mardi 16 février 2021

Silent Boy - Gaël Aymon

Anton est interne dans un lycée pas franchement favorisé. Une jungle dans laquelle pour survivre, il faut montrer les crocs et ne jamais ô grand jamais s’épancher. Membre de l’équipe de rugby et d’une bande de gros durs fanfaronnant, Anton ne se sent pas vraiment à sa place. Son évasion, il la trouve sur un forum en ligne où la bienveillance est de mise. Il aime y lire les confessions parfois intimes et les paroles toujours réconfortantes qui font du bien, même si le retour à la réalité du lycée est en général douloureux. Le jour où Nathan débarque dans la chambre de l’internat qu’il occupait jusque là en solitaire, Anton est contrarié de perdre le privilège d’être le seul occupant des lieux. Surtout que son nouveau « coloc » est un cas à part, du genre à ne rentrer dans aucun moule et à assumer sa vraie personnalité. Pas pour rien qu’on le surnomme « le pédé »…

Ah, la difficulté d’être soi-même face la dictature de la norme, un vaste sujet auquel bien des adolescents (et des adultes) sont confrontés. Anton connait les règles : entrer dans le moule pour ne pas faire de vagues, être comme tout le monde pour ne pas finir isolé et maltraité, suivre la meute pour ne pas devenir son ennemi. Il sait se comporter en fonction de ce que l’on attend de lui, quitte à trahir ce qu’il est vraiment. 

Sensible, lucide, intelligent, le jeune homme voit la difficulté d’être une fille dans un monde plein de testostérone, comme il voit à travers Nathan la difficulté de s’assumer en garçon « différent » et ce que cela peut couter. Gaël Aymon parvient avec maestria à incarner ce personnage touchant, conscient de sa lâcheté et en même temps prêt à briser la carapace de convenances dans laquelle il étouffe chaque jour un peu plus. Un beau portrait, réaliste, sans concession et plein de tendresse.

Deuxième titre que je découvre de la collection Court Toujours après Son héroïne et deuxième incontestable réussite. Un texte percutant à retrouver à la fois en version papier, audio et numérique grâce à une application dédiée.  

Silent Boy de Gaël Aymon. Nathan, 2020. 65 pages. 8,00 euros. A partir de 16 ans.



Une nouvelle pépite jeunesse partagée avec Noukette







mardi 9 février 2021

Même mon prénom est une chanson - Thomas Scotto

Lili a honte. Honte de ses parents musiciens, « spécialisés » dans les reprises d’artistes vieux ou morts. Sa mère est trentenaire mais elle chante uniquement « des chansons qui n’existent plus depuis que c’est plus la guerre. » et son père n’aurait pas pu choisir un instrument plus ringard que l’accordéon pour l’accompagner.

Elle les préférerait politiciens ou « kidnappeurs de bébés pandas », alors quand on lui demande quelle est leur profession, elle dit juste qu’ils sont dans la musique. Ses interlocuteurs s’imaginent les tournées, les concerts, la foule en délire alors que pour elle c’est plutôt animations en maison de retraite, bals du dimanche sentant la naphtaline et mariages à l’ambiance digne du siècle dernier (le 20ème siècle, presque la préhistoire !). Depuis toute petite elle baigne dans la musique, malheureusement ce n’est pas une musique qui lui convient. Elle rêve de pouvoir échapper à la corvée des concerts parentaux mais à 10 ans elle est encore trop jeune pour rester à la maison. Du coup le mariage qui s’annonce dans les jours à venir va à nouveau être une épreuve difficile à supporter. A moins que…

Elle est marrante Lili, avec sa langue bien pendue, sa capacité à en faire des tonnes pour pas grand-chose et à dramatiser à outrance des situations qu’elle considère comme gênantes. Rien de bien surprenant cela dit, les enfants ont tous eu jour un peu honte de leurs parents, non ? (enfin sauf les miens évidemment).

Un petit roman frais et léger qui, au-delà du décalage générationnel en termes de goût musicaux, montre que le regard porté par une petite fille sur l’activité professionnelle de ses parents peut évoluer à force de dialogue et de compréhension mutuelle. Une lecture bonbon, pleine de tendresse et d’humour, qui se conclut en beauté avec une pirouette finale qui fait mouche.

Même mon prénom est une chanson de Thomas Scotto (ill. Walter Glassof). Actes Sud junior, 2020. 65 pages. 8,50 euros. A partir de 7-8 ans.


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mardi 26 janvier 2021

La maison aux 36 clés - Nadine Debertolis

Pas cool les vacances de Pâques qui s’annoncent pour Tessa et Dimitri ! Leur mère a décidé de les emmener dans la maison d’un grand-oncle dont elle a hérité. Un manoir isolé, perdu au fond de la campagne, aussi moche que lugubre où les quinze jours à venir risquent d’être terriblement ennuyeux. L’arrivée sur place confirme leurs craintes : une abominable odeur de renfermé, une montagne de poussière, du bazar partout, un jardin à l’abandon et un nombre incalculable de portes fermées à double tour à chaque étage. Trousseau de clés en main, les enfants partent explorer les lieux et vont aller de surprises en surprises...

Un manoir mystérieux, des portes à ouvrir, des objets étranges, des casse-têtes à résoudre et un secret de famille bien gardé, les ingrédients promettent un savoureux jeu de piste. Jusqu’au bout on accompagne avec plaisir Tessa et Dimitri pour connaître le fin mot de l’histoire. Qui était vraiment le grand-oncle Eustache ? A  quelles expériences se livrait-il ? Quels indices vont permettre de lever le voile sur l’histoire du lieu et de son propriétaire ?

Ça pourrait être angoissant, tendu, effrayant. Ça pourrait virer au drame ou au film d’horreur mais Nadine Debertolis a choisi un autre registre que celui de la peur. Le cheminement  qu’elle propose se veut plus intime, plus mélancolique. Elle joue davantage sur la corde de l’émotion, insiste sur l’importance des souvenirs et des capacités de résilience. Elle prend par ailleurs le temps de travailler la psychologie des personnages sans pour autant sacrifier le rythme du récit. Au final elle signe roman positif, plein de tendresse et d’empathie.  

La maison aux 36 clés de Nadine Debertolis. Magnard jeunesse, 2020. 222 pages. 13,50 euros. A partir de 10-11 ans.


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mercredi 20 janvier 2021

Blanc autour - Wilfrid Lupano et Stéphane Fert

Connecticut, 1832. Si dans cet état du nord l’esclavage n’a plus cours, la population n’en est pas pour autant prête à accepter une quelconque forme d’égalité avec les afro-américains. Alors quand l’institutrice Prudence Crandall accepte dans sa classe une adolescente noire, le scandale éclate et les familles des autres élèves décident de retirer leur progéniture de l’école. En réponse à la tournure prise par les événements, Miss Crandall décide d’ouvrir un établissement scolaire réservé aux jeunes filles de couleur. Une décision courageuse mais impossible à accepter pour la population blanche locale.


Basée sur l’histoire vraie de la Canterbury Femal School, ce récit édifiant, au-delà de son propos contre le racisme et pour l’émancipation, insiste sur l’aspect humain d’un projet aussi « révolutionnaire » que provocateur. Et derrière les éléments insupportables de cet épisode peu connu de l’histoire américaine se dessine le portrait d’un groupe de jeunes femmes n’ayant pas hésité à mettre leur vie en jeu pour accéder à l’instruction. Les auteurs ont choisi de focaliser leur attention sur elles davantage que sur l’enseignante blanche qui, malgré la noblesse de son combat, risquait bien moins de tourments que ses élèves. Au final ce sont elles les vraies héroïnes de l’album, à la fois touchantes, fragiles et d’une grande force de caractère : « Nous mettons les enfants au monde et nous les élevons. Des femmes noires instruites auront des enfants instruits, qui auront des enfants plus instruits encore. »

Le trait tout en souplesse et quelque peu « cartoonesque » de Stéphane Fert, loin d’un réalisme visuellement trop perturbant, élargit la portée du message à des lecteurs peu sensibles aux récits historiques hyper documentés (même si pour le coup les événements relatés ne souffrent d’aucune approximation et ont été validés par la conservatrice actuelle du musée Prudence Crandall).

Un album puissant et révoltant qui permet d’aborder avec une remarquable finesse narrative des thématiques malheureusement toujours d’actualité.

Blanc autour de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert. Dargaud, 2021. 142 pages. 20,00 euros.



Les BD de la semaine sont chez Stephie
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mardi 19 janvier 2021

Elle est le vent furieux - Sophie Adriansen, Marie Alhinho, Marie Pavlenko, Coline Pierré, Cindy Van Wilder et Flore Vesco

Effarée par le manque de respect pour la Terre, Dame Nature a décidé de faire payer aux humains le prix de leur inconséquence. Son courroux se répand sur toute la planète avec fureur. A Bornéo, les singes envahissent les hôtels et les plages, rendant la vie des touristes impossible. En France, une maladie étrange transforme les corps en végétaux. Autour de la Méditerranée, des événements incontrôlables et effrayants poussent les populations à réagir (enfin !). En Europe le printemps refuse d'éclore, engendrant famine et troubles de l’ordre public tandis qu’à la Nouvelle Orléans la montée des eaux a profondément changé le visage de la ville et les relations entre ses habitants. 

Six histoires, six autrices, six voix différentes s’unissant pour dire la folie du comportement humain vis-à-vis de la planète et l'urgence climatique qui en résulte. Le texte de Marie Pavlenko ouvrant le recueil sert de colonne vertébrale à l’ensemble. C’est à partir de cette introduction que se dessine la cohérence d’un ensemble de nouvelles pouvant sembler à première vue déconnectées les unes des autres.

Au final le jeu littéraire mis en place fonctionne à merveille, les pièces s’imbriquent et chaque autrice, à sa façon et selon son « angle d’attaque », exprime la force de son engagement. Récit réaliste, dystopique, poétique, les genres et les styles d’écriture choisis offrent richesse et variété.  

Un cadavre exquis qui ne déborde pas d’optimisme mais qui a le mérite, sans donner de leçon ni sombrer dans le nihilisme le plus désespéré, d’affirmer avec force l’importance de mettre un terme aux excès qui nous condamnent à plus ou moins court terme. Une façon intelligente et efficace de pousser à la réflexion. 

Elle est le vent furieux de Sophie Adriansen, Marie Alhinho, Marie Pavlenko, Coline Pierré, Cindy Van Wilder et Flore Vesco. Flammarion jeunesse, 2021. 315 pages. 15,00 euros. A partir de 14 ans.


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mardi 12 janvier 2021

Les derniers des branleurs - Vincent Mondiot

 

« Ils sont restés eux-mêmes. […] Des ratés, des drogués, des dégénérés, des dépressifs sans cause, des fils et des filles indignes, la rangée du fond de la classe. »

Il serait malhonnête de réduire Min Tuan, Chloé et Gaspard à cette description peu glorieuse se trouvant à la 450ème et dernière page du roman. Bien sûr ils sont tout ça mais ils sont loin de n’être que ça ces trois lycéens de terminale unis comme les doigts de la main, marginalisés par leurs camarades de classe, catalogués branleurs par leurs profs et incompris de leurs parents. Ils sèchent les cours pour jouer aux jeux vidéo en fumant des joints, lisent des mangas plutôt que leurs leçons et ne peuvent s’imaginer un avenir. Du moins jusqu’à l’arrivée dans leur groupe de Tina, jeune migrante congolaise vivant à hôtel qui va peu à peu exercer sur eux une influence positive.

Drôle de roman pour un drôle de trio, plus agaçant qu’attachant, auquel j’ai fini par accorder toute mon attention après des débuts difficiles. Il faut dire que je me suis vite lassé de leurs discussions sans intérêt, de leur grossièreté chronique et de leur j’menfoutisme intersidéral. Ils ne sont ni violents ni méchants, ni perturbateurs ni révoltés. Ils ne croient juste en rien, ne s’impliquent dans rien, ne rêvent de rien. Pas simple du coup de s’intéresser à leur cas, d’aller au-delà de leur oisiveté permanente et de leurs lendemains de cuite sans relief. 

Heureusement, plus le roman avance et plus le portrait psychologique de chacun gagne en complexité. Sous le vernis de l’avachissement se révèlent de profondes interrogations sur le sens de l’amitié, le rapport aux autres, la sexualité. Surtout, loin du cliché, de la mise en scène au trait forcé d’une « génération perdue » d’écervelés sans la moindre conscience (politique ou autre), Vincent Mondiot ne donne pas dans le portrait de groupe caricatural, il dépeint des individus, tous différents, portant chacun un regard sur le monde d’une grande (et douloureuse) lucidité.

Un texte cru, provocateur, sans concession, drôle à sa façon, et qui se révèle d’une rare sensibilité pour peu que l’on ne s’arrête pas à l’exaspérant nihilisme que donne la première impression.

Les derniers des branleurs de Vincent Mondiot. Actes Sud junior, 2020. 450 pages. 16,80 euros. A partir de 15 ans.




Une première pépite jeunesse de l'année partagée avec Noukette






mardi 22 décembre 2020

Les pépites jeunesse de l'année

Une année de pépites jeunesse moins copieuse que d’habitude mais toujours le même plaisir de partager mes lectures avec ma chère complice Noukette. Et 2020 n’a pas dérogé à la règle, les bonnes surprises ont été aussi nombreuses que variées :


Les coups de coeur























Les romans qui ont fait du bien dans une année où on en avait sacrément besoin



















Les séries dont on ne se lasse pas















Ces pépites jeunesse de l'année sont évidemment partagées avec Noukette






































 

dimanche 20 décembre 2020

Le Flocon - Bertrand Santini et Laurent Gapaillard

En cette nuit du nouvel an, le Roi donne une fête au château. Les personnages illustres du royaume sont venus les bras chargés de cadeaux, chacun rivalisant de richesses pour offrir au souverain un présent à la hauteur de son statut. Au milieu de la nuit, un nouveau convive apparaît. Johann Kepler, mathématicien de la cour, scandalise les invités car il arrive les mains vides. Ouvrant son gant, il montre un flocon de neige, qu’il place ensuite devant l’objectif d’un télescope, offrant ainsi à la vue du Roi un spectacle exceptionnel surpassant tous les cadeaux du monde…

Un conte qui loue la supériorité de la nature sur l’homme, de la modestie sur le faste, de l’éphémère sur l’éternel. L’objet-livre est splendide, dans un format à l’italienne XXL magnifié par les somptueux dessins de Laurent Gapaillard. Après, pour ce qui est du texte (s’inspirant du recueil de Johannes Kepler « L'étrenne ou la neige sexangulaire » rédigé en 1610), pas évident d’imaginer que de jeunes lecteurs puissent en saisir à la fois les références animistes et la profondeur philosophique. Au final peu importe si sur le fond l’ouvrage s’adresse davantage aux adultes qu’aux enfants, ces derniers pourront toujours s’émerveiller devant les illustrations dignes des plus belles gravures de Gustave Doré. Assurément un des albums les plus surprenants de l’année.


Le Flocon de Bertrand Santini et Laurent Gapaillard. Gallimard jeunesse, 2020. 50 pages. 26,50 euros.


Une dernière pépite jeunesse de l'année partagée avec Noukette








mercredi 16 décembre 2020

Une année de BD

J’ai (malheureusement) passé tellement de temps à la maison cette année que le nombre de mes lectures BD a sensiblement augmenté. Au final pas loin de 250 albums sont passés entre mes mains. Comme d’habitude de l’inoubliable, de l’excellent, de l’anecdotique et du « bof, pas terrible ». Rapide état des lieux de mon bilan BD 2020 :


Le top du top













Ces coups de coeur dont je n'ai parlés











Du très bon manga









Quatuor de flops













Ces BD sorties cette année que je lirai sans faute l'an prochain

















Les tops des BD de l'année sont à retrouver chez Stephie








samedi 12 décembre 2020

Ce genre de petites choses - Claire Keegan

En Irlande, les blanchisseries de Magdalen étaient des institutions dans lesquelles furent enfermées des adolescentes et des jeunes femmes considérées comme des filles de petite vertu. Ces blanchisseries, tenues d’une main de fer par des sœurs autoritaires et brutales, étaient le royaume de l'arbitraire et de l'injustice, où l'on se tuait au travail, entre prières et humiliations. Administrées par l’église catholique et l’état irlandais, ces prisons qui n’en portaient pas le nom exploitèrent plus de 10 000 femmes jusqu’en 1996. Il fallut attendre 2013 et un rapport sénatorial de plus de 1000 pages pour que le gouvernement présente ses excuses pour les maltraitances causées, tout en refusant d’assumer les réparations financières demandées par les victimes.

De ce fait de société effarant Claire Keegan aurait pu faire un mélo dégoulinant de larmes et de douleur. Elle a préféré opter pour un conte de Noël aux accents Dicskensiens mettant en scène un brave homme au grand cœur. L’action se passe au cours de l’hiver 1985. Bill, petit patron d’un commerce de charbon, s’apprête à passer Noël en famille avec sa femme et ses trois filles. Au cours d’une livraison à la blanchisserie des Sœurs du Bon Pasteur, il découvre dans la cave de l’institution une jeune fille grelottant, pieds nus et en guenilles. Plutôt que de fermer les yeux et de rentrer chez lui auprès des siens pour le réveillon, il prend une décision risquant de lui coûter cher mais qui s’impose comme la seule issue possible.

Claire Keegan publie peu mais toujours à bon escient. Huit ans après l’excellent recueil de nouvelles A travers les champs bleus elle revient avec un court récit débordant d’humanité. Tout en délicatesse, elle dresse le portrait d’un homme sensible, magnanime, altruiste, se demandant, « à quoi bon être en vie si l’on ne s’entraide pas ». Un catholique pratiquant qui, en découvrant la condition des prisonnières du couvent, se projette sur ses propres filles, sur leur avenir, sur leur futur statut de femme dans un pays corseté par la religion.

Un très beau texte, à la fois âpre et plein de bonté, porté par une écriture ciselée, limpide, sans un mot de trop. Un petit bonheur de lecture à déguster bien au chaud sous un plaid, une tasse de thé à la main (enfin plutôt une tasse de café en ce qui me concerne parce que le thé, y a pas moyen !). 

Ce genre de petites choses de Claire Keegan (traduit de l’anglais par Jacqueline Odin). Sabine Wespieser éditeur, 2020. 120 pages. 15,00 euros.