Deville © Seuil 2012 |
« Alexandre Yersin 1863-1943 »
Né en Suisse. Très tôt orphelin de père, il part pour l’Allemagne. Puis ce sera l’institut Pasteur où il découvrira la toxine diphtérique. Devenu médecin (et français), il œuvrera en Asie pour les Messageries Maritimes avant d’enfiler les habits de l’explorateur le temps de tracer un chemin de l’Annam au Cambodge. C’est finalement au Vietnam, à Nha Trang qu’il créera une cité utopique devenue aujourd’hui une station balnéaire fréquentée par les milliardaires russes et asiatiques. Chercheur, médecin, ethnologue, agriculteur et géographe, Yersin aura vécu mille vies. Surtout, il restera dans l’histoire comme celui qui a découvert et vaincu le bacille de la peste. Un drôle de personnage que ce savant autodidacte d’une curiosité insatiable et d’une ingéniosité sans pareille. Solitaire, misanthrope, il aura passé près de 50 ans dans un chalet perdu en pleine jungle. Membre historique de « la bande à Pasteur » avec Roux et Calmette, il restera constamment à la marge, préférant les recherches individuelles aux travaux collectifs. Se méfiant comme de la peste des idéologies et de la politique, il traversera les horreurs du 20ème siècle avec une certaine distance, en ermite. Yersin meurt avant les attaques japonaises sur le Vietnam. Jusqu’au bout, il sera resté à l’écart de la folie des hommes.
Je ne suis d’ordinaire pas fan des biographies. Celle-ci m’a tout simplement enthousiasmé. Peut-être parce qu’elle ne ressemble en rien aux biographies habituelles. Patrick Deville est écrivain et non historien, c’est ce qui fait toute la différence. Faisant fi de la chronologie, il tricote son texte dans un désordre parfaitement maîtrisé, alliant l’érudition à une pointe d’humour bienvenue. Il n’hésite pas non plus à mettre en scène le « fantôme du futur », narrateur enquêtant dans les lieux fréquentés par Yersin, un carnet à couverture en peau de taupe à la main. Au-delà du portrait du génial découvreur du bacille de la peste, l’auteur dresse celui d’une époque où les aventuriers avaient encore de beaux jours devant eux, « où la nature n’est pas encore une vieillarde fragile qu’il faut protéger mais un redoutable ennemi qu’il faut vaincre. »
Patrick Deville écrit comme on explore. Sa langue est belle, sa plume affutée donne au roman le mouvement et le souffle qui emportent le lecteur. Il y a dans son propos beaucoup d’élégance, de précision et de virtuosité, la force d’un écrivain sûr de son art et qui ne tombe jamais dans l’esbroufe. Mon premier vrai coup de cœur de la rentrée littéraire !
PS : Peste & Cholera vient de remporter le prix du roman Fnac. Il fait également partie de la première sélection du Goncourt et Bernard Pivot, membre du jury du plus célèbre des prix littéraires français, lui a consacré un article élogieux dans le Journal du dimanche. De là à dire que Patrick Deville s’annonce comme le futur Goncourt 2012, il y a un pas que je me garderais bien de franchir. Réponse le mercredi 7 novembre…
Peste & choléra de Patrick Deville. Seuil, 2012. 220 pages. 18 euros.
C'est marrant mais ton article donne envie de lire cette biographie alors que lorsque j'ai lu la quatrième de couverture je me suis dit que ce ne devait pas être évident à lire. J'avais peur du jargon médical sans doute.Et en même temps ce titre me rappelait L'Amour au temps du choléra. Alors je l'ai acheté ! J'ai hâte de découvrir le style de Patrick Deville
RépondreSupprimerJe te rassure sur le jargon médical, il est tout à fait digeste ! Sinon, j'ai hâte de lire ton avis sur ce titre^^
SupprimerOn verra! Mais s'il a le Goncourt, ce sera la croix et la bannière pour l'avoir en bibli (oui, moi aussi j'aime les expressions comme peste et choléra)
RépondreSupprimerC'est sûr que s'il est couronné, il faudra faire preuve de patience pour le lire à la bibli.
SupprimerC'est l'une de mes rares envies de la rentrée !
RépondreSupprimerTu peux te faire plaisir, tu ne devrais pas être déçue.
SupprimerVoilà enfin un livre susceptible de m'inspirer!
RépondreSupprimerSeulement, pour moi aussi, le fait que "Patrick Deville est écrivain et non historien" fait toute la différence mais, contrairement à toi, ça aurait tendance sinon à me faire fuir, du moins à me rendre méfiante et à tempérer mon intérêt pour le livre. :-)
Il est certain que s'il l'on est davantage historien que littéraire, on risque de ne pas y trouver son compte. Mais ça se lit tellement bien...
Supprimerexact, c'est une qualité que je lui reconnais: se lire facilement
Supprimerc'est une belle écriture, fluide, maîtrisée et qui ne se prend pas plus au sérieux que névessaire, ce qui est pour moi une indiscutable qualité.
SupprimerTrop sec pour un roman, trop succinct pour une biographie...c'est du Deville tout craché..... et cela ne m'a pas plu, bien que le sujet soit intéressant, et original
RépondreSupprimerJe crains que Marie ait la même réaction (que je peux tout à fait comprendre par ailleurs).
SupprimerJ'avais été impressionnée par Kampuchéa l'année dernière, alors celui-ci était le premier de ma ( sage et courte ) liste de rentrée cette année ! Et, à lire ce billet, je m'en réjouis encore plus !
RépondreSupprimerJe n'ai lu aucun autre titre de Deville mais je crois que ça ne va pas durer^^
SupprimerComme on a très souvent les mêmes gouts, tu connais la suite de ma phrase... :)
RépondreSupprimerça m'étonnait d'ailleurs de ne pas l'avoir vu sur ton blog. Je ne doute pas que ce soit pour bientôt.
SupprimerTrès envie de le lire celui-là, d'autant plus que généralement, j'aime les biographies romancées.
RépondreSupprimerAlors en effet ce titre est pour toi.
SupprimerUn des rares titres de cette rentrée littéraire qui me faisaient envie.
RépondreSupprimerJ'avoue qu'après lecture de ton billet, j'ai encore plus envie de le lire. Je m'y plonge de suite !
Super, tu pourras revenir me faire signe quand ton billet sera publié.
SupprimerEt voilà ! Lecture achevée et bien que sceptique au départ, j'ai fini sous le charme !
Supprimerhttp://booksandfruits.over-blog.com/article-peste-cholera-patrick-deville-110015784.html
Premier Deville mais pas le dernier !
Sachant qu'Aaliz est plutôt historienne comme moi, son avis risque que de m'influencer!
SupprimerJ'ai lu son avis, très intéressant et très argumenté. Surtout très positif !
SupprimerJe suis friande des biographies romancées, et tu en parles de telle façon que ça donne envie de la lire. Je note !
RépondreSupprimerJe crois que ce livre est fait pour les amateurs de biographies romancées. Tu devrais donc y trouver ton compte.
SupprimerAvec de telles recommandations, il ne peut être que bon, ce roman.
RépondreSupprimerEn toute impartialité, je crois vraiment que c'est un bon roman^^
SupprimerCe billet me réjouit...! Depuis la remise du Prix, je l'ai dans ma liseuse. Hier, une de mes amies libraire m'en a parlé en des termes élogieux et en a fait un gros coup de coeur... et tu en rajoutes une jolie couche ! Yapluka !
RépondreSupprimerBen voila, yapluka !
SupprimerIl me tente beaucoup et on en lit beaucoup de bien !
RépondreSupprimer"Élégance, précisions et virtuosité" dis-tu trois belles raisons de le lire !
Bises
C'est à l'évidence un des succès de la rentrée littéraire.
SupprimerTrès joli avis, on se rejoint sur tout ! bises
RépondreSupprimerContent de voir que nos avis se rejoignent, ça me rassure toujours de constater que j'ai lu le même livre que d'autres lecteurs.
SupprimerCa y est, il dans ma PAL !!!!!
RépondreSupprimerBientôt un avis alors ?
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