lundi 17 octobre 2016

Une mort qui en vaut la peine - Donald Ray Pollock

1917. Les frères Jewett ont passé leur vie à suivre leur métayer de père à travers l’Alabama et la Géorgie à la recherche de petits boulots harassants payés à coups de bâton. Une existence misérable dont ces crèves la faim vont s’extraire le jour où leur tyrannique paternel casse sa pipe. Inspirés par Bill Bucket, un cow-boy de papier dont ils lisent en boucle les exploits dans le seul livre qu’ils trimballent dans leurs maigres bagages, Cane, Cob et Chimney se lancent dans une improbable carrière de braqueurs de banque.

Pendant le premier tiers du roman, Pollock pose ses pions sur l’échiquier. Une foule de personnages qu’il prend le temps de présenter de façon indépendante avant de commencer à jouer, d’entrelacer leurs destins, de leur offrir un moment de gloire ou, le plus souvent, de complète déveine.

Pour être honnête, on n’est pas au niveau d’un diable tout le temps. Pas autant d’intensité, de profondeur, d’effet de souffle balayant tout sur son passage. Ici on part dans tous les sens, on s’éparpille, on est dans le saupoudrage. L’intrigue manque de liant. Trop de personnages, de petites histoires gravitant autour du fil rouge constitué par celle des frères Jewell. Pollock finit par boucler la boucle mais laisse de nombreuses portes ouvertes et donne à son roman un goût d'inachevé.

Après, il reste son écriture incisive, sa plume au vitriol, ses situations folles, ses antihéros hauts en couleur,  ses dialogues cinglants, ce regard lucide et sarcastique porté sur la noirceur de l’âme humaine et cet humour ravageur qui est un peu sa marque de fabrique. Du Faulkner version Tarantino qui vous embarque et vous laisse admiratif car malgré quelques faiblesses, on ne peut que saluer un auteur capable de mettre en scène une fiction aussi pétaradante.

Une mort qui en vaut la peine de Donald Ray Pollock. Albin Michel, 2016. 565 pages. 22,90 euros.





38 commentaires:

  1. Toujours pas lu l'auteur, c'est mal, c'est très mal :-)

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  2. Les avis sont assez mitigés. Je le lis bientôt, je verrais bien

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  3. Je l'ai feuilleté en librairie samedi dernier, et je l'ai reposé, comme un pressentiment ... J'ai tellement aimé Le diable tout le temps, et puis le recueil de nouvelles que je comprends parfaitement ta déception !

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  4. du "Du Faulkner version Tarantino" punaise, tu y vas fort ;-)
    Me tâte encore, trop de lectures erf alors .... vais plutôt lire Knockemstiff je crois !
    Bisous jeune homme

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    1. Knockemstiff est un excellent recueil de nouvelles.

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  5. Je suis malheureusement d'accord avec toi, il est moins fort que le précédent, mais il reste l'écriture. Ceci étant, je ne trouve pas que ça ressemble à Faukner moi ;)

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    1. Au tout début, avec leur vie de métayers dans le sud profond, ça m'a rappelé Faulkner.

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  6. Ho zut ! C'est vrai que "le diable tout le temps" était très fort, très space aussi... J'attendrai pour le lire... ;)

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    1. Le diable tout le temps restera inégalable je pense.

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  7. Faudrait peut-être que je lise d'abord Le diable tout le temps, n'est-il pas ?

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  8. j'ai un autre roman dans ma PàL... et je suis occupée jusqu'en 2025 avec ma PàL mais merci pour ton avis !

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  9. Hé bé, hé bé, on sent que le roman n'a pas été à la hauteur de tes attentes malgré ses qualités. Bon, je me concentre sur le "diable...", sur ma LAL depuis sa sortie. Il passera le cap un jour.:-)

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    1. Faudrait voir à pas le laisser traîner, le diable ;)

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  10. Je ne connaissais pas, mais tu formules beaucoup de bémols... et puis Tarantino, pour ma part, je ne suis pas fan, alors...

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  11. Un auteur à découvrir, un de plus

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  12. Je voulais lire ton billet en diagonale... Je n'y suis pas arrivée. Je l'avais déjà noté. Ça t'étonne?

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  13. Trop de choses dans ce roman, je te rejoins complètement.

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    1. Il vaut souvent mieux réduire la voilure pour donner plus d'impact à un texte.

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  14. Si je dois découvrir l'auteur, ce sera avec son roman précédent.

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  15. Donc si je comprends bien, si j'ai à lire cet auteur au moins une fois dans ma vie, ce sera avec "Un diable tout le temps" :D
    En plus si tu dis qu'il y a trop de personnages, voilà qui me démotive grave... La version "Tarantino" par contre, ça j'adore!

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  16. Du coup je crois que je ne vais pas me précipiter... J'ai tellement aimé Le diable, tout le temps que j'ai peur d'être déçue...

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  17. Sans doute un peu moins fort que "Le diable tout le temps" (moins trash) mais je me suis régalée !

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    1. Moi aussi je me suis régalé, mais le Diable reste un cran au-dessus.

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  18. Je n'ai jamais lu l'auteur, dommage il était à Toulouse Polar du sud cette année mais absent le dimanche, je l'ai donc raté. Je découvrirai par contre l'auteur plutôt avec Le diable, tout le temps.

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    1. Le diable, tout le temps, c'est un indispensable (à faire lire à monsieur aussi d'ailleurs^^).

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  19. Je ne saurais dire si j'ai préféré celui-ci à "Le Diable, tout le temps", mais toujours est-il que cet auteur a un style auquel j'adhère entièrement !

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    1. Moi aussi j'adhère totalement a son style, même si j'ai nettement préféré "Le diable tout le temps".

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