lundi 6 novembre 2023

Mississippi - Sophie G. Lucas

De 1839 à 2006. D’Impatient Lansard le vigneron à Odessa la photographe. De la Haute-Saône à La Nouvelle Orléans en passant par Paris et New-york. De la Commune à l’ouragan Katrina en passant par la première Guerre Mondiale et la colonisation. Sophie G. Lucas déploie une destinée familiale sur plus de cent soixante ans. D’une période à l’autre, d’un lieu à l’autre, elle parcourt l’arbre généalogique comme on descend un fleuve au cours tumultueux. 

« La Geste des ordinaires ». Ce sous-titre résume à merveille l’enchevêtrement de ces destins individuels dans la grande Histoire collective du monde, un monde où les aspirations à l’émancipation se heurtent, quelles que soient les époques, à d’insurmontables obstacles. 

Un premier roman culotté. Culotté parce qu’il ne va pas vers la facilité. Les voix qui s’expriment dans chaque chapitre ont toutes un timbre différent, on navigue entre des récits à la première et à la troisième personne, le rythme change sans cesse, déstabilise parfois, l’usage excessif des parenthèses agace souvent mais participe à cette forme d’exigence dans l’écriture qui ne sonne jamais artificiellement. Sophie G. Lucas ne se regarde pas écrire, elle ne donne pas dans l’emphase, dans la démonstration littéraire sans âme. Exigeant mais accessible, son texte est une grande réussite, de celles qui lancent une carrière d’écrivain sur les meilleurs rails possibles.

Mississippi de Sophie G. Lucas. Éditions La Contre Allée, 2023. 180 pages. 18,00 euros.








10 commentaires:

  1. Tiens, un roman dont on ne parle pas (à ma connaissance), un éditeur intéressant, etc. Attirant, donc.

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    1. C'est vrai qu'il semble être passé sous les radars ce roman.

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  2. Bon, à voir.. j'étais très attirée par ce titre, qui a l'air singulier, comme tu le soulignes, et puis l'ayant feuilleté en librairie, j'ai crains que l'exercice de style ne supplante le reste. Visiblement, ce n'est pas le cas.

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    1. Non, ce n'est heureusement pas qu'un exercice de style.

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  3. Intrigant... mais je ne m'y risquerai qu'en bibliothèque, tant la forme semble particulière.

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    1. Le découvrir en bibliothèque peut être une bonne option en effet.

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  4. Ouf, l'autrice ne se regarde pas écrire. Et puis un texte exigeant et accessible, cela ne se refuse pas.

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  5. Je l'ai lu en octobre et beaucoup apprécié ! En fait l'autrice a écrit plusieurs recueils de poésie et j'ai vraiment eu l'impression que ce roman était écrit comme de la poésie libre. Très belle histoire en tout cas !

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    1. C'est vrai qu'il a des airs de poésie en prose ce roman.

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