mardi 2 mai 2017

Natural Woman - Rieko Matsuura

Un roman en trois longs chapitres, presque des nouvelles pouvant se lire indépendamment et relatant trois moments particuliers de la vie de Yôko, dessinatrice de manga d’une vingtaine d’années. Dans la première histoire, elle se réveille pour la dernière fois près de sa petite amie hôtesse de l’air avec laquelle elle ne s’entend plus. Dans la seconde, elle accompagne une collègue de travail au cours d’un week-end de repos et n’ose pas lui avouer à quel point elle l’attire. Dans la dernière, elle revient sur sa liaison avec Hanayo qui l’éveilla, parfois brutalement, à la sexualité entre filles.

Étrange roman sur la difficulté des relations amoureuses à travers le portrait d’une jeune homosexuelle fragile et hypersensible. Étrange parce qu’à la fois très pudique et très cru, tout en retenu et en même temps n’hésitant pas à décrire de façon précise des ébats souvent proches du sadomasochisme. Yôko se cherche, Yôko aime mais ne sait comment le dire, Yôko subit, cède et agit sous la contrainte psychologique de ses partenaires. Le récit, à la première personne, fonctionne comme un journal intime. Yôko se livre et expose son manque de confiance en elle, sa difficulté à se sentir pleinement femme, à devenir une « natural woman » accomplie et sereine. Les scènes lesbiennes sont totalement suggérées ou parfaitement explicites, toujours déstabilisantes, à l’image de ce livre où le malaise plane en permanence, où le lecteur devient par la force des choses voyeur malgré lui.

Entre désir et répulsion, entre douceur et cruauté, entre lutte effrénée et convergence des sentiments, entre douleur et plaisir, la vie sentimentale exposée de la sorte apparaît aussi fascinante que complexe. Un roman publiée pour la première fois au japon il y a trente ans, assez typique je trouve d’une certaine littérature japonaise underground des années 80 qui, dans le sillage de l’icône Ryu Murakami, n’a pas hésité à s’affranchir de toute forme de classicisme pour bousculer l’ordre établi. Tout ce que j’aime !

PS : Rieko Matsuura a écrit un autre roman dont le titre pour le moins intrigant (Pénis d’orteil) justifie à lui seul que je me penche sur son cas au plus vite.

Natural Woman de Rieko Matsuura (traduit du japonais par Karine Chesneau). Picquier poche, 2015. 192 pages. 7,00 euros.












33 commentaires:

  1. "Pénis d'orteil" punaise j'ai hâte que tu le lises et que tu nous en causes !

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  2. Je suis curieuse de ton avis sur l'autre roman de l'auteur au titre intrigant....

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    1. J'ai déjà un peu creusé la question, ça devrait me plaire :)

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  3. pas trop pour moi mais j'aime bien lire le billet peut être qu'un jour je trouverai un livre qui m'accroche.

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  4. Suis d'accord avec Framboise, Electra et Alex !! :D
    Pour Natural Woman, le sujet m'intéresse,le voyeurisme me rebute... mmh je le note tout de même...

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    1. Le voyeurisme n'est pas le plus important, je te rassure.

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  5. "Penis d'orteil ?" Bon là tu nous titilles ! ;-)
    Je me mets en attente avec les autres !

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    1. Titiller avec un pénis d'orteil, faut le faire quand même !!!

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  6. Pas vraiment un livre pour moi, mais tu en parles très bien !

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  7. J'ai hâte que tu nous explique ce titre étrange (celui de l'autre roman).

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  8. Pas emballée plus que ça par celui que tu présentes mais je suis plus qu'intriguée moi aussi par "Pénis d'orteil", on piétine de lire ton avis ! ;-)

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    1. Ce ne sera pas pour tout de suite parce que c'est un sacré pavé !

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  9. Ah oui, il y a quelques auteurs ou thématiques côté littérature japonaise qui me tente moins, comme ici.:-) J'ai du mal avec Ryu Murakami par exemple, et je me souviens être tombée sur le titre "Pénis d'orteil" qui, contrairement à certaines autres (haha), ne me parle vraiment pas. C'est un des rares côtés bizarroïdes des japonais qui me laissent un peu de marbre.

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    1. Je crois que j'ai tout lu de Ryu Murakami. "Les bébés de la consigne automatique", tu as aimé quand même, non ??????

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  10. Particulier, tu m'intrigues. Je me demande si je pourrais le trouver facilement :-)

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    1. Il est en poche depuis quelques années, c'est donc tout à fait trouvable^^

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  11. (Je crois que mon précédent commentaire a buggé ?) Bref je le note fissa sur ma liste prioritaires !

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  12. Et ce "PS" qui te correspond si bien !

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  13. La littérature japonaise traite le sujet assez crument on n'est pas habitué et c'est déstabilisant.

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    1. Ce coté déstabilisant, c'est ce que je préfère dans la littérature japonaise.

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  14. Pas sûre que cela me plaise mais je suis toujours partante pour découvrir de nouveaux auteurs japonais. C'est noté.

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    1. C'est une auteure que ne connaissais pas du tout non plus.

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  15. Une thématique qui m'attire, un livre vers lequel je pourrais me tourner avec envie...
    "Pénis d'orteil" ishhhhhhhhhhhh ^^

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