Petit-fils d'un des médecins de Staline, fils d’un médecin
réputé de Toulouse, Paul avait un chemin tout tracé à suivre. Mais après avoir
terminé ses études de médecine, il a préféré vivre de sa passion, la pelote
basque, en partant pour Miami, où il est devenu joueur professionnel de ce
sport très prisé par les parieurs dans les années 80. Au moment où s’ouvre le
roman, Paul doit rentrer en France suite au décès de son père. Ce dernier s’est
suicidé, entretenant une fâcheuse tradition familiale. Seul dans la grande
maison vide où il a grandi en fils unique, Paul s’interroge et affronte des
fantômes qui risquent de l’entraîner sur une pente des plus savonneuses.
Pas de surprise, Dubois fait du Dubois (en même temps c’est
ce qu’il faite le mieux). On retrouve donc ici ses thèmes fétiches, à savoir un
anti-héros prénommé Paul (le même prénom dans chacun de ses romans), une
histoire de famille particulièrement dysfonctionnelle, un rapport au père
complexe, des voitures (souvent anglaises), les USA (et plus précisément la
Floride), une femme qui devient une obsession, etc. Mais aussi un cheminement intérieur où la solitude occupe
une part essentielle, une quête existentielle, une nostalgie fortement teintée
de mélancolie et cette question qui
ne cesse de revenir en boucle mais dont on connait la réponse d’emblée : peut-on échapper
à sa destinée ?
La Succession est le 21ème livre de Jean-Paul Dubois.
Je ne les ai pas tous lus mais pour moi, ce n’est pas le meilleur. J’adore
toujours autant ses personnages si attachants et son écriture ample et précise,
son art du détail qui créé l’émotion à partir de petits riens (la fidélité d’un
chien, un moment passé avec son meilleur ami, les paysages du pays Basque...). Mais j’ai regretté de ne pas retrouver la
pincée de second degré, d’autodérision et d’humour noir qui offre un soupçon de légèreté au milieu
de sujets toujours pesants. Je crois tout simplement que je n’ai jamais vu
Dubois aussi triste, aussi résigné (lucide diront certains), et ce n’est
clairement pas dans cette posture que je le préfère.
Il n’empêche, retrouver cet auteur et son univers si
particulier, même maussade, cela reste un plaisir à ne bouder sous aucun
prétexte.
La succession de Jean-Paul Dubois. L’olivier, 2016. 234
pages. 19,00 euros.
Un cadeau de ma complice Noukette, avec qui j’ai le plaisir
de partager cette lecture commune.