mercredi 26 avril 2023

Le Sorceleur T5 : Le baptême du feu d’Andrzej Sapkowski

Beaucoup de parlote et bien peu d’action dans ce tome 5 des aventures du Sorceleur. L’équilibre entre les temps « calmes » et « mouvementés » du récit n’étant pas trouvé, le rythme en souffre et l’ennui prend trop souvent le pas sur le plaisir de lecture. Il y a vraiment des passages interminables que j’ai survolés en diagonale, notamment ceux où les magiciennes déroulent la généalogie des têtes couronnées. Pour le reste, l’intrigue n’avance pas des masses. On traverse des forêts, on rencontre une difficulté, on y fait face et on continue son chemin. Le groupe du Sorceleur est un classique de la fantasy avec son archer, son chevalier, ses nains et son guérisseur. Seul le barde Jaskier apporte une petite touche d’originalité bienvenue.

En dehors du cheminement de la troupe de Geralt et des manigances des magiciennes, les (rares) incursions dans la bande de Ciri ne font pas davantage progresser les choses et on en vient à se demander à quel moment les événements vont s’accélérer, pour elle et ses comparses. Bref, l’ensemble donne une impression de surplace loin d’être emballante. L’univers dans lequel évolue ce beau monde continue d’être déployé avec précision et gagne en épaisseur mais tout se fait avec bien trop de lenteur. Ce Baptême du feu n’est certes pas un tome pour rien dans la saga du Sorceleur mais c’est à l’évidence un tome qui n’apporte pas grand-chose et qui aurait gagné à jouer davantage la carte de la concision. Dommage.    

Le Sorceleur T5 : Le baptême du feu d’Andrzej Sapkowski. Bragelonne, 2012. 480 pages. 7,60 euros.





jeudi 20 avril 2023

L’adoption cycle 2, tome 1 : Wajdi - Zidrou et Arno Monin

Wajdi, dix ans, a grandi sous les bombes, au Yémen. La guerre a brisé son enfance et fait de lui un orphelin. Le jour où il débarque en France chez Gaëlle et Romain, un nouveau monde s’offre à lui. Un monde dont il ne possède pas les codes. La barrière de la langue n’arrangeant pas les choses, ses parents adoptifs ont bien du mal à cerner le jeune garçon et à appréhender ses réactions, parfois inquiétantes.

J’ai beaucoup aimé la façon dont Wajdi est représenté. Son introspection, ses silences, ses réactions inattendues et déconcertantes, tout tend à le rendre aussi attachant que crédible. Le portrait de la famille d’accueil est à l’inverse trop caricatural. Des bourgeois qui ont envie de se rendre « utiles », qui semblent surtout vouloir renvoyer l’image d’humanistes philanthropes, ravis de recueillir des compliments sur leur démarche mais finalement bien peu ravis d’accueillir un nouvel arrivant dans leur foyer. Tout ça parce que Wajdi n’est pas un enfant « comme les autres », un enfant sans problème, un enfant qui va forcément être conscient et reconnaissant de leur bonté. Aucune volonté de le comprendre, aucune volonté de lui venir en aide, la condamnation de ses actes au fil de l’album ne cesse d’aller crescendo, jusqu’au point de rupture.

C’est dommage parce ça manque de finesse. Le trait est forcé, il ne laisse pas de place à un regard plus mesuré, plus compréhensif, alors que n’importe quel adulte serait à même de se rendre compte que l’adaptation du petit garçon va être longue, difficile et douloureuse. Sans doute est-ce là un ressort scénaristique qui servira dans le second tome pour remettre les sentiments de chacun « dans le bon sens ». Mais la ficelle est grosse et gâche quelque peu le plaisir de suivre l’intrigue. 

Niveau dessin c’est toujours un bonheur de retrouver la patte tout en douceur d’Arno Monin, son jeu sur les couleurs et la lumière, l’expressivité de ses personnages. Son trait se reconnaît du premier coup d’œil et c’est une qualité devenue trop rare pour ne pas être soulignée. 

Une lecture en demi-teinte mais le bilan définitif concernant ce diptyque ne pourra être fait qu’après la découverte du second tome. Ça tombe bien, il m’attend sagement au pied de mon lit !

L’adoption cycle 2, tome 1 : Wajdi de Zidrou et Arno Monin. Bamboo, 2021. 72 pages. 16,90 euros.