vendredi 1 avril 2016

Mailloux - Hervé Bouchard

Pas facile l’enfance québécoise de Jacques Mailloux. Une mère insensible, un père qui rentre de l’usine pour s’abrutir en tétant la bouteille et ne lésine pas sur les taloches, des copains moqueurs. Mailloux pisse au lit, c’est plus fort que lui. Plutôt que de l’aider, ses parents l’enfoncent dans la honte. En courts chapitres, on suit les traces d’un gamin plutôt solitaire, en butte à l’indifférence des adultes, mais qui ne se plaint pas plus que cela de son sort. Un gamin davantage dans l’observation que dans l’analyse, un gamin qui se dit que les choses sont comme elles sont, faisons avec. Par moment surgissent des épisodes plus  optimistes, soulignant le poids de l’amitié. Il y a dans ce roman une forme de brutalité, de sauvagerie et d’autodérision qui aurait dû me plaire. Sauf que ça n’a pas été le cas. Du tout.

Un abandon, très longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Je n’aime pas me battre avec un texte. J’aime qu’il me résiste si cette résistance finit par céder et devient source de plaisir. Ici, la lecture a été laborieuse, tellement laborieuse que je me suis arrêté après cent pages (sur 150). En cause, la langue. Une langue inventée, changeante, d’une telle liberté qu’elle m’est apparue incontrôlable et que je m’en suis lassée.

Exemples : 



Et tout n’est pas du même tonneau. On peut attaquer un chapitre d’une écriture fluide et parfaitement compréhensible et se retrouver derrière avec un phrasé digne des prédictions de Nostradamus. J’admire la prise de risque et le culot d’Hervé Bouchard mais à la longue, ça m’a fatigué. Et cette focalisation sur la forme, cette espèce de pénibilité, a plombé ma lecture, m’a éloigné du fond, m’empêchant de ressentir la moindre émotion envers ce pauvre Mailloux. 

Un rendez-vous manqué donc. Impossible pour autant de ne pas reconnaître les qualités d’un ouvrage publié au Québec en 2002 et régulièrement réédité depuis. Le fait est qu’Hervé Bouchard possède une vraie plume, déstabilisante certes, mais avec une incontestable identité. Pas une écriture prétentieuse ou boursouflée à la manière de, juste une écriture à laquelle je n'ai pas adhéré. Et pour le coup je le regrette sincèrement, mais ce n’est pas la peine de faire semblant, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas (je déteste simuler).

Mailloux d’Hervé Bouchard. Le Nouvel Attila, 2016. 158 pages. 18,00 euros.







28 commentaires:

  1. Dommage, à la lecture des extraits, je ne vais même pas tenter.

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  2. Effectivement c'est dommage! car l'histoire a tout pour emballer! je crois que je n'aurais pas tenu 150 pages, je déteste les extraits que tu montres.A vouloir faire trop original ça devient hermétique. Tu as lu Le jour des corneilles (il me semble) ça c'est génial et origina!

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    1. Ah non, je n'ai jamais lu "Le jour des corneilles", mais du coup tu m'intrigues !

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  3. déjà que mon rhube m'empêche de lire, mais là les extraits me filent mal à la tête .. je n'ai simplement rien compris or j'aime la fluidité donc je passe mon tour avec plaisir !

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  4. Pourtant, le roman n'était pas long.

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    1. Ce n'est pas la taille qui compte, il y a longtemps que je le sais (et heureusement :p ).

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  5. Les extraits ne donnent clairement pas envie... Je passe mon chemin sans regret...!

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  6. Pas évident comme écriture, en effet... Je comprends qu'à la longue ça puisse lasser.

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  7. Depuis que je te lis, c'est le premier abandon! Auteur québécois en plus?! Mais dans ce cas-ci, je te donne entièrement raison. Je n'en suis pas venue à bout moi non plus!

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  8. Ce sont des choses qui arrivent

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  9. Moi ça me va très bien ce billet non tentateur.;-) Bon, le sujet n'aurait pas trop été ma came de toute façon.

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  10. Dommage, un auteur québécois en plus :D
    Par contre, si tout le livre est sur le même rythme que dans ton exemple ici, j'dois dire que je me serais vite ennuyée moi avec! ^^

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  11. J'ai déjà eu du mal à lire les deux extraits...

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  12. Tu as raison et pourtant tu as été persévérant !

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  13. j'aime bien trouver dans les blogs des abandons et des refus, ça me donne confiance ensuite quand ils sont positifs sur un autre roman.

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    1. On ne peut pas adhérer à tout ce qu'on lit, et encore heureux d'ailleurs.

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