mardi 5 janvier 2010

Vinci T1 et T2, de Convard et Chaillet

Milan, le 15 décembre 1494. On découvre le cadavre du notaire Christoforo di Rodrigo au bord du canal Martesana. Lardé de coups de couteau, l’homme a été atrocement mutilé : on lui a volé son visage. Une lame très fine lui a décollé le derme comme on arrache un oignon. Un témoin a vu un géant s’enfuir sous les eaux du canal. Le prévôt Vittore, qui dirige les services de police, fait appel à Léonard de Vinci pour qu’il l’aide à comprendre le mode opérateur du tueur.


L’enquête ne donne rien jusqu’en mai 1495, lorsque le voleur de visage frappe à nouveau. Cosimo Vollone, le plus riche négociant de la ville, est tué par une énorme créature volante sous les yeux de son fils. Une fois encore, son visage a été méticuleusement découpé. Deux autres meurtres suivront en mars 1500 et l’été de la même année à Venise et à Florence. A chaque fois, Léonard de Vinci est présent dans la ville au moment où les crimes ont lieu. Le prévôt Vittore, persuadé de la culpabilité de son ami, est bien décidé à trouver des preuves indiscutables…

On était en droit d’attendre beaucoup du duo Convard / chaillet. Concernant ce dernier, le résultat est à la hauteur des espérances. Chaillet est passé maître dans l’art de restituer l’architecture des villes italiennes de la Renaissance. Milan, Venise, Florence, ces trois cités sont dessinées avec une précision redoutable. Les vues extérieures des villes comme les intérieurs des palais ou des maisons bourgeoises fourmillent de détails et sont d’un incroyable réalisme. Un léger bémol pour le dessin des personnages, notamment des visages, qui sont parfois un peu trop statiques et manquent d’expressivité.

Finalement, c’est le scénario de Convard qui est le plus décevant. La révélation avant même la fin du premier volume de la culpabilité de Vinci enlève tout suspens à l’intrigue. En préférant faire des motivations qui ont poussé le génial inventeur à agir de la sorte le ressort de son histoire, il a délibérément choisi de ne pas offrir aux lecteurs un suspens haletant, mais plutôt le récit classique de l’accomplissement d’une vengeance. Ce parti pris est tout à fait défendable, mais il ne m’a pas convaincu. On imagine en effet assez facilement dès le début du second volume la façon dont les choses vont se passer et j’avoue que j’ai trouvé la fin de ce diptyque assez ennuyeuse car trop prévisible.

Il n’empêche que je ne peux que recommander cette courte série à ceux qui aiment le dessin très fouillé de Chaillet et sa somptueuse représentation de l’Italie de la Renaissance. Sans compter que beaucoup de lecteurs pourront trouver de nombreuses qualités au scénario de Convard qui ne m’a personnellement pas convaincu. Après tout, chacun ses goûts !


Vinci T1 : l’ange brisé, de Didier Convard et Gilles Chaillet, édition Glénat, 2008. 56 pages. 13 euros.
Vinci T2 : ombre et lumière, de Didier Convard et Gilles Chaillet, édition Glénat, 2009. 56 pages. 13 euros.

L’info en plus : Les éditions du Lombard ont entamé depuis un an la publication sous forme d’intégrale des aventures de Vasco, jeune garçon issu d’une riche famille de banquiers italiens dont les histoires se déroulent pendant la Renaissance. Cette série dessinée et scénarisée par Gilles Chaillet qui a vu le jour en 1983 dans l’hebdomadaire Tintin ravira tous ceux qui ont découvert et apprécié dans Vinci le très beau travail de ce fabuleux dessinateur.



2 commentaires:

  1. C'est pour ça que je dis que l'intrigue n'est pas policière. Elle tient plus d'une tragédie gothique. Lien pris !

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    1. Ben oui mais moi je m'attendais à un vrai thriller. Du coup, déçu je suis...

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