et de son éditeur, il finit par accepter et se retrouve immergé dans un univers dont il ne connait pas les codes.

Mettons tout de suite les choses au point, il n’y a aucune image à caractère sexuel dans cet album. Quel intérêt de le lire alors ? me direz-vous, bande de coquins ! Et bien en ce qui me concerne et comme toujours, une curiosité intellectuelle sans limite qui me pousse à explorer des domaines auxquels je ne connais strictement rien. Ben oui, le porno et moi ça fait deux (j’en vois déjà qui rigolent au fond). Mon gros problème avec ce genre de film, c’est que les (très) rares fois où j’ai essayé d’en visionner, je n’ai jamais vu la fin. Bizarrement, je m’endors toujours à un moment donné et je ne m’explique pas ce coté soporifique (ok, j’ai conscience que l’excuse du sommeil pour justifier le fait de ne jamais aller au bout d’un porno ne va pas convaincre grand monde mais je tente quand même le coup…). Tout ça pour vous dire que je me suis plongé dans cet ouvrage avec un regard de sociologue, loin de tout voyeurisme, cela va de soi (et je vois toujours les mêmes qui rigolent au fond).

Les coulisses d’un film X (du moins celui-là) n’ont pas le coté glauque auquel je m’attendais. Déjà, le lieu du tournage (une villa dans le sud de la France avec piscine) est loin du hangar désaffecté et crado que l’on voit parfois (enfin je suppose, vu mon peu d’expérience en la matière). Ensuite il y a beaucoup de décontraction, on a l’impression d’être dans une colo (une colo certes un peu spéciale), même si au moment des prises de vue, le professionnalisme reprend le dessus et rien n’est laissé au hasard.

Plutôt timide et introverti, Olivier Milhaud se montre discret. Il découvre la concurrence énorme entre les filles qui engendre jalousies et vacheries, le pétage de plomb de certains acteurs se comportant parfois comme de vrais branleurs (oui, je sais, elle était facile mais j’aime céder à la facilité) et les questionnements existentiels d’un réalisateur qui a perdu la foi depuis l’arrivée des sites porno gratuits. Il se rend aussi compte que les discussions au petit déj peuvent mettre mal à l’aise. Exemples : « Jean, ça t’embête si pour la scène je mets pas le collier. Je vais sucer, sinon c’est chiant avec. » / « Bon, là ça va, je peux boire un café, j’ai pas de sodo, parce que sinon… » / « Je commence à me faire vieux, j’ai du bide, ça le fait pas. Et j’en ai marre de me raser les couilles. » Forcément, on ne parle pas de la météo.

L’album est vraiment agréable, drôle et léger, mais honnêtement, la vision du milieu présentée ici me paraît un peu idyllique. Sans doute parce que John B. Root est un réalisateur respectueux et à l’écoute, ce qui est loin d’être le cas de ses confrères, comme le précise une actrice : « Les filles qui commencent le métier avec lui pensent que c’est partout pareil. Elles se disent que c’est pas du tout sordide et enchaînent avec un tournage à Budapest. Et là… c’est l’abattage ». N’empêche, il ne m’aurait pas déplu d’être à la place d’Olivier Milhaud pour me faire ma propre idée. Par pure curiosité intellectuelle, évidemment…

Explicite : Carnet de tournage d’Olivier Milhaud et Clément C. Fabre. Delcourt, 2015. 124 pages. 16,95 euros.













mardi 3 février 2015

Le premier mardi c'est permis (33) : Alice - Emma Becker

Alice a vingt ans, Emmanuel est deux fois plus âgé. De leur rencontre naîtra une histoire à l’érotisme débridée, une histoire trouble et sensuelle, mouvementée…

Alice la femme-enfant vivant avec ses petites sœurs dans l’appartement parisien abandonné par ses parents depuis leur divorce. Alice qui se rêve romancière et s’abandonne sans retenue dans les plaisirs charnels : « Le plaisir est sacré […] Parce que, au fond, ce n’est que ça, la vie. Soixante-dix, quatre-vingt ans à tout perdre. Le sexe n’a jamais rien eu à voir avec quoi que ce soi d’autre. Le sexe, au fond, le plaisir, c’est la seule chose qui compte en ce monde. J’ai l’air d’un homme à dire ça ? On est tous esclaves de la même chose. Les hommes sont esclaves de leur soif de chattes, je suis esclave de l’érection des hommes. De la séduction. Ça me va, d’être réduite à un ensemble de trous ayant besoin d’être remplis. Je ne vois pas ce que je pourrais être de plus intéressant. Ou de plus constructif. »

Alice et sa vision étriquée du monde et des relations hommes-femmes, Alice et ses caprices, son mal-être qui ferait la fortune d’un psy. Alice qui ne peut pas garder le moindre boulot parce que travailler c’est trop dur, Alice qui pleure dans les jupes de son père quand elle n’a plus un sou en poche pour acheter ses cigarettes…

Le pire c’est qu’Emmanuel n’est pas mieux. Vieux beau fraîchement séparé, tombant amoureux fou d’une gamine au corps de déesse, amant jaloux ne supportant pas que sa dulcinée, aux mœurs plus que légères, aille voir ailleurs mais qui, de son coté, n’hésite pas à la tromper (« Je ne savais plus où j’en étais » ; « Elle n’est rien pour moi cette fille » ; « cette fille n’a rien de commun avec toi » ; « cette fille est sans saveur à coté de toi »). Justifications pitoyables d’un homme pitoyable…

Mon Dieu que je les ai détestés, ces deux-là ! Une envie de les baffer à chaque page, de les secouer, de leur ouvrir les yeux et de leur faire comprendre la futilité de leurs pauvres petits problèmes existentiels. Envie de leur hurler dessus et de mettre un terme à leurs jérémiades tellement superficielles. Tout ce que je déteste chez des personnages de roman.

Après, je ne dis pas, l’écriture est pleine de charme, oscillant entre de très beaux passages et une certaine vulgarité que je n’ai jamais trouvé choquante. Sans compter que les scènes « explicites », nombreuses, sont particulièrement bien menées et souvent fort émoustillantes. Il y a donc beaucoup de qualité dans la plume d’Emma Becker, c’est juste que cette sulfureuse histoire d’amour intergénérationnelle et ce couple imbuvable m’ont agacé au plus haut point, gâchant tout plaisir de lecture. Pour autant, je n’en resterai pas là avec cette auteure car je sens chez elle un vrai potentiel. Son premier roman est dans ma pal et je compte bien m’y plonger très bientôt, j’espère simplement que j’y trouverai des protagonistes plus à mon goût.

Alice d’Emma Becker. Denoël, 2015. 350 pages. 19,90 euros.


Une lecture commune que je partage avec Noukette. Surprenant, non ?











mardi 6 janvier 2015

Le premier mardi c'est permis (32) : Osez… 20 histoires de sexe aux sports d’hiver

Lire des histoires coquines se déroulant aux sports d’hiver, voila qui me semblait être une bonne idée en ces temps de grands froids. Sauf que j’aurais pu m’abstenir. Mais alors, vraiment. Vingt histoires de sexe, donc, comme annoncé dans le titre. Les premières sont passables mais le pire c’est que par la suite la qualité, déjà loin d’être au firmament, baisse aussi vite que ma virilité plongée dans une eau glaciale.

Clairement, ça manque à chaque fois de profondeur. Enfin de profondeur psychologique je veux dire, parce que sinon de la profondeur, il y en a, et pas qu’un peu. Tout va trop vite, à peine le temps d’exposer une situation que l’on se retrouve les quatre fers en l’air. Comme dans un porno, quoi. Niveau dialogues, c’est pareil, on en reste au strict minimum. Comme dans un porno, quoi. Et puis zéro sensualité dans les scènes cochonnes, du bourrin et rien d’autre. Comme dans un porno, quoi. La couverture aussi est digne d’un porno. Et le titre de certaines nouvelles (« Avoir chaud au cul par -10° », « Ma bite en flocon ») ne relève pas le niveau. Les scénarios sont fades à pleurer (comme dans un porno !!!!!!!). Des femmes qui s’ennuient, des femmes qui ont le feu aux fesses, des femmes qui, d’un regard, invitent un inconnu (ou plusieurs) à les culbuter sans ménagement. On tourne les pages en se disant que la chair est triste, on cherche la petite dose d’originalité, le truc qui sort des sentiers battus… puis on tombe sur le texte intitulé « Apocalypse fondue » où une « sperme addict » est recouverte par des hectolitres de semence de yéti et on se dit que l’originalité, finalement, ça n’a pas toujours du bon.

Chaque histoire, rédigée sous pseudo, a un auteur différent. Un point commun quand même, c’est que toutes sont très mal écrites, avec un art de la formule pas forcément de bon aloi. Exemples : « Il me dit ça en me regardant droit dans les yeux. Son regard perçant de mâle dominant fait immédiatement se dresser mes poils dans mon slip. » ; « Il me bourre, me remplit, je me sens prise et pleine de lui. […] Je ne me reconnais plus. Fous-moi-la profond ! râlé-je. » ; « Avec Louis, elle était satisfaite en permanence, nourrie sous la bite comme un veau sous la mère. » Que dire de plus sinon que certains textes n’ont à l’évidence pas subi la moindre relecture avant publication, sinon on ne retrouverait pas la même phrase, dans le même paragraphe, à trois lignes d’intervalle.

Rien à sauver, donc. Nul, nul, nul. Et ce sera mon dernier mot.

Osez… 20 histoires de sexe aux sports d’hiver. La Musardine, 2014. 252 pages. 8,20 euros.

L'avis d'Hélène