Ils s’étaient rencontrés trois ans plus tôt. Trois ans dans le même lycée, trois ans à tout partager. Une amitié fusionnelle. Timothée le bon élève, le bien éduqué. Étienne la grande gueule, le fêtard, le dilettante. Il aura fallu un voyage scolaire à Londres, une voiture folle sur le pont de Westminster et une jeunesse fauchée en quelques secondes pour que leurs chemins se séparent. A jamais.
Étienne s’en veut, il culpabilise de ne pas avoir été là au moment du drame. Son monologue s’adresse à l’ami disparu, il évoque les bons souvenirs, les moments inoubliables et ceux qu’ils ne pourront plus partager. L’absence est trop béante pour envisager une possible reconstruction, pour aller de l’avant, pour imaginer l’avenir.
D’une seule voix, comme une longue lettre à l’absent. C’est à la fois construit et décousu, hésitant et plein de certitudes. Étienne ne s’adresse pas à d’éventuels lecteurs, c’est à Timothée qu’il parle. Il oscille entre colère et confidences, tristesse et culpabilité.
Un texte touchant, pudique, qui ne fait qu’effleurer les causes de la mort pour se focaliser sur ses conséquences, sur cette blessure impossible à refermer. Le ton est juste, la douleur s’exprime sans débordements lacrymaux inutiles. Les mots se suffisent à eux-mêmes, l’amitié est si sincère qu’il n’est pas nécessaire d’en rajouter. Une confession sur un fil, fragile, avec les mots simples et directs d’un ado confronté à une tragédie qui le dépasse.
Boom de Julien Dufresne-Lamy. Actes sud junior, 2018. 112 pages. 9,80 euros. A partir de 15 ans.
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