mercredi 1 juin 2016

La maison - Paco Roca

Un an que la maison n’a pas été ouverte. Depuis la mort du père, personne n’y a mis les pieds. Les enfants sont décidés à la vendre. Mais avant, ils veulent la rafraîchir un peu, histoire de la rendre plus présentable aux futurs acheteurs. Murs lézardés, piscine en ruine, arbres fruitiers en piteux état, chasse d’eau qui fuit… José est le premier à découvrir l’ampleur des dégâts. Écrivain vivant à Madrid, il n’était pas revenu depuis des lustres. Accompagné de sa femme et aidé par un voisin, il effectue un premier toilettage rapide. Vicente, son frère aîné, arrive quelques jours plus tard, bientôt rejoint par Carla, la cadette. Dans cette maison de campagne où leurs parents les emmenaient chaque week-end et que leur père Antonio a construite de ses propres mains, dans ce lieu qui a accompagné leur enfance, quelques moments particuliers leur reviennent en mémoire.

Une magnifique réflexion sur le deuil, la filiation, les rapports entre frères et sœurs ou encore l’influence du poids du passé sur nos actes. Rien de nouveau sous le soleil d’Espagne à première vue mais le récit se déploie par petites touches, de flash-back en flash-back, avec une subtilité remarquable. Chacun se souvient d’un père froid et égoïste, travailleur infatigable à première vue peu intéressé par sa progéniture. Mais en laissant les souvenirs remonter, José, Vicente et Carla vont dresser un portrait plus en nuances. Et dans chaque pièce, devant chaque fissure du carrelage, sur la terrasse où l'on se réunissait pour manger, l’émotion va peu à peu prendre le pas sur le pragmatisme et ébranler les certitudes. Cette maison, faut-il la vendre finalement ?  

Le dessin, proche de la ligne claire, donne dans l’efficacité et est servi par un format à l’italienne permettant de multiplier les gaufriers et d’exprimer au mieux les nombreux moments d’introspection.

Une histoire simple, d’une justesse qui force l’admiration, empreinte de sensibilité mais écartant toute sensiblerie. Je me suis retrouvé dans les relations compliquées entre frères, dans les indécisions, les rancœurs et les complicités. Je suis sans doute d’un prévisible incurable mais je ne peux m’empêcher de tomber sous le charme d’un ouvrage qui parle du temps qui passe, de la mémoire et des sentiments, de la nostalgie d’une enfance vers laquelle il est toujours bon de se retourner pour mieux comprendre celui que l’on est devenu. C’est beau, triste et mélancolique comme la vie. Forcément j’ai adoré. Sans conteste un de mes coups de cœur BD de l’année !

La maison de Paco Roca. Delcourt, 2016. 128 pages. 16,95 euros.





36 commentaires:

  1. ah mais naaaaaaan ! Comment tu veux que l'on résiste après ça ! Coup de cœur de l'année ! Erf :-p

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    1. Mais je n'ai pas du tout envie que l'on résiste à cet album tu sais ;)

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  2. et hop, c'est noté! Merci Jérôme :)

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  3. Oh la, mais je le veux! J'avais adoré Rides du même auteur!

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  4. J'adore les coups de cœur ! Je note forcément !

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    1. Surtout qu'ils ne sont pas si nombreux que ça finalement.

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  5. C'est grâce à la lecture de Rides que je lis des BD aujourd'hui, alors tu penses bien que je note en gros celle-ci !

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    1. Et moi il va absolument falloir que je lise "Rides" !

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  6. Voilà qui est fort tentant, je vais la mettre sur ma liste médiathèque :-)

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  7. Il va pas falloir me forcer pour la lire celle là je pense !!

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  8. Comme toutes les autres, je ne peux que le noter. Les thèmes abordés ont tout pour me plaire.

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  9. La mémoire et l'Espagne : pile pour moi ! En plus, si c'est un coup de coeur...

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  10. Tu donnes sacrément envie de la découvrir !

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  11. C'est vrai que cette bd est pour Nahe ! J'ai pensé à elle en te lisant. Je note. Pour quand je reprendrai les rendez-vous BD.

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    1. Ce serait super que tu en fasses une priorité à ce moment-là ;)

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  12. je l'avais déjà remarqué chez Yaneck. Je pense l'acheter si ça vaut tant le coup...

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  13. Oh elle a tout pour me plaire, cette BD!

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  14. Comment veux-tu que je résiste ???

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  15. J'avais beaucoup aimé Rides de cet auteur. Il a l'art et la manière de traiter des sujets émotionnellement lourds et pas évidents avec simplicité et subtilité. Ça a l'air d'être le cas ici aussi. Bon ben s'il croise mon chemin...

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    1. Ta médiathèque va forcément l'acquérir, ce sont des personnes de goût, je n'en doute pas une seconde.

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  16. Il me tente beaucoup cet album. Rien que le fait de voir le nom de l'auteur a suffit pour faire naître l'envie de le lire. Je garde un excellent souvenir de ses albums

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    1. Tout le monde a l'air de connaître (et d'apprécier !) cet auteur que je découvre.

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    2. "Rides" et "Les rues de sables" ;)

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    3. Rides a semble vraiment être un incontournable que je vais m'empresser d'emprunter à la médiathèque.

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  17. Tiens je n avais pas lu cette chronique ...
    C est quoi un gaufrier ? ( enfkn j imagine que ce n est pas l appareil pour faire des gauffres ....)
    Bises

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    1. Un gaufrier c'est quand une page est découpée en cases de même forme et de même taille, comme des petits carrés par exemple. Du coup elle ressemble à un gaufrier ;)

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