Un album malin à souhait, truculent, plein de peps et saupoudré d’un soupçon de cruauté qui pimente joliment l’ensemble. J’ai aimé découvrir au fil des pages la transformation de Maël, benêt devenu manipulateur, proie devenu chasseur. Une transformation qui se fait en douceur, comme celle des femmes d’ailleurs, chacune ne succombant pas à la même vitesse, certaines ayant plus de scrupules que d’autres à céder à la tentation. Le capital sympathie finit par s’inverser, le gentil Maël tournant pervers et les femmes volages apparaissant de plus en plus touchantes, même à la fin. Une fin que je ne vous dévoilerais évidemment pas mais que je n’avais pas vu venir et que je trouve excellente, tant elle est en rupture, de par sa gravité, avec la légèreté du début.
Graphiquement je découvre un auteur dont je n’avais jamais entendu parler et je trouve son travail remarquable, notamment par rapport aux choix des couleurs et à la grande variété de ses cadrages. Cerise sur le gâteau, j’ai eu la chance de le rencontrer sur un salon ce week-end et j’ai adoré sa gentillesse et sa simplicité (au moins autant que sa belle dédicace !).
Un vrai moment de lecture plaisir pour un album à déguster avec une bonne bolée de cidre (breton, cela va de soi).
Facteur pour femmes de Quella-Guyot et Morice. Bamboo (Grand Angle), 2015. 112 pages. 18,90 euros.
Les avis de Krol, Le petit carré jaune et Sylire