jeudi 5 avril 2012

Le père Goriot : l'intégrale en BD

Lamy - Thiraut - Duhamel
© Delcourt 2012
Vous savez quoi ? C’est Marie qui m’a donné envie de retourner voir Balzac. Son enthousiasme pour cet auteur est tel qu’il m’a convaincu. Pour moi, Balzac, c’est typiquement un écrivain du Bac. D’ailleurs je n’ai pas rouvert un de ses romans depuis cette époque fort lointaine (1992 pour tout vous dire).

Courageux mais pas téméraire, j’ai préféré replonger dans La comédie humaine par le prisme de la BD. Téméraire, je le serai un peu plus tard dans l’année en m’attaquant à La Duchesse de Langeais pour une lecture commune. Pour l’instant donc, j’en reste au Père Goriot en bande dessinée.

Le père Goriot s’ouvre sur la description de la Maison Vauquer, une sordide pension du quartier latin regroupant une galerie de personnages hauts en couleur. Il y a là l’inquiétant Vautrin, ancien forçat échappé du bagne, le jeune et désargenté Eugène de Rastignac, la timide Mlle Taillefer et bien sûr le fameux Père Goriot, pitoyable vieillard se ruinant pour satisfaire les caprices de ses deux filles, Delphine et Anastasie. Rastignac est la pierre angulaire du récit, c’est autour de lui que les intrigues et les relations entre les personnages se nouent. C’est lui qui, peu à peu, va percer les différents mystères et mettre à nu la réelle personnalité de chacun. Et pour tout dire, le tableau n’est pas reluisant. De la triste pension aux salons aristocratiques, Rastignac évolue entre deux mondes finalement pas si éloignés que cela. Partout, c’est l’égoïsme, la cupidité et les manigances qui dominent. Finalement, Le père Goriot, au-delà de l’étude de mœurs, est un roman d’initiation et de formation. Confronté à l’apprentissage du réalisme, Rastignac voit dans la mort du Père Goriot et l’absence inexcusable de ses filles à son enterrement, l’achèvement de son éducation : « A nous deux maintenant ! » lance-t-il en contemplant Paris, prêt à défier cette société qu'il méprise et dont il a compris le fonctionnement. 

Faire tenir le texte de Balzac en 95 planches, voila un pari délicat à relever. L’adaptation est-elle réussie ? Je ne pourrais pas me prononcer car je n’ai gardé aucun souvenir du roman. Ce que je peux constater c’est que le déroulement de l’intrigue reste limpide malgré la multiplicité des personnages et des événements. Bruno Duhamel restitue avec talent le Paris du 18ème siècle. Il se révèle aussi à l’aise pour représenter la triste pension que les maisons bourgeoises ou l’opéra. Son travail sur les costumes et le mobilier est par ailleurs remarquable.

Qui l’eut cru, j’ai dévoré cette intégrale d’un seul trait. Un vrai plaisir de lecture aussi inattendu qu'agréable. Marie, je crois que je suis prêt à passer à la suite, La duchesse de Langeais n'a qu'à bien se tenir !


Le père Goriot : l’intégrale de Lamy, Thirault et Duhamel, d’après Balzac. Delcourt, 2012. 96 pages. 16,95 euros.

Lamy - Thiraut - Duhamel © Delcourt 2012

Lamy - Thiraut - Duhamel © Delcourt 2012

20 commentaires:

  1. Balzac en BD? Pourquoi pas! Il existe bien A l'ombre des jeunes filles en fleurs en (jolie) BD...

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    1. Cette adaptation là est très réussie, ça n'a pas toujours été le cas dans cette collection chez Delcourt. Les trois mousquetaires notamment avait été pour moi une grosse déception.

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  2. Cette fois-ci, je ne sais pas si je vais te suivre. J'ai dévoré Balzac, je l'ai lu et relu et l'image que je me fais de ses décors, de ses univers... je ne veux pas la confronter avec les projections d'un autre, même d'un artiste aussi talentueux soit-il. Me replonger dans Balzac oui... mais par le biais d'une adaptation... je suis plus méfiante

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    1. Je comprends tout à fait ton point de vue. Je crois que cette intégrale ne s'adresse pas aux lecteurs de Balzac mais bien à ceux qui en ont gardé un souvenir mitigé et qui souhaitent néanmoins s'y confronter à nouveau mais en douceur (en gros, c'est exactement pour moi !).

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    2. Je ferais une seule exception et ce serait pour "Le Lys dans la vallée". Diable, j'avais eu un mal fou à le finir celui-là ! ^^

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    3. De mon coté, si la même équipe d'auteurs se lance dans une nouvelle adaptation de Balzac, je serais partant.

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  3. A l'Ombre des jeunes filles en fleurs en BD c'était moyen. Est-ce que le pauvre Père Goriot n'a pas fait les frais de cette adaptation ( oh la vilaine littéraire qui ne jure que par les romans !) Comme Mo j'aurais peur de ne pas retrouver l'univers si particulier de Balzac, lui qui nous livre des descriptions fines, détaillées... "courageux mais pas téméraire" !! hihi, vilain garçon ! ;-)

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    1. Ah, les descriptions de Balzac, surement mon plus grand traumatisme de lecteur lycéen ! C'est aussi pour ça que j'ai accepté la lecture commune proposée par Marie parce que je suis persuadé que mon ressenti à la relecture d'un roman de Balzac sera aujourd'hui totalement différent et bien plus positif.

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    2. C'est parce que tu n'avais pas un bon prof ! hihi ;-)

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    3. Détrompe-toi, j'avais une super prof au lycée. C'est notamment grâce à elle que j'ai découvert les poètes de la négritude. Rien que pour cela je ne la remercierais jamais assez.

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    4. Personnellement, je préfère Damas...

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  4. Je suis super contente que tu te sois risqué à faire une tentative, même prudente! Le but de mon challenge était justement de montrer que Balzac ne se réduit pas aux descriptions qui ont traumatisé nombre de lycéens! J'espère que La duchesse de Langeais te plaira.
    Moi aussi, j'ai un peu peur de ne pas aimer l'adaptation. Je me souviens notamment d'avoir feuilleté une adaptation de Barbey d'Aurevilly en BD qui ne m'avait pas du tout tenté. Néanmoins je me dis que ça pourrait être intéressant de tenter un comparatif comme pour Les trois mousquetaires. Peut-être un jour... Ceci dit, tu me fais peur : je comptais justement boucler mon tour d'horizon des Trois mousquetaires en BD par la version parue chez Delcourt!

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  5. Concernant l'adaptation des 3 mousquetaires j'en garde un mauvais souvenir : une BD très dense à la narration étouffante, de toutes petites cases, trop nombreuses, et une lecture au final assez pénible. Bref, j'en suis resté au 1er tome avec aucune encie de lire la suite. Mais après tout, ton ressenti sera peut-être fort différent.

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  6. j'ai horreur de Balzac (il fait partie des 3 écrivains que je n'arrive pas à lire), peut-être cela me ferait lire un Balzac en entier, et encore, je n'en suis pas sûre du tout !

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    1. Franchement, tu pourrais tenter le coup je suis certain que tu serais agréablement surprise.

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  7. Ça me rappellerait ma lecture forcée de 3ème mais peut-être apprécierai-je mieux en BD que lors de cette torture. Ceci dit, je suis persuadée que si je le relisais maintenant, je serai capable d'aimer. Pour m'en convaincre, je commencerai par la BD :)

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    1. Je pense que ça peut être la bonne méthode : d'abord la BD et après un retour vers le texte original. ça peut fonctionner !

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  8. Je lui tourne autour depuis un moment ... je n'ai pas de grands souvenirs de Balzac à l'école alors, je suis tentée de voir si l'album peut me réconcilier avec lui ;)

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    1. Franchement c'est une occasion en or de replonger dans l'univers balzacien en douceur et d'exorciser ainsi tes mauvais souvenirs.

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