lundi 25 juillet 2011

L’homme des ses rêves

John Cheever (1912-1982) est considéré comme l’un des plus grands nouvellistes américains. Cet écrivain encensé, entre autres, par Carver, Nabokov ou Philip Roth est surtout connu pour ses textes rédigés après la seconde guerre mondiale. Mais il a aussi publié de nombreuses nouvelles dans des revues au cours des années 30 et 40. Douze d’entre elles sont ici réunies dans un recueil qui plonge le lecteur au cœur de l’Amérique dépressionnaire. Des portraits d’hommes et de femmes mélancoliques et solitaires.

Plusieurs nouvelles se déroulent dans le monde des courses avec des parieurs jonglant sans cesse entre les gains, les pertes et les dettes. Dans « Autobiographie d’un commis voyageur », c’est un vendeur de chaussures de luxe dont le métier est frappé de plein fouet par la crise qui voit ses revenus se réduire comme peau de chagrin et perd définitivement son emploi à 62 ans. Sans aucune police d’assurance ni retraite, son avenir ressemble à un gouffre vertigineux. « De passage » raconte l’histoire d’un homme exalté venu dans une ville du nord créer une cellule du parti communiste. Après d’autres vaines tentatives à Boston ou Philadelphie, il finira seul, haranguant quelques badauds sur le bord des trottoirs, désespérément accroché à ses illusions perdues. Dans les dix autres nouvelles, ce sont les femmes qui tiennent le premier rôle. Des femmes opiniâtres et pleines de tempérament. Orgueilleuses aussi et difficilement manipulables : une stripteaseuse cinquantenaire que l’on veut mettre au placard et qui prendra une éclatante revanche, une serveuse fière de sa popularité qui n’accepte pas d’être secondée par une nouvelle plus séduisante ou encore cette jeune fille rêvant de devenir comédienne et qui, par le plus grand des hasards, se voit proposer un premier rôle à Broadway. Elle le refusera, persuadée que la pièce est exécrable.

Bien sûr, il faut aimer le genre. Mais quel plaisir de découvrir ces nouvelles ciselées où Cheever montre déjà la virtuosité d’un grand portraitiste en mettant en scène des personnages naviguant sans cesse entre optimisme béat et espoirs déçus. Au final, ces textes aigres-doux m’ont fait passer un délicieux moment de lecture.


L’homme des ses rêves de John Cheever, Éditions Joëlle Losfeld, 2011. 156 pages. 17,50 euros.

2 commentaires:

  1. Eh oui, comme tu le dis, il faut aimer le genre et les nouvelles ne font pas partie de mes genres de prédilection...

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  2. @ Véro : pour le coup, si on n'est as fan de nouvelles, il faut vraiment passer son chemin par rapport à ce recueil.

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